22/02/2020 reseauinternational.net  5min #169344

 Colonies israéliennes, Etat palestinien «démilitarisé»... Donald Trump présente son «plan de paix»

Pour une paix juste au Proche-Orient

Cet article en français, est paru dans le journal suisse « Le Courrier ». Il nous donne l'appréciation argumentée du GIPRI (Geneva International Peace Research Institute) sur « le deal du siècle ». La conclusion n'est pas surprenante. Elle est sans appel :

L'Institut international de recherches pour la paix à Genève (GIPRI) considère que « l'accord du siècle » proposé par le président Donald Trump en guise de règlement de la question palestinienne témoigne davantage de l'arrogance impériale que d'un souci de paix juste et durable »

Dominique Delawarde

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par Gabriel Galice, Alfred de Zayas.

L'Institut international de recherches pour la paix à Genève (GIPRI) considère que « l'accord du siècle » proposé par le président Donald Trump en guise de règlement de la question palestinienne témoigne davantage de l'arrogance impériale que d'un souci de paix juste et durable ».

Le règlement de la question palestinienne passe avant tout par la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies et de l'avis consultatif du 9 juillet 2004 de la Cour internationale de justice relatif à l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé.

Les politiques impérialistes du Royaume-Uni, des Etats-Unis et d'Israël constituent une violation systématique du jus cogens (norme impérative universelle) à l'autodétermination du peuple palestinien, des innombrables résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies remontant à la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948.

Avec l'appui explicite ou le silence complaisant d'une large fraction de la communauté internationale des Etats, les Etats-Unis bafouent les droits des Palestiniens. En effet, l'article 49 de la 4e Convention de Genève de la Croix-Rouge de 1949 interdit spécifiquement le transfert involontaire de la population d'un territoire et interdit également l'implantation de colons dans un territoire occupé. L'annexion d'un territoire occupé est spécifiquement interdite par le droit international coutumier et ne doit être reconnue par aucun État. Les transferts forcés de population comme ceux qui ont eu lieu en Palestine sont également interdits en vertu des articles 7 et 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Mais la procureure Fatou Bensouda va-t-elle un jour ouvrir une enquête sérieuse sur les crimes commis par les autorités israéliennes contre les Palestiniens ? Le problème persistant du droit international est l'absence de mécanismes d'application efficaces. Il existe une culture de l'impunité de la part des puissants.

Cet hybris rappelle le dialogue entre Athéniens et Méliens dans la Guerre du Péloponnèse de Thucydide, dans lequel le général athénien menace de destruction les représentants de la population mélienne. Il s'agit d'un chantage vulgaire, une forme de realpolitik, qui continue de se manifester, bien que de telles intimidations soient interdites par la Charte des Nations Unies, en particulier l'article 2(4). Cette approche « à prendre ou à laisser » n'est certainement pas propice à la paix. Elle témoigne du mépris pour des millions de Palestiniens.

Les Nations Unies continueront d'insister sur la mise en œuvre des résolutions pertinentes et de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice. Le problème est que les pays ostensiblement liés à l'État de droit ont, depuis longtemps, abandonné tout semblant d'engagement envers la justice. La veulerie de l'Union européenne et de ses États membres en fait des collaborateurs conscients et actifs de l'arrogance impériale. Occasionnellement, ils prononcent quelques mots aimables sur les droits des Palestiniens et n'expriment que du bout des lèvres leur droit à l'autodétermination. Mais il n'y a aucune volonté politique en Europe d'exiger qu'Israël s'y conforme. Le secrétaire général de l'ONU Guterres devrait récuser l'ukase conjoint des États-Unis et d'Israël.

Ancien président du GIPRI, Roy Preiswerk exprima la conception que notre institut se fait de la recherche pour la paix, dans sa visée comme dans sa méthode ( voir site de la fondation GIPRI). La paix positive est indissociable de la justice car l'injustice conduit à la guerre. Malgré ses insuffisances, « l'Initiative de Genève », signée le 1er décembre 2003, ouvrait la porte à une paix juste et durable. Semblablement, le travail du GIPRI sur la répartition de l'eau entre Israéliens et Palestiniens, mené avec la géographe israélienne Rotem Ashkenazi et l'hydraulicienne palestinienne Maha Issa, contribuait à un dialogue fructueux (pdf). Le livre De l'eau et de la paix : conflit et coopération israélo-palestiniens résume ces travaux.

La solution ne peut être dictée par Donald Trump, soucieux de sa réélection, elle sera le résultat d'honnêtes négociations et de la volonté d'Israël de restituer les terres et les ressources naturelles, y compris l'eau, volées au peuple palestinien. La paix locale, régionale et internationale ne peut être maintenue que si la justice prévaut.

Gabriel Galice, président du GIPRI.
Alfred de Zayas, ancien expert indépendant de l'ONU pour la promotion d'un ordre international démocratique et équitable, membre du Conseil de fondation du GIPRI.

Photo : Des Palestiniens traversent une barrière controversée près de Tulkarem pour rejoindre Israël. KEYSTONE

source :  lecourrier.ch

envoyé par  Dominique Delawarde

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