Qu'elle est distrayante à relire, cette tribune parue dans Libération et signée, en septembre 2010, d'un état-major socialiste qui, farouchement attaché aux « valeurs de la nation », criait, dans un bel ensemble : « Non à l'extension des possibilités de déchéance de la nationalité ! »
Et « non », encore, à cette idée tellement sarkoziste - qu'il puisse exister « des "Français de souche" et des "Français de papier", comme le clame le Front National » ! Parmi les signataires, au hasard : François Hollande et Manuel valls... Et aussi Claude Bartolone, Laurent Fabius, Myriam El Khomri, Elisabeth Guigou, Najat Vallaud-Belkacem et bien sûr, Christiane Taubira. Quant à Ségolène Royal, elle dénonçait « une République qui pourrit par le sommet ». Et Pierre Moscovici brandissait le spectre de « l'Occupation », tandis que Jean-Jacques Urvoas, actuel président de la commission de Lois à l'Assemblée Nationale, s'indignait : « En liant nationalité et délinquance, il (Sarkozy) fait ce que personne n'a jamais osé faire dans l'arc républicain. Jusqu'à présent, ce discours était l'apanage de l'extrême droite. »
Et encore, Sarkozy, en 2010, allait moins loin en réservant l'extension de la déchéance aux « Français par acquisition », sans oser penser aux « Français de naissance ». Mais ça, c'était avant. Avant que la France ne soit en guerre contre le terrorisme...
Le Canard Enchaîné N° 4966 du 30 décembre 2015