Dans un courrier adressé le 11 mai à tous les soldats, le chef d'état-major des armées françaises François Lecointre a invité les signataires anonymes de la seconde tribune de militaires publiée dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles à quitter l'uniforme afin de défendre librement leurs opinions tout en respectant la neutralité exigée dans l'armée.
«Le plus raisonnable est certainement de quitter l'institution pour pouvoir rendre publiques en toute liberté ses idées et ses convictions», écrit-il dans ce courrier, constatant que «depuis plusieurs semaines..., l'obligation de réserve qui s'impose à tout militaire a été largement transgressée».
Les signataires, «au nom de la défense de convictions personnelles... ont contribué à entraîner l'armée dans des débats politiques au sein desquels elle n'a ni légitimité ni vocation à intervenir», fait-il valoir, invitant la troupe à «faire preuve de bons sens et surtout de lucidité».
«Chaque militaire est libre de penser ce qu'il veut mais il lui appartient de distinguer sans ambigüité ce qui ressort de sa responsabilité de citoyen de ce qui ressort de sa responsabilité de militaire», insiste-t-il, réaffirmant que c'est bien la «neutralité» de l'armée qui lui permet son engagement «sans réserve et sans arrière-pensée».
Plus de 240 000 signatures
Cette seconde tribune a été publiée moins de trois semaines après la publication d'une première tribune de généraux et hauts gradés à le retraite. Cette fois-ci, ceux qui se présentent comme des militaires «récemment entrés dans la carrière» et dont certains ont «connu le feu ennemi» au Mali, en Afghanistan ou en Centrafrique, dénoncent ce qu'ils perçoivent comme «la guerre civile [qui] couve» et souhaitent lancer un appel à «la survie» du pays.
Disponible sous la forme d'une pétition, cette tribune comptait 246 075 signatures le 11 mai à la mi-journée. Ces deux tribunes successives ont provoqué de vives réactions dans la classe politique, n'épargnant aucun parti et poussant la ministre des Armées Florence Parly à intervenir pour rappeler, elle aussi, l'exigence de neutralité du soldat.
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