Jamal Kanj
Il y a cinq ans, à un arrêt lors d'une tournée de signatures à San Diego pour mon livre, je rencontrai une adorable toute petite-fille nommée Farah.
Le bébé palestinien Ali Saad Dawabsha, âgé de 18 mois, est mort brulé vif dans l'incendie de la maison familiale à Douma en Cisjordanie occupée. Ses parents ont depuis succombé à leurs blessures - Photo : AFP/Jaafar Ashtiyeh
Elle était traitée aux États-Unis pour de graves brûlures qu'elle avait subies à l'âge de deux ans.
Farah était l'une des milliers de personnes civiles qui avaient été soit blessées soit tuées quand Israël a fait pleuvoir des bombes au phosphore blanc sur Gaza l'hiver 2008-2009.
Le phosphore qui a brûlé à travers la chair innocente de Farah était un produit américain et payé par les contribuables américains. Ironiquement, comme l'était le traitement de Farah.
Dimanche dernier, Riham Dawabsha, une mère de deux enfants, est décédées de ses blessures par brûlure.
Le 31 juillet dernier, Riham, son fils de 18 mois, Ali, son frère Ahmad âgé de 4 ans et leur père se blottissaient sur un matelas posé à même le sol dans leur petite chambre.
Dehors, les étoiles étaient éclatantes dans le ciel clair du village de Douma, une chaude nuit d'été en Palestine.
Ahmed se plaignait qu'il faisait chaud. Saad, son papa, âgé de 32 ans, a alors décidé d'ouvrir la fenêtre pour laisser entrer la brise fraîche qui soufflait sur les terres de leur paisible village.
Ali étendit ses petites jambes et fut le premier à tomber endormi, suivi par Ahmad.
Riham embrassa ses bébés, leur souhaitant bonne nuit et les couvrant afin de les protéger des moustiques, avant qu'elle et Saad ne s'endorment à leur tour après une dure journée de travail à la ferme.
Au milieu de cette nuit de vendredi, Riham a été brusquement tirée de son sommeil par les hurlements d'Ali. Sa vision a été aveuglée par le brasier lumineux qui engloutissait le petit corps de son bébé. Elle a sauté par-dessus Ahmed pour atteindre Ali quand un autre cocktail Molotov a atterri entre eux, les faisant immédiatement brûler, elle, Saad et Ahmed.
Ali, le bébé de 18 mois, a été brûlé à mort. Saad a succombé à son tour une semaine plus tard. Riham les a rejoints après plus d'un mois dans le coma. Ahmed, qui a quatre ans, se bat toujours pour sa vie.
Les auteurs du crime ont célébré leur exploit en bombant leur signature et l'étoile de David, sur les murs alentour. La police israélienne a arrêté des extrémistes connus dans une colonie illégale, réservée aux seuls juifs et située à proximité. La plupart ont été plus tard relâchés et personne n'a été inculpé.
Et Israël est pourtant un pays qui se vante de ses services de sécurité prétendument supérieurs aux autres.
Si cela avait été le sort d'une famille juive vivant dans une colonie illégale, sans aucun doute leurs visages auraient été exhibés sur les écrans de télévision et les journaux.
Leurs noms seraient gravés sur nos têtes et on nous appellerait à nous souvenir de l'Holocauste. Mais dans ce cas, j'ose le dire, la grande majorité n'a pas entendu parler de Riham ou de sa famille.
Pendant ce temps, le colon juif israélien subventionné Moshe Orbach a écrit « Le royaume du mal », un manuel d'instructions sur la façon de mettre le feu à des mosquées, des églises et des maisons palestiniennes.
Je me suis toujours interrogé sur la fascination des terroristes juifs par rapport à la crémation de leurs victimes.
L'année dernière, ils ont kidnappé dans les rues de Jérusalem Muhammad Abu Khdeir, un adolescent palestinien de 16 ans, et l'ont emmené vers une forêt à proximité. Les ravisseurs ont forcé Muhammad à avaler essence avant de le faire brûler vif.
Cela n'était pas un évènement marginal.
Depuis juillet de cette année, l'armée israélienne et les colons terroristes ont assassiné plus de 10 Palestiniens, ont ordonné la construction de milliers de logements et maisons exclusivement réservés aux juifs dans les colonies illégales, et marqué 13 000 maisons palestiniennes pour la démolition.
Matan Vilnai, un officiel important du gouvernement israélien a une fois menacé les Palestiniens de Gaza d'une « Shoah », un terme hébreu équivalent à Holocauste.
L'ancien Grand rabbin sépharade d'Israël, Mordechai Eliyahu, a expliqué à ses fidèles que le judaïsme ne prohibait pas « le massacre indiscriminé de civils. »
Le monde ne peut pas continuer à fermer les yeux sur le nettoyage ethnique commis par Israël et sur sa responsabilité directe dans les crimes commis par sa population de colons terroristes.
Alors que les négationnistes sont emprisonnés en Europe, en Israël les partisans juifs de la « nouvelle Shoah » - et ceux qui ont brûlé Ali, Riham, Saad et Ahmed - vont toujours librement.
L'incinération d'êtres humains, que ce soit dans une chambre à gaz, dans une attaque militaire, par l'injection d'essence dans la bouche ou en jetant une bombe incendiaire à travers une fenêtre, ont tous une chose en commun : une haine raciste qui s'exprime en faisant brûler vives ses victimes.
* Jamal Kanj est Palestinien, né dans un camp de réfugiés au Nord-Liban. Il a rejoint l'OLP à l'âge de 11 ans. Vivant aujourd'hui en Californie, il écrit sur de nombreuses questions du monde arabe et il est l'auteur de Children of Catastrophe, Journey from a Palestinian Refugee Camp to America.
Son site web : jamalkanj.com
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13 septembre 2015 - Ma'an News - Vous pouvez consulter cet article à :
maannews.com
Traduction : Info-Palestine.eu