C'est officiel : le gouvernement israélien a publiquement reconnu que sa police avait eu recours à la torture de deux jeunes colons avant de les inculper pour des assassinats monstrueux, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2015.
Trois des quatre membres de la famille palestinienne Dawabsheh avaient péri dans l'incendie criminel de leur maison, dont un bébé de 18 mois, brûlé vif, et ses deux parents, décédés peu après des suites de leurs blessures. Le seul survivant, un enfant de 4 ans, est toujours hospitalisé en soins intensifs 5 mois après l'attentat.
Le caractère parfaitement assumé de la torture par le gouvernement israélien n'est bien entendu pas une nouveauté : depuis toujours, ces pratiques barbares ont cours dans les geôles du régime, que ce soient celles du Shin Bet (police secrète), du Mossad ou de l'armée. Elles ont même un semblant de légalité, sous le doux euphémisme de « pressions physiques modérées ».
Il était cependant entendu, dans ce pays qui ose se revendiquer de la mémoire des victimes du génocide nazi, que les traitements inhumains devaient être réservés à des êtres pas tout-à-fait humains selon les critères de l'idéologie dominante : les Palestiniens, et plus généralement les Arabes.
Il reste à espérer qu'avec la révélation des sévices infligés à des juifs, une partie de la société israélienne, largement autiste pour le moment quant au sort réservé au peuple palestinien, ouvrira enfin les yeux et les oreilles. Mais il est aussi à craindre que les plus cyniques répliqueront : « Vous voyez bien qu'on n'est pas dans l'apartheid, on torture aussi bien les uns que les autres ».
(Photo du quotidien Haaretz illustrant une scène de théâtre de rue montée par les amis des colons incendiaires ; on y voit un homme aux mains des tortionnaires du Shin Bet ; les dizaines de milliers de Palestiniens connaissant, pour de vrai, la brutalité de l'occupant, jugeront du réalisme de la scène)
Source : l'article du Haaretz affirmant sans ambages et sans être démenti que la torture a effectivement été utilisée contre A., un mineur âgé de 17 ans, et son aîné Benjamin Ben-Ulliel, 21 ans. haaretz.com
CAPJPO-EuroPalestine