© Naseem Zeitoon Source: Reuters
L'Arabie saoudite et ses alliés ont annoncé le 3 juillet avoir décidé, à la demande du médiateur koweïtien dans la crise du Golfe, de prolonger de 48 heures l'ultimatum fixé au Qatar pour répondre positivement à leur liste de 13 demandes.
Une liste de demandes avait été soumise le 22 juin au Qatar par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte, exigeant notamment la fermeture de la télévision Al Jazeera et d'une base militaire turque, ainsi que la réduction des relations avec l'Iran. L'émirat devait donner sa réponse dans les dix jours, donc en principe avant la soirée du 2 juillet. Selon l'agence officielle saoudienne Spa, l'ultimatum a été prolongé après l'annonce par le Qatar qu'il devrait remettre sa réponse le 3 juillet à l'émir du Koweït.
Le 2 juillet, les autorités à Doha ont fait savoir que le Qatar allait remettre le 3 juillet sa réponse officielle à cette liste, via une lettre écrite de son émir, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, à l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, qui mène une médiation dans cette crise du Golfe. Cette lettre sera remise par le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.
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«La liste des demandes est faite pour être rejetée», avait déclaré le 1er juillet le chef de la diplomatie qatarie. «L'Etat du Qatar la rejette par principe», avait-il ajouté.
Après cette annonce de Doha, le Koweït a demandé aux adversaires du Qatar de prolonger de 48 heures leur ultimatum, ce que ces derniers ont accepté.
Le président américain Donald Trump, qui s'en est pris par le passé au Qatar, a répété le 2 juillet «l'importance de stopper le financement du terrorisme» lors d'entretiens téléphoniques séparés avec le roi d'Arabie Saoudite, le prince héritier d'Abou Dhabi et l'émir du Qatar, selon un communiqué de la Maison blanche.
Le cavalier seul de Doha
L'Arabie saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis, trois voisins du Qatar dans le Golfe, mais aussi l'Egypte, ont rompu le 5 juin leurs relations diplomatiques avec Doha, accusant l'émirat de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l'Iran, bête noire de Ryad.
Le Qatar rejette ces allégations, contestant la véracité des faits qui lui sont reprochés et mettant en avant le fait que nul n'a le droit de lui dicter sa politique étrangère.
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«Tout le monde est conscient que ces demandes sont destinées à empiéter sur la souveraineté de l'Etat du Qatar», a souligné le 1er juillet le chef de sa diplomatie.
Dans leur bras de fer avec le Qatar, ses adversaires ont placé la barre très haut, le sommant de réintégrer le consensus régional sur des questions aussi sensibles que le soutien aux islamistes ou les rapports avec l'Iran.
Ce petit pays, riche de ses ressources gazières, a toujours fait cavalier seul en politique étrangère, même s'il fait partie du Conseil de coopération du Golfe (CCG). La diplomatie, les médias et le sport sont les mamelles d'un statut que le Qatar s'est efforcé de bâtir et qui est devenu, au fil du temps, insupportable pour ses voisins.
L'ambassadeur des Emirats en Russie, Omar Ghobash, a prévenu le 28 juin que de nouvelles sanctions étaient possibles si Doha n'accédait pas aux demandes de ses voisins. Outre une possible suspension du Qatar du CCG, les quatre pays pourraient demander à leurs partenaires commerciaux de faire un choix : continuer à traiter avec eux ou avec le Qatar, selon l'ambassadeur cité par le quotidien britannique The Guardian.
Exaspérés par le soutien ouvert du Qatar aux islamistes en général (et aux Frères musulmans en particulier) et par le ton irrévérencieux d'Al Jazeera, ses voisins du Golfe avaient fait une première tentative il y a trois ans pour le faire rentrer dans le rang. En 2014, le sommet de Ryad avait vu le jeune émir qatari Tamim ben Hamad Al-Thani promettre entre autres de renvoyer les figures islamistes accueillies dans son pays et d'atténuer la tonalité jugée agressive par ses voisins d'Al Jazeera.
Crise prévisible
Mais hormis le départ annoncé de quelques figures islamistes, rien n'a changé, selon les détracteurs de Doha.
En fait, la crise couvait depuis 2010 «quand le Qatar a basculé dans une diplomatie d'engagement» en faveur des révoltes du Printemps arabe, alors que les pays du Golfe y étaient hostiles, comme le rappelle Nabil Ennasri, directeur de l'Observatoire du Qatar, dans une récente tribune dans le quotidien français Le Monde.
Face à la crise actuelle, Doha fait le dos rond en espérant que les pressions internationales feront fléchir ses adversaires.
«Le Qatar s'engagera dans un dialogue constructif [avec ses adversaires] si leurs allégations sont soutenues par des preuves claires», a dit le 28 juin son ministre des Affaires étrangères.
Mais, outre l'Iran et la Turquie qui le soutiennent, le Qatar s'est heurté à des signaux contradictoires de l'administration américaine, Donald Trump lui demandant de cesser de financer les mouvements extrémistes et le département d'Etat prônant lui le dialogue pour résoudre la crise.
Le Koweït a tenté une médiation, infructueuse jusqu'ici. Plusieurs autres pays, dont les Etats-Unis, la Turquie, la France et la Russie, ont aussi offert leurs services, sans résultat apparent.
Les Emirats arabes unis ont prévenu que l'isolement du Qatar pourrait durer des années si les désaccords persistaient.
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