Six organisations non-gouvernementales (ONG) se sont unies pour condamner l'utilisation «d'armes non discriminantes» et les frappes aériennes meurtrières menées lors de l'opération de libération de Mossoul des mains de Daesh.
«Les Nations unies ont estimé qu'il restait 200 000 civils dans une zone de deux kilomètres carrés au cœur de la vieille ville, dans l'ouest de Mossoul, zone que les forces irakiennes et de la coalition menée par les Etats-Unis encerclent en préparation d'un assaut», avertit un communiqué conjoint de six grandes ONG (Amnesty International, Human Rights Watch, Airwars, le Centre pour les civils dans les conflits, le Réseau international sur les armes explosives et War Child).
«Toutes les parties prenantes au conflit doivent cesser d'utiliser des armes explosives à longue portée et des armes non discriminantes dans la zone densément peuplée de l'ouest de Mossoul. L'utilisation illicite des civils comme "boucliers humains" par Daesh et la difficulté d'identifier la présence de civils dans les immeubles augmentent le risque de faire des victimes parmi les habitants», poursuit le texte.
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Les forces irakiennes soutenues par la coalition menée par les Etats-Unis sont impliquées dans des combats féroces dans leur quête de libération de Mossoul, deuxième plus grande ville d'Irak, aux mains des djihadistes depuis octobre 2014.
Les combattants de Daesh se terrent dans des positions fortifiées de la partie occidentale de Mossoul où les maisons sont minées et à travers lesquelles seuls les djihadistes peuvent se déplacer. «Des milliers de familles sont piégées par Daesh à Mossoul-Ouest, les combattants empêchent les civils de fuir. Les forces irakiennes et de la coalition doivent reconnaître que l'utilisation d'armes explosives à longue portée dans la vielle ville fait porter aux civils un risque inconsidéré», a déclaré Lama Fakih, directrice adjointe de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.
La coalition a reconnu que 484 civils avaient été tués dans des frappes aériennes depuis le début de l'opération en 2014, mais l'ONG Airways, l'une des signataires de la lettre ouverte, affirme que le bilan est en réalité près de huit fois supérieur, avec au moins 3 817 civils tués. Dans ce contexte, les ONG ont exprimé leur inquiétude quant à l'utilisation des frappes aériennes par les forces irakiennes et de la coalition. «L'utilisation d'armes explosives à longue portée, telles que les bombes de 500 livres [227 kilogrammes] utilisées dans les quartiers civils de Mossoul-Ouest peuvent faire de nombreuses victimes et créer de lourds dommages aux structures civiles. De telles attaques disproportionnées sont interdites par le droit humanitaire international», explique la lettre des ONG.
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Hormis la réduction du nombre de frappes aériennes, les six organisations ont appelé à moins utiliser de mortiers assistés par fusée et de lance-roquettes multi-canons.
Dans ce conflit, ce sont les civils de Mossoul qui souffrent le plus. Selon l'ONU, au moins 231 civils ont été tués par l'Etat islamique alors qu'ils essayaient de fuir la ville, mais l'ordre de grandeur de la catastrophe humanitaire ne pourra être établi plus clairement qu'une fois la ville libérée. Et il semble que la situation presse. «Ceux qui ont réussi à fuir Mossoul ont confié aux organisations humanitaires et des droits de l'homme que les marchés étaient vidés de tout produit alimentaire et que les civils ne mangeaient que du blé et de l'eau de pluie», apprend-on encore dans la lettre.