© Attila KISBENEDEK Source: AFP
«J'essaie de représenter les intérêts de l'Europe de manière juste et objective, ce qui est différent de l'attitude adoptée habituellement auparavant.» Au micro de Roger Köppel, rédacteur en chef de l'hebdomadaire zurichois Weltwoche et ancien député de l'Union démocratique du centre (UDC), Viktor Orban est revenu le 2 juillet sur sa visite à Kiev, où il s'est entretenu avec Volodymyr Zelensky.
vk.com«Nous ne pensons pas que ce soit notre guerre. Il s'agit d'une guerre entre l'Ukraine et la Russie. La Hongrie n'a pas intérêt à la poursuite de la guerre, mais à l'établissement de la paix», a déclaré le Premier ministre hongrois, qui depuis le 1er juillet assure la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Une présidence dont le ton s'annonce résolument différent de celle de la Belgique, sous laquelle se sont notamment ouvertes les négociations d'adhésion à l'Ukraine au bloc européen.
«Chaque jour, des centaines de soldats meurent sur la ligne de front»
Sa visite à Kiev visait avant tout à évoquer «la possibilité de parvenir à la paix», avait indiqué l'attaché presse du Premier ministre hongrois, Bertalan Havasi. «J'ai demandé au président de considérer la possibilité d'un cessez-le-feu rapidement», qui serait «limité dans le temps et permettrait d'accélérer les négociations de paix», avait alors déclaré Viktor Orban.
Une doléance qu'a balayée Volodymyr Zelensky. «J'ai invité la Hongrie et le Premier ministre Orban à se joindre aux efforts déployés» en vue de l'organisation d'un nouveau «sommet pour la paix» par l'Ukraine, a déclaré le président ukrainien dans son adresse quotidienne.
«La paix est vraiment importante parce que chaque jour, des centaines de soldats meurent sur la ligne de front et nous ne voyons pas comment il y aurait une solution sur le front», a déclaré le Premier ministre hongrois auprès de l'hebdomadaire suisse. «Mon intention n'était pas de convaincre Zelensky ni de lui faire une proposition. Ma mission était de faire comprendre, de clarifier, quelle est sa position et quelles sont ses limites quand on parle de paix», a-t-il poursuivi, soulignant que la mise en œuvre d'un plan «qui serait acceptable pour tout le monde, comme base pour des négociations» prendrait «des mois».
Viktor Orban a également confié au journaliste avoir souligné auprès de Volodymyr Zelensky qu'il devait, en tant que candidat à l'UE, respecter le droit des minorités. Un point de crispation entre les autorités hongroises et ukrainiennes, du fait des 100 000 Magyars qui vivent en Transcarpatie, région frontalière de la Hongrie et qui était hongroise jusqu'à la Première Guerre mondiale. Une minorité frappée par une série de mesures, notamment sur l'enseignement de la langue ukrainienne, adoptée par Kiev dès 2017 après le coup d'État de Maïdan par les nationalistes.
Conflit en Ukraine : Budapest décriée au sein des Vingt-Sept, malgré une absence de veto
Partisan d'un cessez-le-feu en Ukraine, la position de Viktor Orban apparaît singulière au sein des Vingt-Sept. Le chef du gouvernement hongrois se voit d'ailleurs régulièrement pointé du doigt par les capitales occidentales pour sa proximité supposée avec Moscou. La menace de mesures de rétorsion en vue de contraindre la Hongrie, notamment via les aides européennes, a plusieurs fois été brandie.
Budapest a néanmoins toujours voté les sanctions européennes. La Hongrie s'était opposée également à l'ouverture formelle des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE, qui a finalement eu lieu fin juin. Ayant jugé que les conditions d'adhésion n'étaient pas remplies, elle n'a pourtant pas opposé son veto à l'ouverture formelle des négociations.