01/08/2020 wsws.org  5 min #177492

Malgré la pandémie, les grandes fortunes françaises ont triplé depuis 2010

Par Kumaran Ira
1 août 2020

Alors que la pandémie de COVID-19 menace des millions de vies et économie, les plus grandes fortunes profitent de la crise pandémie pour augmenter leur fortunes grâce aux gouvernements qui octroient des milliers de milliards d'euros aux élites financières et patronales. C'est le cas notamment des 500 plus grandes fortunes français.

Le magazine Challenges a récemment publié son classement 500 plus grosses fortunes de France. Selon l'édition 2020 du classement de Challenges, le patrimoine cumulé des 500 familles les plus riches de France explose malgré la crise sanitaire: «Malgré la crise économique provoquée par le confinement, le patrimoine des 500 premières fortunes de France ne s'est pas effondré.»

Selon le magazine, «en 2020, le patrimoine cumulé des 500 fortunes du classement était de 731 milliards d'euros, contre 211 en 2010.» Ceci représente environ 30 pour cent du PIB de la France, contre 10 pour cent en 2010. Par ailleurs, les plus riches ont décuplé leurs fortunes depuis 1996. La France compte 95 milliardaires aujourd'hui, contre 40 il y a dix ans.

L'enrichissement de l'aristocratie financière réfute les arguments du gouvernement, selon lesquels l'État n'a pas assez d'argent pour financer les dépenses sociales et stopper la vague de licenciements prévue par le patronat à cause de la pandémie. L'accumulation de telles fortunes est due à la politique de gouvernements successifs depuis la dissolution stalinienne de l'URSS en 1991 et le krach de 2008. Ils mènent une politique d'austérité pour détruire les acquis sociaux obtenus par les travailleurs à la Libération de l'Occupation nazie au profit des ultra-riches.

Au début de la pandémie les responsables ont refusé d'augmenter les dépenses de santé, voire traité la maladie de «grippette». Ainsi l'État a mis en danger les personnels de santé, qui manquaient de ressources et même de masques. La pandémie en France a causé plus de 30.000 morts et plus de 600.000 à l'échelle mondiale. A présent, les gouvernements en Europe et aux USA déversent des milliers de milliards d'euros en subventions pour les banques et le grand patronat, servant à enrichir une petite aristocratie financière corrompue.

Parmi les milliardaires, Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH, reste la première fortune de France et d'Europe. Pour la première fois, il a franchi la barre des 100 milliards d'euros (+13% par rapport 2019) et est devenu le troisième l'homme le plus riche du monde derrière Jeff Bezos (Amazon) et Bill Gates (Microsoft).

Arnault a augmenté sa fortune de 18 à 100 milliards d'euros entre 2008 et 2020.

La famille Arnault, qui a commencé par diriger une entreprise régionale de bâtiment, a constitué sa fortune en se servant de ses relations politiques et des subventions publiques pour restructurer et attaquer l'industrie du textile. Elle a finalement acquis LVMH dans les années 1980, laissant dans son sillage un cortège d'usines fermées et de communautés dévastées à travers le nord de la France. Cette région est ensuite devenue une base électorale du Front national néo-fasciste.

Derrière l'homme le plus riche de France, on trouve la famille Hermès (secteur luxe) avec 55,5 milliards d'euros (2e place). Suivent ensuite les fortunes de Alain et Gérard Wertheimer, propriétaires du groupe de luxe Chanel (53 milliards d'euros), Françoise Bettencourt-Meyers et sa famille, la propriétaire du groupe l'Oréal (51 milliards d'euros), troisième et quatrième place respectivement. En cinquième position, on trouve François Pinault et sa famille (groupe de luxe Kering, 32 milliards),

En sixième et septième position, on retrouve la grande distribution et l'armement: Gérard Mulliez pour le groupe Auchan (26 milliards) et Laurent, Olivier, Marie-Hélène & Thierry Dassault (Groupe Industriel Marcel Dassault, 23,5 milliards).

Ces milliardaires ont bénéficié de réductions importantes de l'impôt sur la fortune et de subventions de l'État. Le fait que les cinq premières fortunes de France dépendent toutes du luxe souligne à quel point l'aristocratie financière bâtit sa fortune sur les inégalités sociales et néglige la production industrielle.

Ce type de concentration historiquement sans précédent de la richesse au sommet de la société est un phénomène international. Selon The Guardian, «plus des trois quarts des personnes les plus riches du monde ont signalé une augmentation de leur fortune familiale déjà très importante.» Jeff Bezos, la personne la plus riche du monde et le fondateur d'Amazon, a vu sa fortune gonfler de 75 milliards de dollars jusqu'à présent cette année pour atteindre le chiffre record de 189 milliards de dollars.

Même avant l'impact drastique du COVID-19, une grande majorité de la population vivait dans la pauvreté à travers le monde. Dans son rapport publié octobre dernier, l'organisme européen de statistiques Eurostat écrivait qu'«en 2018, 109,2 millions de personnes, soit 21,7 pour cent de la population, dans l'Union européenne (UE) étaient menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale.»

L'INSEE rapportait alors qu'en France 14,7 pour cent de la population vivait sous le seuil de pauvreté, soit 9,3 millions de personnes. En 2019, le nombre d'allocataire du revenu de solidarité active (RSA) a augmenté avec 1,84 million de foyers qui touchaient cette prestation. Un couple touche une présentation de 847€ alors qu'une seule personne perçoit environ 567€.

En octobre 2019, le sociologue Louis Maurin a dit au Parisien: «On est dans une espèce de stagnation, avec une croissance très faible, cela laisse toujours sur le bord de la route une partie de la population déjà affaiblie. Les politiques publiques ne sont pas dirigées vers le plus pauvres. Avec 7 milliards d'euros, on supprime 5 millions de pauvres en France, alors que, concrètement, on fait 30 milliards d'euros de cadeaux fiscaux. La politique d'emploi ne suit pas non plus. Il n'y a pas d'ambition politique de relance de l'emploi, et ce sans procès d'intention.»

A présent, les hautes fortunes se voient financées par des plans de relance de €1.250 milliards d'euros accordés par la Banque centrale européenne aux banques, et de centaines de milliards dans tous les principaux pays européens. Ceci ne fait que souligner le caractère totalement parasitaire de leur richesse. Comme l'aristocratie féodale en 1789, ils vivent en pillant des deniers publics et en exigeant avec une arrogance sans borne que l'État appauvrisse le peuple.

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