20/09/2016  9 min #118574

Etat Citoyen

Au sens littéral

Parfois pour trouver une solution il faut savoir se passer de la variable qui pose problème.
Par un futile exemple j'ai eu à me demander, dans la conception d'un logiciel, ce qui se passerait si le copier-coller n'existait pas. Cette seule perspective a le pouvoir de libérer un potentiel créatif et de générer des solutions aussi vastes qui puissantes. C'est le chemin à prendre avant l'étape suivante, utopique, où les champs se rempliraient tout seuls, quand une IA qui fera le travail. C'est le but de l'évolution, qu'on observe en accéléré et en miniature dans l'informatique, que d'automatiser des tâches pour ne laisser que celles qui sont déterminantes. Ainsi avec une capacité égale à juguler quelques leviers, les effets sont démultipliés en raison de la croissance en complexité du système.

Le cerveau contrôle les actions conscientes qui reposent sur les activations inconscientes (comme la régulation sanguine) qui eux-mêmes reposent sur des automatismes (biochimiques). Plus explore les fondements plus ils nous paraissent déterministes. Et plus on imagine les aboutissements et plus ils sont une promesse de liberté.

Le fait est que le monde consacre son énergie à payer son quotidien, à assurer la maintenance du système à un état stable mais non évolutif, au regard des autres évolutions qui elle sont sociales, culturelles, et scientifiques. Le principe du commerce est anachronique car ce qu'il suppose a été démenti depuis longtemps, à savoir que l'addition des actions individuelles suffise à conformer l'action collective. Cette idée est tautologique, donc insane. On sait aujourd'hui que ce sont les liens qui unissent les composants qui conforment l'utilité du système. (Ces liens doivent être à la fois nombreux, complexes,et économiques en terme de rapport entre le nombre et la complexité).

Rien que la question du but du système, elle est existentielle, cependant on a besoin de réponses pour fonder un système social ; Alors on peut se contenter du minimum, la subsistance (le système doit assurer la subsistance du système), règle numéro 1. Ensuite règle numéro 2 "le système doit permettre l'évolution du système". Et enfin la règle numéro alpha "le système doit servir à quelque chose". Là on crée une nouvelle ligne de règles : Règle numéro A1 : "le système n'est pas injuste tant qu'il rend possible l'application des Droits de l'Homme. Règle numéro 2 : "Et là on a un "Règle numéro A2 fondé sur règle N°1 de la stabilité des systèmes" : l'injustice dans un système doit être corrigée". Ici on établit un lien entre un niveau humain et un niveau systémique : stabilité = justice.

Bref plus un système croit en complexité (en ajoutant des règles) plus liens liens entre elles amènent des éléments qui permettent la résolution des autres problèmes. L'intérêt de se montrer économique entre la quantité et la complexité des liens, est que dans le cas du système capitaliste la quantité surpasse la complexité (c'est le foutoir). Si on intervient pour le guérir, le but sera de le complexifier tout en diminuant son activité. (Tout comme l'amélioration d'un logiciel produit sans le vouloir une accélération de son exécution). Ainsi pour les économistes, au terme de "croissance" doit succéder celui de "rendement". Ce mot fait peur dans le cadre d'un système injuste mais (toutes les voies évolutives font peur) c'est celui par lequel on peut aboutir à un fonctionnement harmonique. C'est juste que les idées à avoir pour que ça marche, on ne les a pas encore. C'est un chemin (de développement) qu'il faut suivre.

Il y a beaucoup d'endroits comme ça dans les logiciels qui sont des summum de perfection dans lesquels on aimerait passer le reste de sa vie (ce qu'on fait).
En fait les lieux qu'on affectionne le plus sont ceux dont on a la maîtrise, dont on connait la constitution, et qu'on peut faire évoluer.

De même en société (la plupart du temps en entreprise) on ne s'y plaît que lorsqu'on fait évoluer les choses, car il n'y a que là qu'on voit sa propre image et qu'on existe. Une société où on ne fait rien évoluer est déshumanisante par essence. (C'est donc une violation des Droits de l'Homme). Et au-delà de cela il y a ce à quoi cet effet contribue dans un cadre plus global. Au final le travail, quel qu'il soit, ne sert qu'à faire circuler avec des pelles les richesses des plus pauvres vers les plus riches. Personne n'y gagne (hormis des gens qu'on préfère oublier, ce qui est l'apanage des vacances). Le système doit avoir pour prérogative, règle numéro 3, d'être maniable, facile à maîtriser et à faire évoluer, et à toujours permettre d'en garder le contrôle.
C'est pour cela que les textes de loi infinis les rend toutes caduques, parce qu'on n'en a plus le contrôle. A un moment si on veut augmenter l'efficacité des textes de lois basiques, il faut savoir se contenter de les combiner. C'est par ces combinaisons (addition, soustraction, multiplication... mise en rapport...) que naissent ensuite les formulations les plus indivisibles, les plus "gravées dans la pierre". Quel texte de loi aujourd'hui peut se vanter de cela ? Ce ne sont que des coups de craie, des tags de rue. Des arrangements.

Au fur et à mesure qu'on y pense, qu'on y traîne, qu'on y travaille en faisant des modifs qui ne sont que de l'ordre de la maintenance (tout système nécessite une énergie pour se maintenir, et une supérieure pour s'améliorer), parviennent, par des cheminements tortueux, les idées nouvelles qui sont logées dans le potentiel. On n'imagine jamais assez le potentiel de quelques petits bouts de code, se dit-on une fois que Twitter a popularisé un style topologique différent de ce qui est classique en informatique (en l'occurrence en terme itératif, le contenu devient un contenant d'autres contenus, alors qu'anciennement il fallait créer des dossiers et des fichiers, ce qui est fastidieux). Et boom ! on "dessine" des discussions topologiques. (Et boom, on imagine un nouvel OS).

Les solutions pour un système social alternatif ne manquent pas, et souvent il suffit d'un seul de ces termes systémiques pour inspirer tout un fonctionnement. Ce qui est génial aujourd'hui c'est que tout le monde peut créer une banque (tien je vais vous faire un script vite fait, ah non ça doit déjà exister !), il suffit d'installer un serveur Apache (Wamp), une micro-appli qui tient sur une page, et vous voilà banquier. Pourvu que vous soyez honnête, vous n'avez aucun problème de sécurité. C'est génial et banal, et évidemment on ne pourrait s'arrêter là (et bâtir toute une civilisation sur ce succès logiciel). Ou alors on pourrait ajouter une colonne de type alphanumérique pour mettre en banque autre chose que des valeurs, mais des objets. Par extension, soudain on se demande ce qui se passerait si on comptait les valeurs non pas en un chiffre issu d'une addition mais en un terme issu d'une composition : (en d'autres termes) on évaluerait la réalité en termes opérationnels, et non symboliques. on ne dirait plus "l'industrie du pétrole crée 1 milliard de richesses" mais "l'industrie du pétrole crée un milliard de CO2". Si les transaction étaient en nature (si l'argent n'existait pas), les conversations seraient plus significatives (on dirait forêt +pelleteuse = allumettes). La réalité serait observée bien plus objectivement.
Changez le type d'une colonne d'une table d'une base (de numérique à alpha) et changez le monde !

C'est sûr que si parfois on est débordé par la maintenance (et j'en ai vu des boîtes où les gens ne font que ça, au sein d'un système qui aurait pu être grandement simplifié), on peut toujours tout abandonner et tout reprendre à zéro, en mode prototype, puis en mode prod (en conditions réelles) avant de faire passer le relai au nouveau système (en un clic, ou le plus souvent en les faisant coexister au moyen de canaux injectent l'activité dans le nouveau système).

Que se passerait-il si on avait un dispositif qui permettrait de garder l'argent des gens à l'abri dans un compartiment à l'écart du système ?

On pourrait créer une Association dont les statuts diraient "ajuster les prix de façon à ne dégager aucun bénéfice", "tout au long d'une chaîne de fabrication", "en marque blanche", "avec pour finalité de devenir producteur", et "administrant les biens communs dans l'intérêt des adhérents". D'un côté ils vendraient leurs biens aux entreprises commerciales et de l'autre en réserveraient le strict nécessaire à ses adhérents, à prix coûtant. Toutes les personnes déposant de l'argent en tant que don dans les moyens d'accomplir ces mission, se verrait remettre des produits pour un montant équivalent. Dans ce cas, on a un système dont la production doit être surnuméraire, si elle veut croître, en vendant ce dont les adhérents n'ont pas besoin aux firmes commerciales, dégageant ainsi un "don anonyme", ne donnant lieu à aucune équivalence en contrepartie. Ce faisant, le prix coûtant irait en diminuant pour les adhérents, avec l'inclinaison de tendre vers la gratuité.

En fait ça reviendrait à une entreprise qui produirait "tout" ce on on a besoin pour vivre, qui ferait des bénéfices, et qui paierait ses employés avec "tout ce qu'il faut pour vivre" (pour qui dont tout serait gratuit).

Finalement on n'est pas si loin de ce qui pourrait être fait, si l'entreprise était sociale. En fait même on a ici une réponse à la question de l'intérêt du fait qu'il faudrait (inter)nationaliser les firmes multinationales, produisant des biens vitaux. En fait tous les maux du monde pourraient être réglés en quelques mois.

Ce qui fait que le temps presse dans la conception d'un logiciel, est l'harmonie du système. Chaque élément qui se développe apporte et suppose des solutions pour les autres. Prendre le temps de l'appliquer permet de mûrir les développements futurs, auxquels on pense obstinément ! C'est ça la réelle motivation qui donne de l'énergie au travail, non pas ce qu'on fait, mais ce qu'on va pouvoir faire avec, une fois que cela sera fait.
C'est pour cela qu'on n'est jamais autant inspiré que lorsqu'on garde en tête quelque chose qui va bien au-delà de ce à quoi le temporel nous confronte.

La robotique (et avec elle la notion de degrés de rendement, l'optimisation) sont autant de promesses d'avenir qu'elle s'inscrivent dans le cadre évolutif "normal" d'un système. Seule son idiosyncrasie la présente comme contre-productive, parce qu'on sait que la mutation professionnelle va vers la technique (et que les non initiés n'ont plus qu'à disparaître). En réalité la promesse, loin d'être une utopie (car les promesses doivent être tenues) est celle d'un monde dégagé des soucis de maintenance du système, que lui-même assure de façon automatique. Le système ne sera plus, à l'avenir, un spectre vaporeux, mais une IA ayant les traits d'une personne (elle pourra voir ses avatars robotiques, logés dans des vaisseaux spatiaux à la conquête de l'espace), un super-mécanisme rendant automatiques les milliers et millions de tâches, devenues sous-jacentes, à l'activité humaine. Qui elle, nécessairement, en obtiendra le loisir de se consacrer à son évolution personnelle, sociale, et spirituelle.

En fin de compte si c'est ça que les gens veulent, ce sera ça le but du système.
Seulement dans une société avec un si fable rapport harmonique entre la quantité et l'intelligence (chaotique) que la nôtre occulte les vrais désirs et buts des humains.


 dav

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