27/11/2015 cadtm.org  6min #105406

 Cop21: déclarons l'état d'urgence climatique!

Le Cadtm International se joint à l'état d'urgence climatique !

par  CADTM international

Alors que les informations divulguées à propos des négociations préliminaires menées tout au long de cette année nous annoncent un nouveau fiasco, le réseau CADTM s'associe à toutes les organisations qui ont décrété l'état d'urgence climatique !

Rappel des faits

Les causes de ce réchauffement climatique et de l'accumulation des gaz à effets de serre (GES) sont bien connues - agriculture intensive ; combustion des énergies fossiles (gaz, pétrole, etc.) ; déforestation ; militarisation des sociétés - et sont le reflet de ce système capitaliste, toujours plus productiviste et extractiviste, imposé par les pays occidentaux à l'ensemble de la planète.

Par ailleurs, depuis l'âge de la première révolution industrielle, 80% des GES proviennent des pays industrialisés. Ce faisant, ils sont donc les débiteurs d'une Dette,970 climatique.

Les conséquences directes de ce réchauffement - montée des températures ; fonte des glaces ; élévation et acidification des océans ; augmentation des précipitations et sécheresses ; incendies et perte de captation carbone pour les forêts ; etc. - se font déjà sentir, et en particulier dans les pays du Sud, régions amenées à être les plus touchées par les effets de ces changements climatiques |2 |. La spécificité de ces changements est qu'ils sont irréversibles, et leurs conséquences sont inconnues.

Alors que l'ONU évalue à plus de 600.000 le nombre de morts causées par des catastrophes climatiques |3 | en l'espace de vingt ans, aucun réel engagement n'a été pris par les pays signataires depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1997 |4 |. Malgré l'état d'urgence, rien n'indique un quelconque revirement durant cette « parodie de négociation » que représente la COP21.

« Multi-solutions » ?

Face à ce constat implacable, quelles « solutions » les gouvernements nous présentent-ils ? Aucune !

Remplacer une énergie fossile (le pétrole) par une autre (le gaz) ; promouvoir les « agro carburants » alors qu'ils soutiennent une agriculture intensive et destructrice génératrice de fortes pollutions, de déforestation, d'accaparements de terres et d'insécurité alimentaire ; recourir aux OGM-Organisme-genetiquement |5 |, à la fois destructeurs de la biodiversité et dépendants des énergies fossiles ; recourir aux gaz de schistes et autres fracturations hydrauliques ; enfouir sous terre les émissions de CO2 à l'aide de technologies expérimentales ; ne pas sortir du nucléaire mais plutôt multiplier les risques et les déchets millénaires ; confier la gestion de l'environnement à la finance, etc |6 |. Tout cela reflète l'état d'esprit de la COP21, camoufler pour mieux protéger les intérêts privés des multinationales au détriment des populations et de la planète.

Chaque année, la COP est financée et sponsorisée par les mêmes multinationales, premières responsables du changement climatique. Cette fois encore, elles seront particulièrement représentées |7 |.

Engie (GDF-Suez) et EDF avec leurs investissements massifs dans le charbon |8 |, Coca-Cola et ses accaparements d'eau |9 |, Renault-Nissan et leurs récents déboires quant aux émissions de CO2 |10 |. La palme revient probablement à BNP Paribas |11 |, qui investit à la fois dans l'extraction minière avec la société Glencore, proche de la société Vale, responsable du « Fukushima brésilien » du 5 novembre dernier |12 |, dans l'extraction gazière par l'intermédiaire de Gazprom ou encore dans l'extraction pétrolière avec Shell qui détruit le delta du Niger (Nigéria) pour ses profits |13 |, et Chevron, récemment couronnée du « prix de la honte » pour la pollution qu'elle a causé en Équateur |14 |.

Les institutions financières internationales (IFIs) telles que la Banque-mondiale,961 sont elles aussi fortement impliquées dans les fausses solutions aux changements climatiques, du fait notamment des projets qu'elles financent, aussi bien dans l'agrobusiness |15 | que dans les énergies fossiles |16 | ou la finance carbone |17 |.

Effaçons la dette, pas la planète !

C'est pourquoi le réseau international du CADTM rejoint les appels à une mobilisation massive des citoyenNEs et des mouvements sociaux, malgré les tentatives de museler ceux-ci, pour bloquer le déroulement mortifère de ces fausses négociations et rappeler à l'ensemble de la population que les réelles solutions existent.

Le CADTM exige :

  • Une reconnaissance de la dette climatique et écologique des pays du Nord envers les pays du Sud ;
  • Le versement - sans condition et sans contrepartie - par les pays les plus industrialisés de contributions de réparations en dédommagement du pillage perpétré depuis des siècles dans les pays de la Périphérie.
  • Que la Banque mondiale, le FMI,786 et les autres IFIs cessent tout financement des projets destructeurs pour l'environnement et participant à la violation des droits humains ;
  • L'instauration immédiate d'une transition à la fois écologique et sociale, au Nord comme au Sud ;
  • L'annulation totale des dettes illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables qui contraignent les pays du Sud à alimenter des politiques extractivistes pour le remboursement de ces dernières.

 cadtm.org