Aujourd'hui, c'est Donald Trump qui fait la danse du ventre chez les Saoudiens, financiers du terrorisme international...
Par Marie Delarue Ecrivain, musicienne, plasticienne
« Carnage au concert pop », « Terreur à l'Arena », « Meurtre à Manchester »... Les unes des quotidiens britanniques racontent l'horreur : vingt-deux morts à cette heure matinale, et d'autres à venir sans doute parmi la cinquantaine de blessés ramassés lundi soir à la sortie du concert d'Ariana Grande.
Durant toute la nuit, les chaînes et radios ont diffusé l'information en continu. Succès indéniable du terroriste, qui s'est fait exploser : le café, ce matin, avait en Europe un goût de sang.
Toute la journée, les « experts » vont tourner, faire le marathon des stations, raconter partout ce qu'on n'a pas fait, ce qu'il aurait fallu faire, confesser les adolescents en larmes, écouter sangloter les parents, tendre le micro aux passants... chercher des coupables : « Pardon, Monsieur, la sécurité était-elle bien assurée ? Vous a-t-on fait les poches et le sac à main à l'entrée ? Faut-il installer des portiques de détection sur les trottoirs ? » On tendra le micro à Estrosi (c'est fait), à Manuel Valls (c'est fait) pour qu'ils fassent part, eux aussi, de leur expérience. On blablatera sur l'état d'urgence... Et puis ? Et puis, demain, les chicayas des politiques reprendront comme hier sur fond de législatives, en Grande-Bretagne comme en France.
Chaque fois que le terrorisme frappe dans nos pays aimablement policés et polissés, nous sommes affolés : en quoi tout cela nous concerne-t-il ? Qu'a-t-on à faire des guerres entre chiites et sunnites, des Boko Haram et des AQMI, des Daech et des AQPA, bref, de tout cela à quoi l'on ne comprend rien et dont, pour être honnête, on se fout ! Après tout, dit l'homme de la rue, que ces gens-là règlent leurs comptes en famille, mais pas chez nous !
C'est ce qu'ils font. Les musulmans des pays arabes sont les premières victimes des attentats.
Sur le seul mois de janvier 2016, par exemple, l'État islamique a commis plus de 100 attentats-suicides en Irak et en Syrie, et tué près de 300 personnes en un seul attentat à Bagdad début juillet. Cela fait, au mieux, quelques secondes d'info dans un bulletin du matin parce que, une fois de plus, nous estimons que ça ne nous concerne pas.Vraiment ? Pourtant nos soldats sont au Mali, en République centrafricaine, en Afghanistan, en Syrie... Bush a fait exploser l'Irak, BHL et Sarkozy ont transformé la Libye en poudrière... Aujourd'hui, c'est Donald Trump qui fait la danse du ventre chez les Saoudiens, financiers du terrorisme international, et ressuscite pour Israël le Grand Satan - l'Iran, forcément l'Iran -, au risque de pulvériser le Moyen-Orient.
Les islamistes prétendent nous imposer leur religion moyenâgeuse quand nous prétendons leur imposer nos mœurs sous prétexte de « démocratie ». L'argument était peut-être vrai d'une baudruche comme François Hollande mais ne l'est certes pas de la part d'un Donald Trump qui n'avait pas, durant sa campagne, de mots assez durs pour le régime saoudien, mais qui vient aujourd'hui leur lécher les babouches contre un chèque de 380 milliards de dollars.
L'objectif affiché de Donald Trump en matière de politique étrangère étant de « faire des affaires au bénéfice de la trésorerie des États-Unis », il a par le passé déclaré pouvoir soutirer autour de 1.000 milliards de dollars à ce pays. Mais comme le dit Sharmine Narwani, spécialiste du Moyen-Orient, il croit
« pouvoir facilement s'enrichir grâce aux Saoudiens et les utiliser pour poursuivre son objectif d'isoler l'Iran et peut-être même l'attaquer pour tourner la situation à son avantage », mais « il va se retrouver dans une impasse [..]. en essayant de s'en prendre à la République islamique et de s'immiscer dans les affaires du Moyen-Orient ».
Enfin, comble du cynisme, sa fille Ivanka est repartie d'Arabie saoudite avec une promesse de don de 100 millions de dollars pour sa future fondation. Cela alors que Donald Trump n'a cessé, durant sa campagne, de dénoncer « le mélange des genres » de la fondation Clinton, déclarant même :
« L'Arabie saoudite et de nombreux autres pays qui ont donné de grosses sommes d'argent à la fondation Clinton veulent que les femmes soient des esclaves et tuer les homosexuels. Hillary doit rendre tout l'argent provenant de ces pays ! »
C'est ça, le camp du bien ?
Marie Delarue | 24 mai 2017
Source: bvoltaire.fr