par Régis de Castelnau.
La diffusion du documentaire « Hold-up » provoque une polémique géante, dans un climat de cacophonie impressionnante, de pulsions liberticides plus qu'inquiétantes, et de désolantes courses à la respectabilité bourgeoise.
Il se trouve que les réalisateurs m'ont sollicité et que j'ai été amené à répondre à leurs questions. Sur le fond je n'ai fait que répéter ce que je dis déjà depuis un moment sur les différentes tribunes qui me sont offertes. C'est-à-dire que la gestion de la pandémie par l'actuel pouvoir politique s'effectue dans un cadre juridique dévoyé.
Je ne me suis pas prononcé sur la pertinence des mesures passablement violentes qui sont imposées à un peuple entier. J'estime n'en avoir pas les compétences, même si j'essaie de me forger une conviction en écoutant les avis de ceux qui ont a priori une certaine légitimité et dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont du mal à se mettre d'accord. J'ai simplement relevé que le modèle contraignant qui nous est imposé l'était la plupart du temps en violation des règles de l'État de droit qui devrait régner dans notre pays. Qu'outre leur caractère régulièrement illégal, elles ont à peu près systématiquement une dimension essentiellement punitive, et ont tendance à traiter le peuple français comme un ramassis d'enfants irresponsables et méprisables.
Je pense comme beaucoup de commentateurs et d'hommes politiques, par exemple Jean-Luc Mélenchon récemment, que la dérive autoritaire du pouvoir politique dans notre pays est très préoccupante. Je ne considère pas qu'il s'agit là de la mise en œuvre d'une stratégie pensée et organisée très en amont, mais pour le pouvoir macroniste, d'un « effet d'aubaine » qui aggrave la pente naturelle d'un système minoritaire utilisateur régulier des atteintes aux libertés publiques. Et je crains qu'il soit difficile ensuite de revenir en arrière, et de les restaurer dans leur plénitude.
Je pense par conséquent, peut-être à tort, qu'il est difficile de prétendre que je manque de cohérence. Et j'attends de pied ferme dans le cadre d'un débat contradictoire normal dans une démocratie, que l'on réfute ce que j'avance.
Cette précision m'est apparue nécessaire dans l'invraisemblable brouhaha qui agite aujourd'hui la sphère médiatique et celle des réseaux. Je précise d'abord qu'il ne s'agit en aucun cas d'une tentative de justification, car j'assume complètement mes propos figurant dans le documentaire. Attaché aux articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l'homme, je confirme aux apprentis censeurs que je continuerai toujours à dire ce que je veux, où je veux et quand je veux.
Mais ensuite cette liberté je la reconnais aux autres et en particulier aux auteurs du documentaire et à ceux qui s'y sont exprimés, même si je suis en désaccord radical avec certains d'entre eux. Et je reprends à mon compte la phrase de ma camarade Rosa Luxembourg mise en exergue par Anne-Sophie Chazaud dans son remarquable ouvrage sur les dangers que court notre liberté d'expression : « La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement ».
Finalement, cette violente polémique a le mérite d'arracher quelques masques (!) et de révéler à nouveau plusieurs types de la comédie humaine. On sera d'abord rapide sur tous ceux qui sous la grêle et sans surprise, font des efforts méritoires pour se démarquer, donner des gages, et montrer au camp du bien que s'ils leur arrivent de temps en temps d'émettre une opinion qui ne soit pas tout à fait conforme à la doxa, on peut quand même compter sur eux.
Se dédouaner, voilà l'urgence. On ne donnera pas de noms, car on savait déjà ce qu'il fallait penser de leur force de caractère. Il y a ensuite les furieux, glapissant et écumant, comme la porte-parole de LREM appelant à la mise hors-la-loi des « complotistes », voire leur embastillement immédiat. Et enfin tous ces conformistes pour qui la seule situation confortable, et souvent rémunératrice, est celle qui consiste à rester durablement installé du côté du manche.
Me concernant, j'ai vu passer quelques accusations sur les réseaux, ce qui pour plusieurs raisons n'a aucune importance. D'abord parce que j'ai l'habitude, puisque j'ai déjà été traité de communiste, marxiste, léniniste, matérialiste, darwiniste, scientiste, souverainiste, tous ces qualificatifs étant fondés. Ensuite la confusion de l'époque aidant, de raciste, fasciste, islamophobe, crapule stalinienne, et autres gracieusetés qui elles sont irrecevables. Mais cette fois-ci, surgit l'injure désormais suprême : « complotiste », la fatwa qui permet à Madame de prétendre que le virus du « complotisme » est plus dangereux que le Covid. Celle que l'on jette à la face de tous ceux qui s'opposent aux pouvoirs en place, s'interrogent sur leurs intentions et sur la nature de leurs actes. Alors que ce sont les insulteurs eux-mêmes qui ont cette vision de l'Histoire, comme le montre la secte des adorateurs d'Emmanuel Macron présentant toute critique de leur gourou, toute interrogation sur les conditions de son arrivée au pouvoir comme une tentative concertée de mettre à bas la République. Et il s'agit bien d'un refus du débat et d'une volonté disqualification de la pensée et de l'opinion des autres perçues comme une construction ennemie et devant être étouffée et éradiquée. Et surtout ne pas être porté à la connaissance d'un peuple que l'on méprise et dont on a peur.
Ce qui se passe aujourd'hui autour du documentaire « Hold-up » est l'illustration du danger que nous courons. Non pas parce que Monique Pinçon-Charlot et quelques autres y disent, ce qui n'est pas nouveau, des énormités bien senties, mais seulement par refus de les discuter et de les réfuter. Les interdire est beaucoup plus simple, surtout qu'au passage, c'est bien la contestation sociale et politique que l'on entend faire taire.
Qui peut croire une seconde que Laetitia Avia avec sa loi scélérate entend lutter contre la haine ? Elle s'en moque. Son seul objectif est de censurer les outils d'information employés par le peuple qui refuse de s'en remettre à une presse aux ordres du pouvoir d'État et de l'oligarchie.
Le tir de barrage contre le documentaire « Hold-up » poursuit d'abord et avant tout cet objectif.
source : vududroit.com