20/06/2024 reseauinternational.net  26 min #250837

 Une nouvelle campagne électorale démarre en France pour les législatives anticipées

Qu'est ce qu'être français au Xxie siècle ? L'extrême droite aux portes du pouvoir

par Chems Eddine Chitour

«Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne». (général de Gaulle)

«Nous sommes Français, nos ancêtres les Gaulois, un peu Romains, un peu Germains, un peu juifs, un peu Italiens, un peu Espagnols, de plus en plus Portugais, peut-être, qui sait, Polonais et je me demande si déjà, nous ne sommes pas un peu Arabes. Je reconnais que voici une phrase imprudente, c'est celle-là qui sera épinglée». (François Mitterrand. Colloque organisé à la Sorbonne le 18 mai 1987)

«Ce qu'il faut dire aux Algériens, ce n'est pas qu'ils ont besoin de la France, mais que la France a besoin d'eux. C'est qu'ils ne sont pas un fardeau ou que, s'ils le sont pour l'instant, ils seront au contraire la partie dynamique et le sang jeune d'une nation française dans laquelle nous les aurons intégrés J'affirme que, dans la religion musulmane, rien ne s'oppose au point de vue moral à faire du croyant ou du pratiquant musulman un citoyen français complet. Bien au contraire, sur l'essentiel, ses préceptes sont les mêmes que ceux de la religion chrétienne, fondement de la civilisation occidentale. D'autre part, je ne crois pas qu'il existe plus de race algérienne que de race française... Je conclus : offrons aux musulmans d'Algérie l'entrée et l'intégration dans une France dynamique. Au lieu de leur dire, «vous nous coûtez très cher, vous êtes un fardeau», disons-leur : «nous avons besoin de vous, vous êtes la jeunesse de la nation⇒. (Jean-Marie Le Pen... discours à l'Assemblée nationale, en 1958). (1)

Le score du RN des Européennes : Le retour de l'intolérance

Ces trois citations résument le cœur de la droite de l'extrême droite et de la «gauche» de la société française loin d'une conception de l'identité française ouverte sur le monde, s'enrichissant de l'apport d'autres cultures. C'est dans ce coup de tonnerre suspect tant il est vrai qu'à des degrés divers, hypocrisie mise à part, le corps social français travaillé depuis des années dans le sens de l'intolérance a voté avec la dissolution de l'Assemblée nationale, avec la perspective possible d'une cohabitation avec le RN. En effet, La droite extrême récolte 31,5% ! C'était prévisible moins de 24 heures après les manœuvres ont commencé. Si la gauche de tout type essaie de faire front sans illusion. Les calculs montrent que le prochain Premier ministre pourrait être de l'extrême droite. Pour deux raisons d'abord la traitrise du président de LR qui offre ses troupes au RN. Il en est de même de la vice-présidente qui quitte Reconquête un parti créé sur la haine des musulmans et des Algériens, pour rejoindre sa famille du RN. Ainsi comme l'écrit Romain Herreros : «En s'alliant à Marine Le Pen, Le président des républicains a annoncé avoir scellé une alliance avec le Rassemblement naional. Éric Ciotti brise le tabou ultime de la droite. Il n'a cessé de dériver vers l'extrême droite, Laurent Wauquiez, Olivier Marleix, Valérie Pécresse, Jean-François Copé ou Xavier Bertrand n'ont pas réussi à empêcher. «Éric Ciotti n'engage que lui. Il doit quitter la présidence des Républicains», a réagi, Olivier Marleix. La raison du choix de Éric Ciotti est l'espoir d'obtenir un joli ministère en cas de victoire du RN le 7 juillet Le genre de mouvement qui est rarement gratuit en politique. «Je ne voterai jamais Marine Le Pen, le Rassemblement national, est l'adversaire et même l'ennemi de la famille gaulliste», affirmait Éric Ciotti il y a trois ans à peine». (2)

La démission voulue par les ténors de la droite de Éric Ciotti a été refusée par la justice ; Cet acte démolit l'étanchéité LR/RN, chacun essayant d'imiter Eric Ciotti permettant à la droite de consolider l'extrême droite avec la nomination de Bardella au poste de Premier ministre vue comme un séisme par des médias à savoir le retour de «la peste brune» représentée par le Front national ; Qu'en est-il exactement ? Pourquoi le Front national est diabolisé outre mesure ? Avons-nous de l'autre côté de l'échiquier politique affaire à des saints, je veux pointer du doigt la gauche dite «caviar» entre autre ; Nous allons voir que dans cette affaire, si les Français d'espérance musulmane sont dans l'ensemble diabolisés par le Rassemblement national le traitement par la gauche étant insidieux arrive aux mêmes résultats de la ghettoïsation et en définitive c'est un marché de dupes ! Car claironner urbi et orbi les principes universels est une chose, concrétiser la justice sur le terrain c'en est une autre !

Ce que représente la gauche pour l'Algérie

C'est un fait, l'Algérie a toujours succombé aux sirènes d'une gauche mythique de l'égale dignité des peuples. C'est ainsi que dans l'histoire nous avons été ballotés par le Front populaire ensuite par l'offre Blum Violette, en vain. Nous avons connu ensuite et appris comment tricher dans les élections avec le maitre Naegelen qui en a fait une science exacte. Il ne faut pas croire aussi que la gauche communiste est indemne de reproche ; C'est en fait l'humanité qui appelait à la répression lors de l'insurrection de mai 1945. C'est même un ministre de la Défense communiste qui est responsable des bombardements à partir de la mer de la côte. Bref nous arrivons à la glorieuse Révolution de novembre. Les ministres socialistes (SFIO) en la personne de Guy Mollet ont donné le La de la répression. Vint ensuite l'orfèvre en la personne de François Mitterrand pour qui la seule négociation le 4 novembre à Alger : «La seule négociation c'est la guerre»

Dans cet ordre Mitterrand est allé plus loin. Il est responsable de la condamnation à mort d'une bonne partie des 200 suppliciés. Il n'y eut aucune grâce. Nous retrouvons la même gauche avec un Mitterrand président tenaillé par le remord qui découvre sur le tard l'inhumanité de la peine de mort en 1981. Ce remord fut mis en musique par Robert Badinter que l'on dit humaniste et qui fut transparent quand le FLN mobilisait un collectif d'avocats à l'instar pour défendre les Algériens du couloir de la Mort.

Nous retrouvons enfin et sans que cela soit exhaustif le gouvernement Mitterrand toujours partisan du «coup d'État permanent» mettant deux fers au feu au début des années de feu en s'opposant à l'Algérie sous le prétexte que le processus des élections doit aller à son terme. On connait la suite, les islamistes furent reçus et Mitterrand fera tout pour «étouffer» le gouvernement. C'est dire si nous avons des griefs à toute la gauche dont l'avant dernier président ne brille pas par la proximité avec l'Algérie. Il reste qu'avec le président Macron de gauche et en même temps de droite par certaines de ses décisions pour faire barrage au Rassemblement national, nous sommes confiants quand il parle de mémoire du fait qu'il a été l'assistant de Paul Ricoeur le grand spécialiste de la mémoire et mais encore dubitatifs au point de ce qu'il veut entreprendre comme relations pérennes avec l'Algérie.

Lors de ces élections l'ensemble des partis de gauche avait entériné un accord de principe autour de la constitution d'un «nouveau front populaire». «Un programme de rupture». Sont signataires les Écologistes, La France insoumise, les socialistes, les communistes et Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann qui a eu un meilleur score mais a imposé le fait que Hamas est un mouvement terroriste ce qui le décrédibilise. Les chances sont faibles devant le raz de marée de l'extrême droite qui depuis quarante ans a travaillé le corps social français et ce n'est pas un accord de dernière heure qui pourra renverser le score.

Ce que l'on reproche à la droite et à l'extrême droite

L'avantage avec la droite et l'extrême droite, c'est que les choses sont claires. Indépendamment des casse crouteurs à l'affut des moindres possibilités de visibilité sociale comme c'est le cas d'Eric Ciotti, paléo-italien que la France a absorbé, et se permettant d'être plus royaliste que le roi (je veux dire que les Français de souche) en demandant à l'Algérie de reprendre ses émigrés. Naturellement il a sauté dans le train de l'extrême droite pour un éventuel portefeuille ministériel en cas de cohabitation avec le président Macron.

On peut comprendre la position constante de l'extrême droite même s'il est vrai que ce parti qui veut gouverner sait qu'il doit renier un certain nombre de valeurs de référence qui font son fond rocheux. Que les militants sincères du FN/RN aiment leur pays, soient patriotes ou même nationalistes, quoi de plus normal, nous n'arrêtons pas nous aussi de le faire ! Ce n'est pas un péché surtout par les temps qui courent. Quels pays ne le sont pas ? Regardez ce qui se passe en Inde, le parti de Modi assume sa position hypernationaliste et religieuse qui exclut les 100 millions de musulmans indiens ; L'Inde est la plus grande démocratie du monde selon le narratif du magister impérial.

Les Français extrêmes aiment dit-on en priorité les Français de souche qu'ils croient à tort de souche, chacun sait que la France s'est construite sur l'absorption de cohortes d'étrangers espagnols, italiens, polonais et par-dessus tout les colonisés principalement algériens dont les descendants constituent ces émigrés à qui on rappelle chaque fois leur origine même à la cinquième génération. Le fait-on pour Manuel Valls l'Espagnol, Sarkozy le Hongrois, Balladur le Turc, Finkiekraut le Polonais ? Tous émigrés récents et même le sinistre Zemmour venu à la fin des années 50. Et le dernier Bardella tout récemment ? Bref ces allogènes sont compatibles avec le corps social français.

Les Républicains qui eux aussi ne nous portent pas dans leur cœur, le font d'une façon franche. Souvenons-nous au plus fort de la détresse de Saddam Hussein c'est Jean Marie le Pen qui est allé l'encourager à résister ! Quel pays arabe l'a fait ? Que Marine Le Pen blacklistée financièrement en France accepte un prêt d'une banque russe, c'était l'halali ! le ban et l'arrière ban formaté par le sionisme qui a métastasé le corps social en commençant par les élites politiques qui doivent faire allégeance lors du fameux «tribunal dinatoire» chaque février de chaque année pour avoir la bénédiction du CRIF.

Souvenons-nous de Jacques Chirac appelé l'Arabe dernier héritier spirituel de de Gaulle qui a réussi à gagner la confiance des Algériens au point d'abroger la loi de 2005 concernant l'apport positif de la colonisation. C'est lui aussi avec le président Bouteflika qui avaient l'ambition de signer un traité d'amitié, premier pas vers l'apaisement des mémoires dans une considération et une vision communes du futur dans l'égale dignité des deux peuples. On sait comment l'avènement de l'ère Sarkozy a sonné le glas de cette belle utopie et nous propose un ministère de l'Identité nationale qui a ouvert la boite de Pandore du clivage des Français quelles que soient leurs espérances religieuses.

Il n'est donc pas étonnant que des Français musulmans votent pour le RN qui n'arrête pas de dire que les allogènes qui acceptent les lois de la République d'un pays d'essence chrétienne laïcité ou pas, et qui acceptent de s'intégrer n'auraient pas de problème pour vivre ensemble On apprend d'ailleurs qu'une Franco-algérienne diplômée de l'École Polytechnique a été élue députée européenne.

Qui est en fait Français et depuis quand ?

En son temps le général de Gaulle aurait répondu : «Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, avec la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien Pour lui l'identité française est nécessairement une identité française de souche. Quelle différence y-a-t-il entre un Bulgare un Hongrois un Arménien un Espagnol un Italien au regard de l'intégration avec un Algérien ou un Marocain ? La différence réside d'abord dans la non-maitrise par les premiers de la langue et de la culture française. En fait il n'est pas important qu'ils connaissent la «Ballade des Pendus» de François Villon. Par contre leur avantage décisif est l'identité religieuse qui a bien des égards berce d'une façon invisible la société française.

Tout ce beau monde est compatible avec le corps social français «ils sont «comme nous», traduction : ils peuvent être français, Certains Français de fraîche date poussent le ridicule jusqu'à se «croire plus royaliste que le roi». On tient à distance le musulman au point qu'à la 4ème génération on parle encore de l'origine des beurs» (3). En 2007 Nicolas Sarkozy lie l'identité aux «valeurs chrétiennes» de la France et de l'Europe. Dans ses thèmes de campagne en faisant croire que les risques pesant sur l'identité nationale sont directement liés à l'immigration. Nous donnons la parole à l'historien Jean Baubérot qui répond magistralement et avec humour au président Sarkozy :

«Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet. Pour être concret, je vais te raconter l'histoire de France en la reliant à ma propre histoire d'ancien Français, du temps où toi, tu ne l'étais pas encore. Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière-grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin,...Car nous avons été environ 100 000, oui cent mille, musulmans à mourir au combat pour la France. Nous étions déjà tellement «arrivés» en France, que nous y sommes morts ! Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée «métropole». Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. À Paris, précisément. Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr. Elle avait décidé, en 1905, de «garantir le libre exercice du culte». «Garantir», c'est plus que respecter. C'est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement. (...) De plus, et je vais t'étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets. Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré : «Quand s'érigera le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l'Ile de France qu'une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses». (4)

Intervenant en 2009 à propos du débat sur l'identité française Jean-François Bayart directeur de recherche au CNRS déclare :

«Il est dangereux de voir le pouvoir politique s'emparer ex cathedra de la définition de l'appartenance, de l'identité nationale, Il n'y a pas d'identité française. La France s'est constituée de cette manière par vagues successives de mouvements humains. Car outre l'immigration, il faut aussi tenir compte dans la définition de la nation française d'un autre mouvement circulatoire : l'exode rural. La classe politique française n'a jamais porté un discours mobilisateur, notamment quant à l'immigration, qui est une opportunité et une ressource de croissance. (...) Il faut revenir à l'esprit de nos grands républicains, du point de vue de la sociologie historique du politique. Il faut savoir donner aux migrants le temps de se fondre dans la société française et de lui apporter leur propre contribution. Le grand risque d'évoquer l'autochtonie, fût-ce pour en appeler à l'intégration, d'essentialiser l'identité française, c'est de dire qu'il y a des allogènes. Le génie de la République française a effectivement été le droit du sol. Il était facile de devenir Français. Si par une série de mesures plus ou moins vexatoires, vous faites comprendre aux étrangers qu'ils le sont et le resteront, c'est extrêmement dangereux». (5)

Qu'est-ce qu'une Nation ?

Qu'en est-il aujourd'hui de l'identité française au XXIe siècle ? Est-elle une construction permanente imposée par l'Histoire et la nécessité de durer dans le temps long. L'identité nationale vient du mot latin identitas, -atis, idem, le même. Elle est nationale, culturelle sociale... C'est le sentiment qu'éprouve une personne à faire partie d'une  nation. Il est une intériorisation de repères  identitaires, des «points communs» de la nation, qui peuvent prendre la forme de  symboles. Cette visibilité est, en général, une construction organisée par l' État afin d'en imprégner les individus pour qu'ils fassent les Nations à travers des référents moraux historiques culturels et même cultuels. Pendant longtemps on disait que la France est la fille ainée de l'Eglise. Renan définissait la Nation comme le désir d'être ensemble «une âme», «un principe spirituel», le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. Renan définit la Nation comme un «plébiscite de tous les jours». Bien avant lui Fustel de Coulanges (1830-1889) déclare en effet : «Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections, de souvenirs et d'espérances. Voilà ce qui fait la patrie. Voilà pourquoi les hommes veulent marcher ensemble, ensemble travailler, ensemble combattre, vivre et mourir les uns pour les autres. La patrie, c'est ce qu'on aime». (6)

Arnaud Montebourg : «Mon grand-père était un arabe, pas un pied noir»

Cette vision de la Nation est illustrée par la position admirable de l'ancien ministre Arnaud Montebourg, homme de gauche qui assume son ascendance algérienne et arabe. Écoutons le : «D'ailleurs moi-même j'ai quelques origines (...) algériennes. C'est un peu mon deuxième pays. Pourquoi ? Parce que mon grand-père (...) était algérien. Un arabe, pas un pied noir, un arabe... Il faut dire les choses. (...) Il a porté en 39-45 l'uniforme français et combattu pour la France, et puis après, pendant la guerre d'Algérie, il était du côté du FLN. (...) C'est-à-dire, il a finalement été l'un de ceux qui (...) s'est battu pour la décolonisation. C'est en tout cas mon Histoire et j'en suis très fier parce que c'est une richesse, une force. Et il y a des millions de Français comme ça. La France n'est pas une nation ethnique, c'est une nation contractuelle. Je ne suis pas de ceux qui acceptent l'idée qu'il y ait une sorte de catho-laïcité, c'est-à-dire une laïcité stigmatisante pour d'autres religions que la religion majoritaire dans notre pays. (...) Aujourd'hui il ne faudrait pas recommencer avec une confrontation entre l'islam et la chrétienté ou le judaïsme». (7)

Les citoyens français musulmans : Des Français entièrement à part

Il est bien connu que les partis politiques à l'approche d'échéances électorales investissent sur le filon du rejet de l'émigration, mot valise qui recoupe en gros les Arabes les musulmans et les noirs même s'ils sont français Voilà des jeunes Français à part entière selon le droit en pleine errance identitaire qui peinent à s'en sortir. Ils vivent dans les banlieues et de temps à autre en réponse à des contrôles fréquents ciblés- délit de faciès- et itératifs, qui finissent mal, du fait que souvent la police se sentant pousser du zèle en faisant du chiffre rentrent en éruption et flambent tout sur leur passage.

Un petit coup d'œil dans le rétroviseur pour nous rendre compte de la façon dont les ancêtres de ces Beurs sont traités chez eux. La France a eu besoin des bras et du sang de ces «bougnoules» leurs ascendants. C'est avec leur sang que les indigènes ont défendu Wissembourg en 1870, Verdun et le Chemin des Dames en 1917 et, plus tard, ils se distinguèrent sur les théâtres du combat pendant la Seconde Guerre mondiale. Monte Cassino fut pris grâce au sacrifice des régiments de Tirailleurs Algériens. Ces mêmes tirailleurs, devinrent des tirailleurs béton, ils construisirent l'essentiel des infrastructures de la période des Trente Glorieuses. Ce sont justement les descendants de ces pionniers - naturellement analphabètes, la colonisation y ayant veillé - qui vont tenter de s'intégrer - en se désintégrant - dans une société qui leur ordonne de se dissoudre et de gommer leurs aspérités religieuses.

Ces jeunes issus de l'immigration même à la cinquième génération continuent d'être confrontés à des pratiques discriminatoires. L'exclusion du marché du travail reste la question la plus douloureuse. Le «plafond de verre», bloque l'ascension sociale des jeunes Beurs, et se fait de plus en plus présent. Pourquoi ne rend-on pas justice à ces Français entièrement à part qui rêvent d'être des Français à part entière - même si les Beurs sont là depuis mille ans, on leur collera toujours le vocable, devenu péjoratif, celui d'être issus de l'immigration. Que l'on ne s'y trompe pas ! Les ennemis des Français d'en bas qui galèrent ne sont pas les mélanodermes et les musulmans qui, les premiers, servent de variables d'ajustement en temps de crise ou à la veille d'élection. C'est justement, la crise générée par un libéralisme sauvage, une mondialisation-laminoir qui ne fait pas de places aux plus faibles qui rend ces derniers victimes du discours de la haine. La République devrait avoir un fort pouvoir d'intégration envers ces Français musulmans qui ne demandent qu'à vivre à l'ombre des lois de la République». (8)

Pourquoi les citoyens français musulmans ne trouvent pas leurs marques dans la société française ? Je ne peux pas m'empêcher de rappeler le cri du cœur de Jean Marie Le Pen tortionnaire devant l'éternel mais qui par sa déclaration en tant que député, a donné son ressenti à savoir c'est la France qui a besoin des Algériens et qu'ils peuvent être la partie dynamique et le sang jeune d'une nation française. Il affirme de plus à juste titre que sur «l'essentiel rien ne s'oppose à faire du croyant algérien un citoyen à part entière. Pourquoi alors la mise à l'écart savamment entretenue ? Trois raisons peuvent contribuer à l'explication : D'abord les expatriés nostalgériques dont le compteur est bloqué sur le bon temps des colonies et à qui il a été inculqué d'une façon massive, le fait que leur malheur est dû aux Algériens. Arabes et plus tard musulmans, quand il fallait à tout prix alimenter le feu de la discorde pour qu'il n'y ait pas d'apaisement.

Le deuxième argument qui va dans le même sens est de faire croire que le décrochage de la France avec une dette abyssale de 3000 milliards de dollars (120% du PIB) est dû aux étrangers arabes algériens musulmans dans le même amalgame qui profiteraient de la dimension sociale de la vie à la française. Il est légitime que la richesse d'un pays sans démagogie profite à ceux qui y contribuent par leur travail par leurs impôts.

Le troisième argument et de loin le plus dangereux est que le corps social français est sionisé cela veut dire que constamment les intellectuels sionistes entretiennent le mythe de l'étranger musulman incomptable dirait Zemmour le laudateur de Bugeaud avec le Corps social français. Il n'est que de lire les logorrhées affichées sur tous les médias par les Bernard Henry Levy, les Finkielkraut, qui a longueur d'émission disent aux Français qu'en se débarrassant des émigrés la France se porterait mieux ! Quand on voit Meyer Habib embrasser Bardella il y a quelque chose qui ne va pas, les deux idéologies sont aux extrêmes l'une de l'autre ! Et pourtant ! C'est dire que le RN a plus à avoir peur du sionisme que de l'Islam. On l'aura compris même si avec des dehors d'une complicité pour bouter hors de France les émigrés et surtout l'Islam, le mouvement sioniste en France est profondément inquiet de l'irruption de l'extrême droite qui deviendrait un parti de gouvernement.

On comprend dans ces conditions ce jeu trouble du communautarisme juif sioniste qui, souvenons-nous lors du score de Jean Marie Le Pen en 2002, Roger Cukierman le président du CRIF eut ses mots révélateurs, au quotidien israélien Haaretz «qu'il espérait que la victoire de Jean-Marie Le Pen servirait à réduire l'antisémitisme musulman et les comportements anti-israéliens car ce succès constituait» un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles». (9)

Le même sionisme qui fait que l'on cherche des poux dans la tête du RN en lui rappelant ses «amitiés» avec Poutine, comme le fait Sylvie Kauffmann mobilisée pour la cause et qui écrit dans le journal Le Monde. Nous lisons : «Qu'on ne s'y trompe pas : s'il venait à gouverner, le RN renouerait sans difficulté avec son ADN diplomatique, celui du nationalisme, de la complaisance avec les autocrates et de la fascination pour la grande Russie. Les résultats des élections européennes ont fait surgir une série d'hypothèses vertigineuses sur l'avenir des relations de l'Europe avec le reste du monde. Certaines doivent être prises au sérieux». (10)

Toujours dans le même ordre dans cette idéologie de la haine envers les musulmans et les «Arabes» nous ne sommes pas étonnés d'apprendre que Serge Klarsfeld chasseur d'anciens nazis, déclare qu'en cas de duel avec la gauche lors du second tour des législatives, il voterait pour le Rassemblement national, qui a «fait sa mue». C'est un parti qui soutient les juifs, qui soutient l'État d'Israël. Les partis d'extrême droite en Europe occidentale et en Europe centrale «ont renié l'antisémitisme et soutiennent les juifs».

Le sociologue Alain Hayon lui répond : «Comment pouvez-vous vous rendre complices d'une extrême droite qui prétend désormais combattre l'antisémitisme alors que ses membres et ses affidés continuent de commettre des actes ou de proclamer leur rejet des Français de confession ou de culture juive ? Comment pouvez-vous cautionner le discours officiel de ce parti, inscrit dans son programme, qui transfère son ADN raciste vers des populations françaises d'origine africaine et/ou de confession et de culture musulmane ? Les ratonnades passées et à venir dont vous serez complices, vous gênent moins que les pogroms que nous avons ensemble combattus ? Comment pouvez-vous invoquer la solidarité avec Israël de cette extrême droite pour justifier votre attitude ? Solidarité toute récente d'ailleurs, qui s'explique par la présence de l'extrême droite dans un gouvernement israélien responsable des massacres contre les populations gazaouis ? (...) Honte à vous monsieur Klarsfeld ! Vous reniez les valeurs d'humanisme, de tolérance, et d'amitiés entre tous les peuples dont nous pensions qu'elles étaient les vôtres». (11)

«Une majorité relative, c'est jouable» : Thomas Picketty célèbre économiste

Devant cette peste brune de l'extrême droite, on se plait à croire à la renaissance d'une certaine gauche qui n'a rien à voir avec les caciques dinosaures qui l'ont amenée à ce degré de compromission avec comme valeur première la réussite personnelle C'est l'espoir fou d'un Front de gauche. David Le Bailly écrit :

«Ce samedi 15 juin, à Paris, l'allégresse dominait dans la grande manifestation contre le Rassemblement national. L'occasion de contempler une incroyable radioscopie de la gauche, comme on n'en avait pas vu depuis longtemps. C'est un brutal renversement de situation, que celui qui se déroule sous nos yeux. Qui, il y a six jours à peine, tandis que le RN semblait promis à une victoire certaine après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale aurait prédit que les forces de gauche, forces morcelées, exsangues, déchirées, minées par les querelles et les haines, réussiraient en si peu de temps à se réunir autour d'une table, à acter le principe d'une union prometteuse, baptisée Nouveau Front populaire - avec tout ce que ce nom charrie de rêves, d'espérances (...) C'est la première fois dans l'Histoire que c'est soit eux soit nous. Il y a des désaccords politiques, on ne va pas faire semblant.

L'économiste Julia Cagé, fut une des premières à avoir lancé un appel à l'union, et de son compagnon, lui aussi célèbre économiste, Thomas Piketty. «Avec le [Nouveau] Front populaire, la gauche a été à la hauteur de cette page de l'Histoire, comme la société civile du reste, et ce qui devait déboucher sur une prise de pouvoir de l'extrême droite peut déboucher sur une alternance imprévue avec la gauche», dit la première, quand le second estime que «le vernis social du RN est en train de sauter à toute vitesse. Gagner une majorité absolue, ce sera difficile, mais une majorité relative, c'est vraiment jouable» «Votez avec votre cœur, pas avec votre peur» «C'était, au fond, une incroyable radioscopie de la gauche que l'on contemplait réunie l'espace d'une après-midi, d'un jour d'espérance, autour de la croyance, qu'ils avaient chacun une page d'histoire à écrire, le destin d'un vieux pays entre leurs mains». (12)

Quel avenir pour les relations de l'Algérie avec une France de l'extrême-droite ?

On prête au président Macron l'intention éventuelle soit de démissionner soit de tout faire pour que l'intermède de la cohabitation soit mal géré par le Rassemblement national qui de ce fait, aura toutes les difficultés du monde dans trois ans au moment de l'élection présidentielle barrant définitivement la route à Marine Le Pen. Cependant selon toute vraisemblance le futur Premier ministre sera du RN à moins du miracle du Front populaire de gauche auquel nous sommes sensibles du fait que la gauche charrie des valeurs universelles « L'extrême droite écrit Ryad Hamadi n'a jamais été aussi proche du pouvoir en France. Dans trois semaines, elle pourrait diriger le gouvernement. Le président français a réagi en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet. Pour faire court, sans être inéluctable, une victoire de ce courant aux prochaines législatives n'est pas impossible. L'éventualité d'une France dirigée par l'extrême-droite, risque de survenir plus tôt que prévu, avec trois ans d'avance. (..) Cependant, sur la question mémorielle et les relations avec l'Algérie, on ne peut pas dire que le RN a changé. (...)» (13)

«La suite des événements pourrait avoir de lourdes répercussions sur les relations entre les deux pays, la délivrance des visas, l'accord de 1968, la proposition de révoquer l'accord franco-algérien de 1968 sur l'immigration, toujours en décembre. Lors de la campagne présidentielle de 2022, Marine le Pen a promis, si elle était élue, de mener à l'égard de l'Algérie une politique «totalement inverse» de celle de ces dernières années, si les lobbies anti-algériens dont les nostalgiques de l'Algérie que feront-ils, ou ne feront-ils pas, une fois au pouvoir ? Si le RN Les Républicains et Reconquête ! se coalisaient. Les trois partis divergent souvent, mais sont d'accord quand il s'agit de l'Algérie. «Les Algériens qui vivent déjà en France et se comportent conformément au droit français, respectent nos us et coutumes et aiment la France, n'ont pas de raison de ne pas rester. Les autres, certes minoritaires, devront partir», avait déclaré Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle de 2022». 13

«La «politique maghrébine» et la question du Sahara occidental. En avril 2022, lors de la conférence où elle a promis une politique «inverse» avec l'Algérie, Marine Le Pen a évoqué «le Maroc qui nous est cher». (...) Si l'Algérie entretient des relations normales avec l'extrême-droite au pouvoir en Italie malgré ses dérapages sur les musulmans, la situation sera différente avec le Rassemblement national aux commandes du gouvernement en France en raison du poids de l'histoire de la colonisation». 13

Conclusion

Nous ne voulons pas choisir la peste (de la droite). Même si nous avons une affinité pour la gauche qui nous a toujours déçus. Il faut espérer que le Front de gauche sera une rupture avec les pratiques de compromission d'une gauche caviar qui n'a plus rien à donner. S'agissant de nos rapports en cas de cohabitation en France, la réal-politik devrait prévoir sans état d'âme. Pas de sentimentalisme trompeur ! Nous aurons à nous battre pied à pied. S'agissant du dossier de la mémoire, il est possible que la France de la Cohabitation l'abandonne ou fasse preuve d'imagination. Souvenons-nous c'est la droite chiraquienne qui a proposé la rédaction d'un Traité.

Des épreuves difficiles nous attendent. Nous devons être fermes sur les principes qui tirent leurs légitimés de nos souffrances. Cependant rien n'interdit de développer des relations avec une France de droite et bien connaitre nos atouts. Nous n'avons pas besoin d'amis, mais la France est en face de nous nous ne pouvons pas hypothéquer l'avenir. Et il n'est pas interdit d'envisager des relations apaisées sans sentimentalisme mais dans l'égale dignité des deux peuples par-delà des gouvernements éphémères.

 Professeur Chems Eddine Chitour

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