27/01/2022 francais.rt.com  4 min #201207

Une ancienne prison secrète de la Cia bientôt en vente en Lituanie ?

© Mindaugas KULBIS Source: AP

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Le bâtiment de la VSD à Antaviliai (Lituanie), le 19 novembre 2009.

27 janv. 2022, 16:04

Le département de la sécurité de l'Etat de Lituanie serait sur le point de mettre en vente un de ses centres d'entraînement. Celui-ci aurait pu servir à la CIA de prison dans laquelle des individus suspectés de terrorisme étaient torturés

Le gouvernement lituanien s'apprêterait à vendre un bâtiment suspecté d'avoir été une prison secrète de la CIA connue sous le nom de «Projet n°2» ou «Site de détention Violet», dans laquelle des détenus suspectés d'actes de terrorismes subissaient des «interrogatoires renforcés».

Situé à Antaviliai, à vingtaine de kilomètres de Vilnius, la capitale lituanienne, le bâtiment de 1 000 mètres carrés présente l'aspect d'une grange en acier et dispose de pièces sans fenêtre et insonorisées, ainsi que d'un générateur électrique et de son propre approvisionnement en eau. Turto Bankas - un fonds qui gère la vente de propriétés publiques - a déclaré le 24 janvier qu'il s'apprêtait à vendre le site aux enchères, pour un prix de départ et à une date encore inconnus, comme l'indique la radio-télévision publique lituanienne  LRT.

Le site était utilisé comme centre de formation par le département de la sécurité de l'Etat de Lituanie (VSD) jusqu'en décembre dernier, date à laquelle il a été cédé à Turto Bankas.

Un site suspecté d'avoir abriter un centre de torture de la CIA

Avant cela, le bâtiment de dix pièces aurait pu servir de centre de détention de la CIA en 2005 et 2006, dans le cadre du programme d'«extradition extraordinaire» (extraordinary rendition). Des individus suspectés de terrorisme en Irak et en Afghanistan y auraient été détenus à l'isolement par l'agence de renseignement américaine, en y étant soumis à une lumière constante et à un bruit de haute intensité, comme le précise  The Guardian.

Un rapport du Sénat américain publié en 2014 sur le programme de torture de la CIA faisait référence au «Site violet» sans préciser le pays dans lequel se trouvait le bâtiment, mais des organisations de défense des droits de l'Homme pensent qu'il s'agit du site d'Antaviliai, selon  LRT.

C'était un bâtiment fortement gardé où l'on pouvait faire ce que l'on voulait

«C'était un bâtiment fortement gardé où l'on pouvait faire ce que l'on voulait. Ce qui s'y passait exactement, nous ne l'avons pas déterminé», a déclaré à  Reuters Arvydas Anusauskas, qui a dirigé une enquête parlementaire lituanienne sur le site en 2010. Selon le  média britannique, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a appris en 2018 que les prisonniers du site étaient rasés à leur arrivée et avaient les yeux bandés ou une cagoule tout en ayant les jambes entravées.

En janvier 2011, l'enquête du Parlement lituanien avait cependant conclu que le site Antaviliai n'était pas utilisé comme une prison, bien que son objectif réel ne puisse être révélé en raison de secrets d'Etat, selon  LRT. Le gouvernement lituanien avait lui aussi nié que le site ait été utilisé par la CIA pour détenir des individus.

Des détenus en lien avec Al-Qaïda

Selon  The Guardian, le rapport du Sénat américain précise que les détenus du mystérieux «Site violet» avaient déjà été soumis à tant d'«interrogatoires renforcés» - un euphémisme désignant des séances de tortures - que bon nombre d'entre eux avaient été «vidés de toute intelligence exploitable».

Parmi la liste des prisonniers figuraient Abou Zubaydah, accusé d'être un membre important d'Al-Qaïda, capturé au Pakistan six mois après le 11 Septembre et détenu sans inculpation depuis lors. Il est apparu qu'il n'était en fait pas membre de l'organisation djihadiste et en 2018, la CEDH a ordonné à la Lituanie de verser à ce Palestinien une indemnité de 130 000 euros. Parmi les autres prisonniers détenus sur le site figurait Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre 2001.

Le site aurait été fermé en 2006 après que la Lituanie a refusé d'admettre un troisième prisonnier, Mustafa al-Hawsawi, à l'hôpital. Les trois hommes sont à l'heure actuelle toujours détenus à  Guantanamo, comme le rapporte le quotidien britannique.

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