Par Pierre Duval
Selon les résultats définitifs officiels publiés lundi par le ministère français de l'Intérieur, l'équipe d' Ensemble! du président français, Emmanuel Macron, a remporté le premier match des élections à l'Assemblée nationale avec seulement 21.442 de votes de plus que l'Alliance des partis de gauche de Jean-Luc Mélenchon, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), recevant ainsi un «carton jaune».
Tout d'abord, le «carton jaune» se montre par un taux d'abstention record de 52,49%. Ensemble ! n'a pas appâté les supporters. L'effet du président dynamique et jeune ne marche plus sur le terrain. A 17h, au premier tour des élections législatives, le taux de participation, pour la France métropolitaine, était de 39,42 %. C'est, comme le ministère de l'Intérieur l'indique, moins qu'au premier tour des élections législatives de 2017 (40,75 %), de 2012 (48,31 %), de 2007 (49,28 %) ou de 2002 avec 50,51 %. La majorité présidentielle n' ayant obtenu que 25,75% des votes (5.857.558 voix) contre 25,66% pour la Nupes (5.836.116 bulletins), le carton jaune se confirme et il est clair que l'alignement des forces après le deuxième match changera considérablement la donne.
Seul le second tour du scrutin décidera si la coalition présidentielle en France peut obtenir la majorité absolue à la chambre basse (Assemblée nationale) et si le président français, Emmanuel Macron, peut librement exécuter son programme. Si, il dispose d'une majorité relative, il aura besoin d'alliés occasionnels de la droite pour gouverner le pays.
Par rapport à la composition de la précédente Assemblée nationale, le Rassemblement National de Marine Le Pen a obtenu 18,68% des voix au premier tour, selon les résultats définitifs, faisant brandir un autre «carton jaune» contre Ensemble! Le Rassemblement national, qui n'a pas eu de groupe à l'Assemblée nationale depuis 1986, année où le RN avait envoyé 35 députés dans l'hémicycle, pourra, à nouveau, former une faction indépendante à l'Assemblée nationale, comptant de 25 à 35 députés. France Info fait savoir que «le Rassemblement national a réalisé «une percée historique lors de ce premier tour des élections législatives du dimanche 12 juin».
L'équipe alliée d'Emmanuel Macron, Les Républicains n'a obtenu que 12,5% des votes. Leur présence à l'Assemblée nationale pourrait être divisée par deux par rapport aux 100 députés actuels. Elle pourrait s'accorder avec le parti mené par le président français, Emmanuel Macron, et pourrait avoir son rôle à jouer en jouant les futurs arbitres du quinquennat sans pour autant empêcher les sorties du «carton jaune».
Selon des estimations préliminaires, après le second tour, le parti au pouvoir du président Emmanuel Macron peut compter sur 222 à 295 sièges sur les 577 sièges de l'Assemblée nationale, tandis que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) peut espérer obtenir entre 150 à 210 députés à l'Assemblée nationale. La majorité absolue nécessite 289 voix.
Cinq députés ont été élus dès le premier tour à l'Assemblée nationale montrant un autre carton jaune: un seul candidat de la majorité présidentielle et quatre candidats de l'Alliance des partis de gauche. Au total, dans 272 circonscriptions, les candidats du bloc pro-présidentiel et de la Nupes s'affronteront au second match. Il y a un concours de trois candidats de différentes forces politiques dans huit circonscriptions.
Les candidats du parti d'Emmanuel Macron ont pris la première place au premier match (tour) dans 417 circonscriptions. Mais, c'est une centaine de circonscriptions de moins qu'en 2017, confirmant le «carton jaune».
Le quotidien communiste l'Humanité, d'ailleurs, souligne, qu' «à l'issue du premier match des élections législatives, l'Alliance des partis de gauche [Nupes] est en mesure de se maintenir dans 385 circonscriptions quand, en 2017, PS, PCF, LFI et écologistes ne pouvaient le faire que dans 146 circonscriptions».
France Info assure la présence du «carton jaune» à l'encontre de l'équipe macroniste en rapportant que le Rassemblement national a réalisé «un tour de force» car il s'est «hissé au second tour des élections législatives 2022 dans 208 circonscriptions, principalement dans le nord-est du pays. C'est près de deux fois plus qu'en 2017. Mieux, le parti de Marine Le Pen, qui n'arrivait en tête que dans une vingtaine de circonscriptions en 2017, a décroché cette fois la première place dans 110 territoires».
La droite perd du terrain dans ce match. Les Républicains, l'UDI et les candidats divers droite ne se sont seulement qualifiés que dans 91 circonscriptions lors du premier tour des élections législatives 2022. C'est beaucoup moins qu'en 2017. Les Républicains seront représentés dans 91 circonscriptions au second tour, contre 300 circonscriptions il y a cinq ans.
Avec les résultats du premier match (tour), la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) est la première force de l'opposition parlementaire. Le chef du bloc de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a annoncé dimanche soir que «le parti présidentiel est battu et défait» et que la Nupes «sera présente dans plus de 500 circonscriptions au second tour». «J'appelle notre peuple à déferler dimanche prochain [dans les urnes]», a-t-il martelé menaçant de brandir le «carton jaune».
«Carton jaune» contre l'Otan. La Nupes veut renationaliser, élargir le droit de réquisition de l'Etat, mettre au pas la finance, réinvestir pleinement l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Au sein de la Nupes, même si le consensus penche sur un «carton jaune» contre l'Otan, des contradictions apparaissent sur cette organisation politique et militaire et sur l'envoi d'armes de guerre.
Ainsi, La France insoumise propose le retrait immédiat de la France du commandement intégré de l'Otan et refuse toute inscription du pays dans une alliance militaire permanente dans la région indo-pacifique et ailleurs, ainsi que toute intervention militaire sans mandat de l'Onu. Elle défend l'idée d'engager la formation d'une nouvelle entente altermondialiste. Le Parti communiste français soutient le retrait de la France du commandement intégré de l'Otan, puis sa dissolution.
Le Parti socialiste, sortant ici un drapeau vert, est favorable au maintien de la France dans l'Otan. Europe Ecologie-Les Verts et le Parti socialiste soutiennent le renforcement de la coopération militaire au niveau de l'UE, la création d'un commandement militaire opérationnel européen, ainsi que l'intensification des livraisons d'armes à l'Ukraine et la mise en place d'un embargo total et immédiat sur les importations russes de pétrole, de charbon, de combustible nucléaire et de gaz. La question, cependant, se pose sur le lien entre l'écologie et l'envoi de plus d'armes.
Olivier Veran, l'ancien ministre des Solidarités et de la Santé et membre de l'actuel gouvernement français en charge des relations parlementaires, a reconnu que les résultats des élections étaient un «avertissement» à la majorité gouvernementale qui doit être entendu. La Première ministre Elisabeth Borne a déclaré que la coalition présidentielle ne pourrait remporter la majorité à l'Assemblée nationale lors du second tour des élections de dimanche prochain que si elles agissaient ensemble pour, justement éviter un «carton jaune».
En France, il n'y a pas de scrutin de liste et les citoyens ne peuvent voter que pour des candidats individuels qui ont une réelle chance d'être élus au Parlement s'ils se présentent pour l'un des principaux partis. Les députés français sont élus pour cinq ans dans des circonscriptions uninominales.
Aux élections de 2022, 6 293 candidats se sont présentés dans 577 circonscriptions. Pour gagner au premier tour, un candidat doit recueillir 50 % des voix plus une voix. Si personne dans la circonscription ne réussit, alors tous les candidats qui recueillent 12,5 % des électeurs inscrits et au moins 25 % des suffrages exprimés au premier tour peuvent se présenter au second tour le dimanche suivant. Une majorité relative des voix est suffisante pour l'emporter au second tour. Le second tour des élections à l'Assemblée nationale française aura lieu le 19 juin mais de nombreux «cartons jaunes» risquent de peser sur le match final des élections législatives.
Pierre Duval
La source originale de cet article est Observateur continental
Copyright © Pierre Duval, Observateur continental, 2022