28/02/2025 ssofidelis.substack.com  18min #270188

 Plus de 600 prisonniers palestiniens libérés dans la nuit, mais dans quel état !

Pour Netanyahu, les otages ne sont jamais qu'un prétexte pour reprendre le génocide

Par  Jonathan Cook, le 26 février 2025

Israël n'a pu conserver le soutien de l'Occident pour son massacre à Gaza pendant 15 mois que grâce à une  campagne intensive et  mensongère.

Il a  inventé et attribué des crimes de guerre particulièrement odieux au Hamas, tels que les  décapitations de bébés et les  viols de masse, pour lesquels aucune preuve n'a jamais été produite. À l'inverse il a  minimisé ses propres crimes de guerre, autrement plus graves, en réponse à l'attaque du Hamas contre Israël.

Les crimes du Hamas d'octobre 2023 s'éloignant peu à peu dans le rétroviseur, et les crimes israéliens étant toujours bien visibles avec la destruction complète de Gaza - constituant un  génocide  "plausible", selon la Cour internationale de justice (CIJ) - les dirigeants israéliens ont désespérément tenté de déplacer l'attention vers un nouveau champ de bataille narratif.

Ils ont besoin d'une nouvelle série de mensonges pour justifier la reprise du massacre. Et comme toujours, les médias occidentaux y contribuent abondamment.

Le Hamas et Israël jouent un jeu de propagande prévisible, utilisant les échanges de prisonniers israéliens et palestiniens lors de la première phase du cessez-le-feu pour se donner une posture morale.

Une fois de plus, Israël a toutes les cartes en main et bénéficie d'un soutien occidental massif, mais encore une fois, il ne gagne pas la guerre des relations publiques.

C'est pourquoi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a encore piqué une de ses crises de colère le week-end dernier,  accusant cette fois le Hamas d'avoir mis en scène la libération d'Israéliens dans ce qu'il a appelé des "cérémonies dégradantes".

Israël et ses soutiens ont été particulièrement  choqués, semble-t-il, par le comportement d'un des captifs libérés samedi, souriant sur l'estrade et embrassant amicalement deux de ses geôliers sur le front.

Alors qu'il assistait à la cérémonie de remise de prisonniers avec le personnel de la Croix-Rouge, il a  passé son bras autour des épaules de l'un de ses ravisseurs, dans un autre instant de sympathie manifeste.

Deux autres Israéliens, qui doivent être libérés au cours de la prochaine étape,  ont été filmés en train de regarder la scène depuis une voiture située à proximité, se réjouissant à la perspective de la liberté et appelant M. Netanyahu à ne pas saboter leur libération.

Faire capoter le cessez-le-feu

Comme on pouvait s'y attendre, les médias occidentaux, dont la BBC, se sont fait l'écho d'Israël en 𝕏 suggérant qu'il s'agissait là de violations bien plus graves que celles commises par Israël, qui a tué plus de 130 Palestiniens depuis le 19 janvier, date du début du cessez-le-feu, au cours de centaines d'attaques contre Gaza.

De même, les médias n'ont accordé qu'une couverture superficielle à la  nouvelle vague de destruction israélienne, cette fois-ci en Cisjordanie occupée. Des milliers de maisons ont été démolies, des communautés entières faisant l'objet d'un nettoyage ethnique.

Les médias occidentaux ont manifestement  omis de signaler que ces crimes de guerre constituent également des violations flagrantes de l'accord de cessez-le-feu.

Aujourd'hui, Netanyahu a exploité les relations apparemment cordiales entre certains des prisonniers israéliens et le Hamas comme prétexte pour faire échouer le cessez-le-feu avant que la deuxième phase ne puisse commencer la semaine prochaine. Israël devrait alors se retirer complètement de la bande de Gaza et y permettre la reconstruction.

Les bus  transportant des centaines d'otages palestiniens qui devaient être libérés samedi ont été contraints de faire demi-tour, les renvoyant dans leurs prisons. Même selon les propres évaluations d'Israël, la grande majorité de ces Palestiniens  n'ont pas été  "impliqués dans les combats".

Nombre d'entre eux, dont des membres du personnel médical, ont été arrêtés dans les rues de Gaza à la suite de l'attaque du Hamas du 7 octobre. Ils ont été détenus sans inculpation, 𝕏 torturés et soumis à des  conditions barbares que les groupes israéliens de défense des droits de l'homme ont comparées à "un enfer".

Slogans génocidaires

On aurait préféré pouvoir croire qu'Israël et ses soutiens se préoccupent réellement d'une prétendue atteinte à la dignité lors des remises d'otages, en vertu du droit humanitaire international. Mais il ne faut pas être dupe - ni stupide.

Avant même de revenir sur l'échange d'otages, Israël a  promis que les Palestiniens seraient soumis à leurs propres formes de traitement dégradant, les affublant de T-shirts ornés de slogans soutenant les actions génocidaires d'Israël contre la population de Gaza.

Les partisans d'Israël n'ont pas  semblé trop préoccupés par le sort des 600 otages palestiniens qui devaient être libérés samedi, que les bus les ont ramenés dans leurs camps de torture en Israël au moment même où ils pouvaient goûter à la liberté.

Quoi qu'il en soit, les otages israéliens n'ont pas été une priorité pour Netanyahu, ils ne sont jamais qu'un prétexte pour reprendre le génocide

Si Israël tenait tant à eux, il n'aurait pas bombardé Gaza pendant 15 mois.

Au contraire, il aurait saisi l'occasion d'un cessez-le-feu et d'un échange de prisonniers non pas le mois dernier - comme il a été  contraint de le faire sous la forte pression du futur président américain Donald Trump - mais en mai dernier, lorsqu'un accord lui a été proposé exactement dans les mêmes conditions.

Si Israël se souciait tant des captifs, il n'aurait pas  utilisé de bombes antibunker d'une tonne fournies par les États-Unis, qui ont non seulement détruit de vastes zones de Gaza sans discernement, mais aussi inondé de gaz toxiques les tunnels dans lesquels de nombreux Israéliens étaient détenus.

Si Israël se souciait tant des captifs, il n'aurait pas mis en place des  "zones de mort"  non déclarées dans toute la bande de Gaza, où les soldats israéliens tirent sur tout ce qui bouge.

Trois Israéliens torse nu brandissant des drapeaux blancs de reddition ont été  abattus par les troupes israéliennes dans des circonstances précisément similaires en décembre 2023.

Selon son bon vouloir

Les prisonniers israéliens ne sont utiles à Netanyahu et à ses apologistes haineux que dans la mesure où ils contribuent à étayer un récit justifiant le génocide.

Acculé par Trump, le Premier ministre israélien a estimé que le retour d'au moins quelques-uns d'entre eux est le prix à payer - pour apaiser le nouveau président américain et une grande partie de son propre public - avant de pouvoir reprendre les massacres d'enfants de Gaza.

Il a  clairement indiqué à plusieurs reprises qu'il n'a pas la moindre intention de s'orienter vers un cessez-le-feu permanent après la première phase, c'est-à-dire les principaux échanges de prisonniers.

Pour Netanyahu, le seul intérêt des prisonniers israéliens est de pouvoir reprendre le génocide.

Le Hamas, quant à lui, a tout intérêt à utiliser la petite fenêtre offerte par la libération des captifs pour suggérer qu'il n'est pas le croque-mitaine des doctrines élaborées par les Israéliens et imposées par les Occidentaux.

Il espère que ses remises d'otages, soigneusement gérées, montreront à quel point il gouverne toujours Gaza, malgré le déchaînement destructeur d'Israël.

Et le Hamas a des raisons de cultiver des relations normales avec les captifs israéliens, améliorant son image auprès de l'opinion publique étrangère, pour rendre plus difficile le retour de Netanyahou au génocide.

Israël, bien sûr, ne peut prétendre à ce type de motivation réciproque. En tant que partie de loin la plus puissante - celle qui, avant même le 7 octobre 2023, retenait toute la population de Gaza en otage par un blocus de 17 ans- il sait que ses revendications ne seront pas dénoncées par les médias occidentaux.

Les prisonniers palestiniens libérés  qui ont témoigné de tortures, d'agressions sexuelles et de viols - confirmés par les observateurs internationaux des droits de l'homme - ont été tout simplement ignorés.

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Le "syndrome de Stockholm"

Bien que la situation soit favorable à Israël, les réalités divergentes sont telles qu'Israël est en train de perdre la guerre médiatique, même si elle n'est pas terminée. C'est pourquoi Netanyahu n'a aucun intérêt à poursuivre les échanges de prisonniers un jour de plus qu'il n'est tenu de le faire.

Les prisonniers libérés par le Hamas n'aident pas sa cause. Ils l'entravent.

Les apologistes du génocide israélien, abondamment  relayés par les médias occidentaux, ont été brièvement soulagés de voir qu'un groupe d'otages israéliens libérés au début du mois semblait presque aussi pâle et émacié que les centaines d'otages palestiniens libérés par Israël.

L'état de ce petit groupe d'Israéliens a suscité l' indignation générale, alors que la santé bien plus dégradée des Palestiniens libérés n'a suscité que l'indifférence la plus totale.

Mais dans la plupart des cas, les Israéliens libérés semblaient en assez bonne santé, d'autant qu'Israël a bloqué l'entrée de vivres et d'eau à Gaza pendant 15 mois, et que la plupart des captifs ont été détenus dans de profonds souterrains pour les protéger des campagnes de bombardement israéliennes qui ont rasé la quasi-totalité de la bande de Gaza.

Ce qui préoccupe encore plus Israël, c'est que les captifs sont apparus pour la plupart détendus face à leurs geôliers.

Sur la défensive, les partisans d'Israël ont rejeté ces scènes comme étant des mises en scène pour les caméras ou ont prétendu que les captifs souffraient clairement du "syndrome de Stockholm".

Même si cette hypothèse est possible, pourquoi aucun prisonnier palestinien n'a manifesté d'affection similaire à l'égard de ses gardiens de prison israéliens ?

Le temps presse

Quelle que soit la façon dont l'opinion publique occidentale évalue les preuves qui s'offrent à elle, Israël n'a guère de raisons de s'en réjouir.

Ces scènes entre le Hamas et les otages sont difficiles à concilier avec le récit dominant sans fondements présenté par Israël - et recyclé par les institutions occidentales - selon lequel le Hamas est un groupe de barbares qui décapite des bébés et commet des viols en masse.

En réduisant le Hamas à l'état de monstres, l'objectif d'Israël était de déshumaniser l'ensemble de la population de Gaza, afin de justifier ses crimes génocidaires.

Pourtant, les scènes où les captifs manifestent un rapport humain avec leurs geôliers du Hamas rendent l'idée plus difficile à défendre.

Si le Hamas n'est peut-être pas aussi diabolique que l'opinion publique occidentale a été amenée à le croire - si le comportement de ses membres est peut-être comparable, voire meilleur, à celui des soldats et des gardiens de prison israéliens -, que faut-il penser de la fiabilité de la couverture médiatique occidentale des 15 mois de génocide qui viennent de s'écouler ?

Et plus encore, que révèle notre propre  barbarie occidentale en voyant nos élus accepter avec tant de désinvolture le meurtre de dizaines de milliers - voire de centaines de milliers - de civils palestiniens à Gaza pour prétendument se venger de l'attaque du Hamas en 2023 ?

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Que penser de la  prétention d'Israël à une haute autorité morale alors que ses dirigeants ont explicitement déclaré leur intention génocidaire à l'égard des enfants de Gaza - nous affirmant que la population entière est impliquée dans l'attaque du Hamas et qu'elle est donc une cible légitime ?

À quelle position éthique Israël peut-il prétendre lorsque, même au cours d'un cessez-le-feu, il viole les termes de l'accord plus de 250 fois, et refuse de cesser réellement les hostilités ?

Quelle attitude éthique Israël adopte-t-il en larguant des tracts au-dessus de Gaza, comme il l'a fait la semaine dernière, réaffirmant ses intentions génocidaires si les Palestiniens ne se soumettent pas au plan de Trump visant à nettoyer ethniquement l'ensemble de la population ?

Le tract, 𝕏 émis par l'"Agence de sécurité israélienne", met en garde :

"Si tous les habitants de Gaza devaient mourir... personne n'aurait de compassion pour vous, personne ne demanderait de vos nouvelles... Le temps presse, la partie est presque finie".

Le texte se termine en exhortant les Palestiniens à collaborer :

"Quiconque souhaite fuir avant qu'il ne soit trop tard, nous sommes là - nous serons là jusqu'à la fin des temps".

Arguments racistes

Israël a cherché à exploiter l'émotion suscitée par la mort à Gaza de la  famille Bibas - une mère israélienne et ses deux jeunes enfants pris en otage le 7 octobre - en se livrant à une désinformation massive.

Après la restitution des corps le week-end dernier, Israël a immédiatement  affirmé que la famille a été tuée par ses ravisseurs - dans leur cas, il ne s'agirait pas du Hamas mais d'un gang criminel, connu sous le nom de "Seigneurs du désert", qui aurait capturé la famille après avoir également réussi à sortir de Gaza en octobre 2023.

Supposons un instant que la  version israélienne de l'assassinat de la famille "de sang-froid" soit conforme aux faits.

S'il est plus logique que les Israéliens se soucient davantage de ces trois morts que du massacre et des mutilations par l'armée israélienne de dizaines de milliers d'enfants palestiniens à Gaza, pourquoi les hommes politiques et médias occidentaux  adoptent-ils le même raisonnement raciste ?

Pourquoi la  mort de trois innocents israéliens compte-t-elle que la mort de dizaines de milliers d'innocents palestiniens ?

Mais en fait, nous avons de très bonnes raisons de croire qu'Israël ment une fois de plus, et qu'il s'agit simplement de réchauffer la fiction des "bébés décapités" qui avait à l'origine suscité un élan génocidaire.

La famille Bibas a été déclarée tuée par un tapis de bombes israélien en novembre 2023, au début du génocide israélien.

Le Hamas  a proposé de restituer leurs corps - ainsi que le père encore vivant - peu après leur mort. De manière parfaitement cynique, comme le souligne l'analyste palestinien Muhammad Shehada, Israël a rejeté l'offre afin de pouvoir

"prétendre qu'ils sont toujours en vie et capitaliser sur le récit des 'monstres' palestiniens retenant un bébé en otage".

Aujourd'hui, la souffrance de la famille Bibas est exploitée par Israël et ses partisans - aidés par les médias - afin de galvaniser le soutien en faveur d'un retour à l'assassinat de sang-froid d'enfants palestiniens.

Il est probable que la famille Bibas, comme des  milliers de familles palestiniennes, a été tuée par des bombes fournies par les États-Unis. Cela expliquerait la confusion initiale des corps des victimes, qui a vu le retour en Israël d'une femme palestinienne plutôt que de Shiri Bibas, la mère, avant que le Hamas ne soit en mesure de corriger l'erreur.

Signe de l'absence de crédibilité des responsables israéliens dans cette affaire, les membres survivants de la famille Bibas  ont interdit aux responsables du gouvernement d'assister aux funérailles mardi.

Une avalanche de plaintes

La complicité des médias occidentaux dans ces manipulations par trop évidentes a été pleinement démontrée une fois de plus.

Une  enquête menée la semaine dernière par Declassified UK a révélé que des collaborateurs de la BBC, de Sky News, d'ITN, du Guardian et du Times ont témoigné du "règne absolu" de la propagande israélienne au sein de leurs rédactions.

Des journalistes mécontents du Guardian ont compilé un tableau listant une "foule d'exemples" montrant que le journal

"relaie la propagande israélienne sans aucune contestation ou vérification... ou accorde de la crédibilité à des déclarations ouvertement fausses de la part de porte-paroles israéliens".

Un journaliste de Sky a déclaré que la chaîne a imposé tout un ensemble de règles non écrites exclusivement applicables à la couverture d'Israël : "C'est une lutte permanente pour faire connaître la vérité". Chaque fois que les Palestiniens sont humanisés ou que les porte-parole israéliens sont passés au crible, la chaîne doit faire face à une "avalanche d'appels téléphoniques et de plaintes".

La menace de priver Sky de l'accès aux responsables israéliens ou d'interdire aux correspondants de la chaîne de se rendre dans la région a eu l'effet escompté, impactant "ce qui se dit ou ne se dit pas à l'antenne".

Le personnel de la BBC a de nouveau évoqué un climat au sein du radiodiffuseur public déshumanisant systématiquement les Palestiniens, à l'opposé du traitement réservé aux Israéliens.

L'un de ses journalistes a souligné que

"le recours au terme 'génocide' est effectivement interdit, et tout collaborateur utilisant ce terme est immédiatement exclu".

C'est dans ce contexte qu'il faut interpréter la  décision de la  BBC, ce week-end, de retirer un documentaire sur Gaza brièvement disponible sur son service de streaming iplayer :  Gaza, qui présente la destruction de Gaza du point de vue d'un enfant, le premier projet de la chaîne publique à humaniser les Palestiniens, 16 mois après qu'Israël a commencé son génocide "plausible". Visionnez le film ici :

La lâcheté des médias

Les groupes pro-israéliens, qui ont rationalisé de manière macabre le massacre des enfants de Gaza tout au long du processus, ont inévitablement protesté. Et la BBC, de manière tout aussi prévisible, ne pouvait que céder à la moindre pression.

La lâcheté des médias de l'establishment a atteint des sommets inégalés.

Les lobbyistes pro-israéliens ont accusé la BBC de soutenir le terrorisme et de se livrer à la désinformation, parce que le narrateur principal du film, Abdullah, 14 ans, est le fils d'un vice-ministre du gouvernement du Hamas.

Ayman al-Yazouri est  qualifié de "chef terroriste" dans une plainte officielle adressée à la BBC et signée par 45 journalistes et responsables de médias juifs.

Ce sont pourtant les objections du lobby qui constituent la véritable désinformation : elles se fondent sur une législation britannique draconienne, influencée par Israël, qui assimile toute relation avec le Hamas, le gouvernement de Gaza, à du terrorisme.

Israël a  capturé et torturé des centaines de membres du personnel médical de Gaza, précisément au motif qu'ils seraient  associés au terrorisme parce que travaillant dans des hôpitaux publics supervisés par le gouvernement du Hamas.

De même, M. al-Yazouri, qui a obtenu un doctorat en biologie environnementale dans une université britannique et a ensuite travaillé au ministère de l'Éducation des Émirats arabes unis, où il a participé à l'élaboration du programme d'études scientifiques, a été recruté, à son retour à Gaza, par les ministères de l'éducation et de l'agriculture, en raison de ses compétences spécialisées et non parce qu'il est membre du Hamas.

Le choix de son fils Abdullah, scolarisé dans l'unique école anglophone de Gaza, n'a été sans doute motivé que pour une raison toute simple : il était l'un des rares enfants de Gaza à pouvoir s'exprimer couramment dans la langue maternelle des téléspectateurs de la BBC.

Quoi qu'il en soit, la narration d'Abdullah est tout à fait banale : elle se contente de présenter des personnages qui se débattent dans la catastrophe humanitaire provoquée par Israël, que le public peut voir de ses propres yeux à l'écran.

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Des pressions extrêmes

Les enfants dont les histoires sont racontées - et qui ont été supprimées - ont été sélectionnés pour des raisons clairement journalistiques : parce qu'ils réalisent des choses fascinantes sous des pressions inouïes, qu'il s'agisse de devenir une superstar sur Tiktok, malgré un blocus alimentaire imposé par Israël, ou de faire du bénévolat dans un hôpital pour transporter les personnes mutilées lors d'attaques israéliennes de l'ambulance au médecin qui les attend.

Le documentaire est par ailleurs entièrement favorable à Israël : le Hamas est maudit par une population qui souffre plus qu'Israël. Ce que la plus haute cour du monde déclare être un génocide à Gaza est décrit simplement comme une "guerre". Et les Israéliens faits prisonniers par le Hamas, soldats compris, sont uniformément qualifiés d'"otages".

Ce que les groupes de pression pro-israéliens redoutent - à l'exception de la séquence finale dans laquelle une équipe d'ambulanciers est attaquée par des hélicoptères Apache israéliens - ce sont les portraits de Palestiniens qui contredisent la propagande israélienne, selon laquelle tous les habitants de Gaza, même les enfants, sont des terroristes qui ont semé la mort et la destruction à leur propre détriment.

Cet argument ne peut trouver d'écho que chez un psychopathe. Et pourtant, nos radiodiffuseurs l'acceptent sans broncher, tout comme le gouvernement du Premier ministre britannique Keir Starmer.

Ne nous méprenons pas : c'est un argument qui justifie le génocide. Les dirigeants et les médias occidentaux se doivent d'enrayer ce processus. Mais ils contribuent au contraire à élaborer un récit propagandiste qui fait de la reprise du génocide une réalité quasiment inévitable.

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