Secret médical: L'état cherche-t-il à renvoyer la responsabilité de futurs attentats sur les médecins ? Croire en Dieu est-il devenu une grave pathologie ?
Le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) vient d'indiquer que désormais les médecins pourront signaler les patients dont ils soupçonnent une « radicalisation ». Une démarche contraire au secret professionel qui s'inscrit dans la paranoïa actuelle et l'appel à la délation sur des soupçons.
Le CNOM a participé à des journées de formation au Ministère de l'Intérieur sur « la prévention de la radicalisation ». Une démarche visant à permettre aux médecins de dénoncer aux autorités (si nécessaire) un patient que l'on jugerait « en voie de radicalisation ».
La note du CNOM débute par un paragraphe sur la distinction entre « fondamentaliste » et « radicaliste », des termes vagues qui en somme ne vont pas faciliter la tâche aux médecins.
« La radicalisation ne doit pas être confondue avec le fondamentalisme religieux : les fondamentalistes sont des pratiquants qui adoptent des postures cultuelles rigoureuses mais ne recourent pas à la violence, alors que les radicaux légitiment ou pratiquent des actes de violence. »
Selon le docteur Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), les appels de médecins confrontés à des patients jugés radicaux ont poussé l'organisation à réagir. Afin de répondre à ces questions, le CNOM propose une note pour les médecins qui pourront voir les différents cas de figure qui se présentent.
« Ces appels téléphoniques de confrères n'ont pas commencé après les récents événements tragiques, cela fait deux ou trois mois que nous en recevons, comme celui de ce médecin qui s'interroge sur un patient qui viendrait désormais en djellaba. Dans ce type de situation, il n'y a rien à signaler. Le changement d'aspect vestimentaire ou d'apparence physique, seul, ne suffit pas à justifier une radicalisation. Il faut plusieurs indicateurs pour cela », insiste le docteur Faroudja.
Un témoignage étonnant qui fait craindre de la délation sur simple soupçon comme cela se fait de plus en plus depuis la mise en place d'un numéro vert par le Ministère de l'Intérieur. De simples médecins pourraient juger et faire la différence entre un « fondamentaliste » et un « radicaliste ». Des termes qui ne veulent rien dire et qui laissent la place à toutes les dérives qu'engendre la délation.