La prochaine étape, nous l'avons dit et le répétons fera place aux rafles nocturnes, aux internements dans des camps/stades comme sous Pinochet, aux interrogatoires « musclés », aux « corvées de bois » si chère aux paras français de la bataille d'Alger (1957), aux disparitions et aux familles à la recherche d'un des leurs dans le dédale bureaucratique (revoir le film « Missing » de l'excellent Costa Gavras, tout y est...).
Entre les régimes totalitaires assumés des Mussolini, Hitler, Staline, Mao and co et une république comme celle de la France, il n'y a pas de différence véritable, tout n'est qu'une question de degré, pourquoi? Parce que l'État est par essence, par nature, totalitaire, ce n'est qu'une question de degré... L'idéologie coloniale toujours présente s'applique aux colonisés que nous sommes, colonisés par l'oligarchie. La seule véritable fracture est là: eux et nous...
La solution n'est pas dans l'État, garde-chiourme du consensus du statu quo oligarchique, donc ?...
- Résistance 71 - « Vous voulez savoir à quoi ressemblera le futur ? Imaginez une botte écrasant un visage... pour toujours ! »
~ George Orwell ~
Une centaine d'organisations dénoncent l'état d'urgence
RT France
17 décembre 2015
url de l'article original:
francais.rt.com
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Des dizaines d'organisations ont signé un appel exigeant l'arrêt de l'état d'urgence. Elles dénoncent des «dérives» quant à cette mesure exceptionnelle mise en place après les attentats du 13 novembre.
«L'état d'urgence doit cesser alors qu'on nous parle de sa prorogation.» Le décor est planté. Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), a dénoncé le maintien de la mesure décidée par le président François Hollande au soir des terribles attentats qui ont frappé la capitale le 13 novembre. C'est lors d'une conférence de presse réalisée jeudi à Paris que la patronne de la LDH a exprimé ses inquiétudes. Et elle est loin d'être la seule engagée dans ce combat.
Des mesures qui «stigmatisent»
«Notre pays doit lutter contre le terrorisme mais sans s'accommoder de mesures disproportionnées, qui stigmatisent toute une partie de la population, divisent et sont contre-productives» a déclaré la militante qui signe cet appel avec le Droit au logement, la Maison des potes, le Réseau Education sans frontières et plusieurs syndicats comme la CGT, l'Unef ou l'UNL.
Ce sont les perquisitions administratives et les assignations à résidence qui soulèvent le plus de questions. Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, dénonce des décisions qui se basent sur la «seule suspicion, sur des infos très peu étayées et non sur des actes illégaux».
Etat d'urgence et assignations à résidence : des cas pas toujours légitimes, dénoncent certains
Un jeune homme témoigne de la violence ressentie lors d'une de ces perquisitions. Les policiers se sont rendus dans son appartement de Méru dans l'Oise, un soir, à 22H30. Il s'appelle Yassine et a 30 ans : «J'ai été saisi par la peur, l'effroi, j'ai eu un coup de pied dans le front, un coup de crosse sur la tempe gauche, j'étais très sonné».
Les organisations de défense des musulmans s'insurgent notamment contre ce qu'ils considèrent comme un acharnement. Yasser Louati, porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), interpelle : «Les citoyens de confession musulmane ont été pris pour cibles par le gouvernement.» Il rappelle que des mosquées ont été perquisitionnées et fermées. Si certaines d'entre elles représentaient bien un risque, plusieurs établissements auraient été visés sans qu'aucune menace ne soient établies. Il cite l'exemple de l'intervention dans une mosquée des Mureaux (Yvelines) lors de laquelle les policiers auraient fouillé le bâtiment accompagnés de chiens. Ce qui n'a pas manqué d'«outrer» les fidèles.
La déchéance de nationalité prise pour cible
Dans le volet de mesure qui accompagnent le prolongement de l'état d'urgence se trouve la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français. Cette mesure, que François Hollande souhaite inscrire dans la constitution, représenterait une première. Mohamed Ben Saïd, qui se fait porte-voix de plusieurs associations issues de l'immigration, la considère comme «très discriminatoire». Selon lui, elle ne réglerait en aucun cas «le problème du terrorisme».
Bernard Cazeneuve réclame que cinq terroristes soient déchus de la nationalité française.
Les organisations pointent aussi du doigt les rassemblements et manifestations interdits, notamment dans le cadre de la COP21, qui s'est achevée le 12 décembre.
Alice, une étudiante de 24 ans, s'est retrouvée dans le lot des 317 personnes interpellées lors d'une manifestation non autorisée place de la République. C'était le 29 novembre. Elle a été placée en garde à vue avant d'être relâchée le lendemain matin : «Je n'avais pas l'impression qu'on était des dangereuses personnes, prêtes à faire du mal».
Depuis l'instauration de l'état d'urgence après les attentats de Paris, 2.700 perquisitions administratives ont été menées et 360 personnes assignées à résidence, selon la chancellerie. Au total, 488 procédures judiciaires ont été engagées, dont une majorité concerne des infractions à la législation sur les armes (187 procédures) et sur les stupéfiants (167 procédures).
Un meeting unitaire contre la mesure s'est déroulé jeudi à 19h à la Bourse du travail à Paris.
source
Petit rappel urgent concernant l'état d'urgence
En réaction à l'horreur des attentats, l'état d'urgence a été décrété par le gouvernement, puis aggravé et prolongé pour une durée de trois mois. Nos organisations ont immédiatement exprimé leurs craintes vis-à-vis de ce régime d'exception ; ces craintes sont aujourd'hui confirmées par l'ampleur des atteintes aux libertés constatées depuis quelques semaines. Nous assistons à un véritable détournement de l'état d'urgence qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d'attentat. Ces abus doivent cesser.
La volonté de se rassembler et de manifester ensemble a prévalu après les attentats commis àCharlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015. Elle prévaut encore. Or, depuis le 13 novembre 2015, les interdictions visant les mobilisations sur la voie publique se multiplient. Manifester n'est plus un droit, et les rares concessions accordées par les préfectures, qui attendent souvent le dernier moment pour informer de leurs intentions, entravent dans les faits son exercice.
Le ministère de l'Intérieur justifie tout cela par son incapacité à sécuriser les parcours alors même qu'il autorise, dans le même temps, les rencontres sportives et des événements tels que les marchés de Noël, qui se tiennent sur la voie publique. L'interdiction des rassemblements et manifestations entraîne la multiplication des arrestations, des gardes à vue, des assignations à résidence, un fichage policier des militants, et, pour quelques-uns, des condamnations. Qui peut croire que cela soulage les autorités ? La censure, ici, s'avère doublement contreproductive...
L'état d'urgence autorise par ailleurs des perquisitions sur ordre des préfectures, de jour comme de nuit, en dehors de tout cadre judiciaire, sur le fondement de fiches possiblement erronées, de dénonciations, d'informations et de soupçons sujets à caution. Plus de deux mille six cents intrusions discrétionnaires sont intervenues à domicile, dans des mosquées, des commerces, interventions souvent violentes, sans qu'aucune mise en examen pour terrorisme n'ait eu lieu. Rien n'indique qu'une telle frénésie va s'arrêter, chacun peut en être victime.
Les assignations à résidence se multiplient sur la base de motifs aussi vagues que la présence sur le lieu d'une manifestation ou le fait de « connaître » tel ou tel individu. Ces graves restrictions sont appliquées, sans distinction, et de manière massive, d'autant que les juridictions administratives ont montré qu'elles s'en accommodent, quitte à ce que les libertés en souffrent. Elles reprennent à leur compte toutes les allégations du ministère de l'Intérieur et, comble de la démission, sont nombreuses à considérer qu'il n'y aurait pas d'urgence à statuer sur l'état d'urgence.
L'état d'urgence et le climat de guerre intérieure alimenté par le gouvernement contribuent au renforcement des amalgames et aux pratiques discriminantes, notamment de la part des forces de police. Ce ne sont pas « les terroristes qui sont terrorisés », ce sont des jeunes et des populations victimes de l'arbitraire en raison de leur origine et/ou de leur religion qui voient leur situation encore davantage fragilisée.
Reprenant à son compte les exigences de l'extrême droite, FN en tête, le gouvernement s'engage honteusement dans une modification de la Constitution visant à étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France.
Ces multiples atteintes portées au contrat démocratique sont une mauvaise réponse aux actes terroristes. Notre pays a été blessé, mais loin d'en apaiser les plaies, l'état d'urgence risque de les exacerber en appauvrissant notre démocratie, en délégitimant notre liberté.
Dans ces circonstances, nous appelons les pouvoirs publics à :
- jouer leur rôle de garants de la défense des droits et des libertés publiques ;
- rétablir, sans délai, le droit plein et entier de manifester ;
- cesser les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires et à agir dans le cadre de procédures judiciaires ;
- mettre en place des garanties effectives de contrôle ;
- lever l'état d'urgence ;
- renoncer à une réforme constitutionnelle préparée dans l'urgence et au contenu inacceptable.