20/11/2015 lesmoutonsenrages.fr  4min #105050

 Cop 21 : l'interdiction des manifestations de rue dans toute la France suscitera-t-elle la désobéissance ?

Marches sur le climat interdites : les Ong entre démoralisation et branle-bas de combat

Cet état d'alerte est décidément une très bonne chose... Initialement de 12 jours, ils ont réussi à prolongée cette durée de 3 mois, bien pratique puisqu'elle devait se terminer juste avant la COP21 annoncée comme incontrôlable, avec des risques d'émeutes par les blacks blocks, un spectacle impensable alors que toutes les caméras de la planète allaient être pointées sur la France.

Des marches étaient organisées, 20 000 participants attendus à minima, et certaines associations prônent déjà la désobéissance civile... Cela s'annonce épique.

Au lendemain de l'annulation des manifestations citoyennes en marge de la COP21, les acteurs de la société civile accusent le coup et tentent de rebondir.

Les ONG n'ont même pas le temps d'avoir la gueule de bois. Au lendemain de  l'annonce par la présidence de la COP21 de  l'interdiction de toutes les marches pour le climat qui auraient dû avoir lieu, à Paris et dans d'autres villes de France, à la veille de l'ouverture des négociations, c'est un mélange de déception et de branle-bas de combat. « On n'a pas le droit de baisser les bras, mais là, ce sont plusieurs mois de boulot avec toutes les associations qui tombent à l'eau. On en était à un niveau d'organisation collective colossal », lâche Mathieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

Mardi matin, moins de quatre jours après les attentats de Paris, les organisations de la société civile étaient réunies chez Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, sous l'égide de qui se tiendra la réunion internationale sur le climat dans dix jours. Si les marches semblent alors déjà très compromises, y est évoqué un « rassemblement statique ». En aparté, les conseillers évoquent l'idée d'un stade où auraient pu se réunir les dizaines de milliers de personnes attendues initialement pour la marche du 29 novembre.

Choix cornéliens

Car pour les autorités françaises, assurer la sécurité de la COP21 elle-même et de tous les événements parallèles, deux semaines après les plus graves attentats qui aient jamais eu lieu sur le sol français, exige de faire des choix cornéliens. Techniquement, il y a d'un côté  le site du Bourget où auront lieu les négociations, et les 22 000 personnes accréditées pour y entrer. De l'autre, 20 000 acteurs de la société civile attendues dans la capitale en divers lieux, et initialement réunis dans une marche inaugurale. « On a un double casse-tête : d'un côté, un lieu confiné qu'il va falloir rendre hermétique par des détecteurs de métaux, par le contrôle des allées et venues, et de l'autre la gestion de flux et de foules, ce qui est bien plus difficile, souligne Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pe?nales et spécialiste de la sécurité intérieure. En France, on a l'habitude de gérer des événements sur la voie publique, même de grande ampleur, comme les Journées mondiales de la jeunesse en 1997 ou la Coupe du monde de foot en 1998, mais deux semaines après ces attentats, avec une menace terroriste qui reste forte, c'est autre chose. »

Alors que l'Assemblée nationale vient de  donner son feu vert à la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois, que le Premier ministre, Manuel Valls, évoque devant les députés  un risque d'attaques chimiques ou bactériologiques, que des centaines de perquisitions ont lieu, la tension reste très forte dans l'Hexagone. Et la crainte d'un nouvel attentat ne risque pas de faiblir avec l'arrivée de  près de 120 chefs d'Etats étrangers, présents au Bourget le lundi 30 novembre, et de dizaines de milliers de représentants de la société civile. « Prendre la COP21 pour cible, ce serait très fort symboliquement et aurait une résonance mondiale : l'impact médiatique et psychologique serait gigantesque, souligne Mathieu Zagrodzki. Mais annuler toutes les manifestations pour réduire ce risque, c'est également réduire la portée symbolique de ce sommet et se déclarer vaincus face à la menace, car manifester fait partie de notre vivre-ensemble : pour les organisateurs, il y a un dilemme et un calcul à faire entre la sécurité et la portée symbolique de leurs choix. »

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