Au bout compte, c'est l'armée syrienne - avec ses potes du Hezbollah iranien, les Iraniens et les Russes - qui a chassé les tueurs de l'Isis de Palmyre
La plus grande défaite militaire que l'Isis ait subie depuis plus de deux ans. La reprise de Palmyre, la ville romaine de l'impératrice Zénobie. Et nous gardons le silence. Oui, bonnes gens, ce sont les méchants qui ont gagné, n'est-ce pas? Sinon, nous serions tous en train de fêter l'évènement, non ?
L'arc monumental de Palmyre. Bernard Gagnon
Moins d'une semaine après que les chiens perdus du «Califat islamique» ont détruite les vies de plus de 30 humains innocents à Bruxelles, nous aurions du pourtant - ou non ? - applaudir des deux mains à la défaite militaire la plus écrasante dans l'histoire de l''Isis. Mais non. Lorsque les sinistres exécuteurs en maître ont fui Palmyre ce week-end, messieurs Obama et Cameron ont été aussi silencieux que les fosses dans lesquelles l'Isis a envoyé tant de victimes. Celui qui a honteusement baissé notre pavillon national en l'honneur du coupeur de têtes, le roi d'Arabie (je parle de Dave, bien sûr) n'a pas dit un mot.
Comme mon collègue du Sunday Express, John Gordon, mort depuis longtemps, avait coutume de dire, ça vous en bouche un coin, non? Voilà l'armée syrienne, soutenue, bien sûr, par les Russkofss de Vladimir Poutine, qui vire les clowns de l'Isis de la ville, et nous n'osons pas proférer un seul mot pour dire : beau travail.
Des soldats syriens déminent Palmyre après l'avoir reprise
Lorsque Palmyre était tombée l'an dernier, nous avions prédit la chute de Bachar al-Assad. Nous avons ignoré, gardé le silence sur la grande question que posait l'armée syrienne: pourquoi, si les US-Américains détestaient tant l'Isis, ne bombardaient-ils pas les convois de kamikazes qui ont enfoncé les lignes de front de l'armée syrienne? Pourquoi n'attaquaient-ils pas l'Isis?
"Si les US-Américains voulaient détruire l'Isis, pourquoi ne les bombardaient-ils pas quand ils les voyaient?", m'avait demandé un général de l'armée syrienne après la défaite de ses soldat - son fils avait été tué en défendant Homs. Ses hommes avaient été capturés et décapités dans les ruines romaines. Le responsable syrien des ruines romaines (auxquelles nous tenions tant, vous vous rappelez?) a été lui-même décapité. L'Isis a même posé ses lunettes sur sa tête coupée, pour rigoler. Et nous n'avons rien dit
Poutine a noté cela, et en a parlé, et il a prédit avec précision la reprise de Palmyre. Son aviation a attaqué l'Isis - ce que n'ont pas fait les avions US - pour ouvrir la voie à la reconquête par l'armée syrienne.
Je ne peux que sourire lorsque je lis que le commandement US revendiqué deux frappes aériennes contre l'Isis autour de Palmyre dans les jours qui ont précédé sa reprise par le régime. Cela vous dit tout ce que vous voulez savoir au sujet de la «guerre contre le terrorisme» US. Ils voulaient détruire l'Isis, mais pas trop.
Donc, au bout du compte, c'est l'armée syrienne et ses potes du Hezbollah libanais, les Iraniens et les Russes qui ont chassé de Palmyre les tueurs de l'Isis, et qui pourraient - que les cieux nous préservent d'un tel succès - arracher à l' Isis sa "capitale" syrienne de Raqqa. J'ai déja écrit à plusieurs reprises que l'armée syrienne va décider de l'avenir de la Syrie. S'ils reprennent Raqqa - et Deir el-Zour, où le front Al Nosra a détruit l'église du génocide arménien et éparpillé les ossements des victimes chrétiennes de 1915 dans les rues - Je vous promets que nous serons encore silencieux.
Ne sommes-nous pas censés détruire l'Isis? Oubliez ça... C'est le travail de Poutine. Et d'Assad. Priez pour la paix, braves gens. C'est de cela qu'il s'agit, non ?... Et Genève. C'est où ça, exactement?
La bataille de Palmyre
