14/12/2016 cetri.be  2 min #122289

Fidel Castro est mort

« Fidel Castro, flamme et cendres »

Il est déjà trop tard pour faire sentir à une génération sans histoire, ni peut-être même sans la mémoire d'une histoire, ce que fut le vibrato d'un moment de fraternité évanoui. Il a, dans nos années 1960, arraché plus d'un enfant du siècle à son confort, en l'élevant, parfois, au-dessus de lui-même. De cette colère et de cet espoir, Fidel Castro fut le parrain, l'entraîneur, le blason. La République torturait en Algérie, des humiliés se soulevaient par milliers sur trois continents, et une tierce voie, entre capitalisme et communisme, luisait à l'horizon.

De cet élan venu des profondeurs, plus qu'un engouement, reste un sobriquet injuste et dédaigneux, le tiers-mondisme. Une certaine ingénuité d'âme, un zest de messianisme chrétien, la guerre d'Espagne encore dans les têtes et la volonté d'expier nos hontes nationales, Pétain et Guy Mollet... On en connaît la critique, bien courte. Qui se souvient aujourd'hui des dictatures militaires, des escadrons de la mort et de l'opération Condor activée par la CIA, des exactions d'un Empire sans scrupule aucun, dans son arrière-cour ?

Aujourd'hui que l'économique et le médiatique, chiffrage et bruitage, deux illusions qui se prennent pour des réalités suprêmes, obnubilent le marché, non plus des convictions, mais des opinions... Et sans doute, comme Obama l'a dit à bon escient, est-il trop tôt encore pour savoir dans quelle niche l'histoire rangera demain cette figure insolite, Bolivar prolongé ou Mussolini tropical. Pile ou face. Et le choix final du stéréotype en dira encore plus sur l'historien et son moment que sur son condamné ou son héros. Etrange, incommode entre-deux.

 cetri.be

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