Sans attendre que les causes de l'empoisonnement au gaz de plus de 80 personnes dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun ne soient déterminées, Libération a choisi pour sa Une de montrer des corps d'enfants. Plusieurs internautes se disent choqués.
L'image choisie par Libération pour son édition du 6 avril ne laisse personne indifférent. Mais le choix d'une photo sensible, voire choquante est-il justifié ?
Oui, selon Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération : «On agit dans l'idée de faire au mieux selon les circonstances. Cette fois, il nous a semblé utile de publier cette photo pour la prise de conscience», a-t-il expliqué à 20 minutes, afin de défendre l'utilisation d'une photo d'enfants tués par des gaz toxiques. La photo, disponible ici (attention, image pouvant choquer), extraite d'une vidéo diffusée par l'agence Associated Press, montre des corps d'enfants entassés sur fond noir. Sans floutage, et avec le titre accusateur : «Les Enfants d'Assad».
Le quotidien dit avoir choisi cette image après de longues discussions et après avoir vérifié son authenticité. « Elle reflète une réalité, une attaque au gaz. Elle témoigne de l'horreur absolue, car ce sont des enfants, c'est le fait qui est choquant, pas l'image», précise Laurent Joffrin.
Mais, sur les réseaux sociaux, les internautes ne sont pas tous du même avis. Nombreux sont ceux qui s'interrogent sur l'opportunité de montrer des victimes, qui plus est des enfants, sans même flouter les visages. Certains se rappellent de l'interdiction faite par le ministère de l'Intérieur de diffuser les photos des victimes du Bataclan.
J'ai toujours détesté qu'on diffuse les photos de la tuerie du BataclanDonc la une de Libé ça ne passe pas non plus, désolé.
Marko A. Ramius ⚓ (MarkoA_Ramius) 6 avril 2017
@libe C'est très indécent que de montrer des cadavres ainsi.
Auriez vous fait de même pour les victimes du Bataclan ?Abd9l DeLaRochelière (abd9l) 6 avril 2017
D'autres dénoncent ce qu'ils considèrent comme une initiative destinée à faire le buzz.
@libe@valtrier J'imagine votre jubilation en comité de rédaction quand vous vous êtes dits "on met cette Une, ça va buzzer". À vomir.Arnaud AGNEL (ArnaudAGNEL) 6 avril 2017
@libe Est-ce vraiment nécessaire ?! Du sensationnalisme à tout prix...c'est écœurant ! Vous n'êtes pas journalistes mais voyeuristes !!!Benouche (Benouche83) 6 avril 2017
@libe Dites @libe, le respect de la dignité humaine vous connaissez ? En tout cas le deux poids de mesures vous maîtrisez ! #Bataclan #SyrieJeune Яéactionnaire (JeuneReac) 6 avril 2017
Certains rappellent que Marine Le Pen a vu son immunité parlementaire européenne levée pour «diffusion d'images violentes» concernant des tweets postés en décembre 2015. Ces derniers montraient des exécutions perpétrées par Daesh au Moyen-Orient.
@libe votre couv est ignoble.
Espérons que vs serez condamnés, vous qui vous êtes félicités du jugement de MLP pour ses photos sur Twitter.Web Grenouille 🐸 (3_14r) 6 avril 2017
@libe Heureusement que ce n'est pas Marine Le Pen qui diffuse un tel tweet, sans quoi vous lui auriez sauté à la gorge. Soyez honnête...Isabelle Muller (BobLetout) 6 avril 2017
D'autres enfin renvoient Libération à sa politique édictée en matière d'images de victimes après l'attentat au camion de la promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016. Le quotidien préconisait d'éviter les «vidéos choquantes» et de ne pas propager de «rumeurs». En d'autres termes, Libération se refusait à jouer sur le pathos et mettait en garde contre les conclusions hâtives.
@libe 🤔 pic.twitter.com/eDVA8vmt5NHarry Cauvert (HarryCauvert) 6 avril 2017
La photo reprise par Libération est par ailleurs la même que Nikki Haley, représentante américaine permanente aux Nations unies, avait brandie devant le Conseil de sécurité afin d'accabler le gouvernement de Bachar el-Assad.
Nikki Haley devant le Conseil de sécurité le 5 avril 2017, photo ©Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Les pays occidentaux ont immédiatement pointé la responsabilité, selon eux, de Damas, évoquant une attaque chimique contre les civils. Face à ces accusations, La Russie estime que les premières accusations contre Assad ont été portées «alors que personne n'avait encore accès à cette zone».
La Défense russe a déclaré par ailleurs être en mesure de produire des preuves irréfutables que l'aviation syrienne avait en réalité visé un entrepôt des «rebelles», dans lequel il s'est avéré qu'ils stockaient des produits chimiques.
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