« Allons enfants de la patrie. Formez vos bataillons"
La France vient de fêter sa fête nationale, le 14 Juillet, en commémoration de la Révolution française de 1789. Les Français ont chanté, ce jour-là avec plus de patriotisme que d'habitude, leur hymne national La Marseillaise, avec une fierté légitime pour leur révolution qui se transforma en une référence et une influence pour bonne partie du monde, au point que 180 ans plus tard, Zhou Enlai, alors Premier ministre de la Chine, interrogé sur la possible influence de la Révolution française a répondu qu' « il était trop tôt pour tirer des conclusions ».
Probablement ce que ne savent pas ces Français, c'est que le Venezuela a déclaré son Acte d'Indépendance le 5 Juillet 1811, mais c'est le 14 Juillet suivant qu'elle a été proclamée solennellement que le drapeau national et a été hissé pour lui rendre les honneurs officiels. Hasard ou, qui sait, un message révolutionnaire du Précurseur de l'indépendance, le général Francisco de Miranda, qui a gravé son nom sur l'Arc de Triomphe comme « l'un des cent héros de la Révolution française », un honneur qu'il avait gagné sur le champ de bataille de Valmy où il a assumait le commandement des Troupes Révolutionnaires du Nord de la France qui repoussèrent une tentative d'invasion de la Prusse.
Statue de Miranda à Valmy et, face à elle, buste de Bolivar
Il est facile d'imaginer que parmi ces Français qui cette année ont entonné La Marseillaise, se trouvaient aussi quelques-uns de leurs journalistes, qui bien sûr doivent connaître leur histoire mieux que nous. Alors, quelque chose est difficile à comprendre : pourquoi ces journalistes mènent-ils actuellement une guerre médiatique sans relâche pour défendre des oligarques et contre le peuple révolutionnaire vénézuélien qui désire élire une Assemblée nationale constituante ?
Ces messieurs journalistes, quand ils entonnent leur hymne national, devraient écouter plus attentivement ce qu'ils chantent. Ils devraient se rappeler que La Marseillaise est en fait un chant révolutionnaire, que plus tard, en 1875, la France a adopté définitivement comme hymne national.
Ils ne devraient pas non plus oublier l'origine de ce chant révolutionnaire.
En mai 1789, la France faisait face à une crise financière catastrophique et convoqua ses États Généraux pour réunir les députés des trois ordres de son système d'alors: le Clergé, la Noblesse et le « Tiers-Etat » qui représentait le peuple. La Noblesse privilégiée cherchait à payer moins d'impôts et le peuple réclamait plus d'égalité et plus de libertés.
Pou s'assurer la majorité, les deux ordres des privilégiés, le Clergé et la Noblesse, prétendaient imposer au « Tiers-Etat » l'égalité des voix, soit une voix pour chaque ordre, alors que les députés du « Tiers-Etat » représentaient 96% de la population.
En juin, par la volonté des députés du « Tiers-Etat », les États Généraux se proclamèrent en Assemblée Nationale Constituante.
La révolution était en marche et le 14 juillet, le peuple s'empare de La Bastille, une prison-forteresse, symbole du despotisme. En août, pour calmer le peuple, quelques nobles libéraux proposèrent à l'Assemblée l'abolition de leurs privilèges et les jours suivants l'Assemblée acheva de rédiger la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, où elle proclamait les idées de liberté, d'égalité et de souveraineté nationale, pour une société nouvelle.
Face à l'effervescence révolutionnaire, la Noblesse tenta de générer alors le mécontentement du peuple par la famine, ordonnant à des brigands de brûler tous les champs de blé de France afin de produire une pénurie de pain.
De plus des nobles émigrés n'hésitèrent pas à aller conspirer dans des pays du nord pour obtenir l'intervention et l'invasion des puissances étrangères comme l'Autriche et la Prusse. Pour rassurer ces pays dans leurs préoccupations stratégiques, ces émigrés avaient présenté les révolutionnaires comme des ignorants et des traîne-savates prêts à fuir au premier coup de canon.
Tout cela est en tout cas, ce qui est écrit dans les livres d'histoire des écoles françaises.
"Allons enfants de la patrie. Formez vos bataillons”
Une Assemblée législative assuma le pouvoir pour lutter contre les ennemis de la révolution et montra qu'elle n'était pas disposée á tolérer les tentatives contre-révolutionnaires des émigrés et des prêtes réfractaires. Elle décrète la « Patrie en danger » et commence les enrôlements de volontaires sur les places publiques. En outre, contre les émigrés est voté un décret punissant de mort leur trahison de la patrie et pour les prêtes-réfractaires elle décide qu'ils pourront être expulsés ou emprisonnés.
Au début de septembre 1792, la Prusse tente d'envahir la France avec des émigrés et la complicité de la Noblesse, mais est déroutée à la bataille de Valmy par les Forces révolutionnaires qui marchaient à la rencontre de l'ennemi avec le mot d'ordre « La Patrie ou la mort », qui signifiait qu'ils étaient prêts à donner leur vie pour leur pays.
Un groupe de ces volontaires, provenant de la ville de Marseille, du sud de la France, avait son propre chant révolutionnaire: La Marseillaise.
Certains de ces citoyens journalistes français devraient prêter attention à quelques-uns des couplets qu'ils entonnent, comme par exemple:
Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé.
Aux armes, citoyens, formez vos bataillons
Marchons ! Marchons ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons
Contre nous de la tyrannie l'étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans les campagnes mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras égorger vos fils et vos compagnes.
Pour qui ces ignobles entraves, ces fers dès longtemps préparés
Français, pour nous, ah ! quel outrage
C'est nous qu'on ose méditer de rendre à l'antique esclavage
Quoi ! des cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers
Grand Dieu ! par des mains enchaînées nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient les maîtres de nos destinées
Tremblez, tyrans et vous perfides l'opprobre de tous les partis
Tremblez ! vos projets parricides vont enfin recevoir leurs prix
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros la terre en produit de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre.
Il est difficile de comprendre que ces journalistes français qui chantent la Marseillaise avec fierté et sont les héritiers du legs de leur révolution et de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui a inspiré une partie du monde, se transforment aujourd'hui en ennemis du peuple vénézuélien.
Comme leurs ancêtres, le peuple vénézuélien est fatigué de la privation de son pain quotidien, fatigué de ces féroces criminels qui viennent les égorger, fatigué des menaces de troupes étrangères, fatigué de ses émigrés privilégiés et de ses réfractaires qui le trahissent.
Pour cela, le peuple vénézuélien, pour maintenant sauver sa patrie en danger, veut aussi élire son Assemblée Nationale Constituante avec des idées de liberté, d'égalité et de souveraineté nationale, pour une nouvelle société. Les mêmes idées que celles de vos ancêtres, messieurs les journalistes de certains grands médias français. À moins que vous n'ayez décidé de renier vos ancêtres, vos origines, votre pays et votre sang et que vous ayez décidé de vous enrôler dans ces cohortes étrangères qui prétendent faire la loi dans les foyers vénézuéliens.
Mais au fil des articles l'évidence est que certains de ces journalistes français ont relégué au passé leur éthique professionnelle d'informer pour devenir des porte-paroles de l'opposition mettant leurs longs nez dans les affaires internes du Venezuela qui correspondent à ses citoyens. Il est probable que le destin des Vénézuéliens, opposants ou pas, leur importe peu mais que leurs longs nez ont détecté des odeurs de pétrole, de gaz et autres ressources précieuses du Venezuela.
Serait-ce qu'une fois épuisée une grande partie des ressources de l'Afrique, qui actuellement transforme la mer Méditerranée en un immense cimetière de noyés fuyant les guerres et la misère, c'est maintenant en Amérique Latine que se cherchent de nouvelles ressources, qui jadis n'avaient pas justifié le désir d'appropriation des conquistadors de la colonisation espagnole?
Ces journalistes ont déclaré, à juste titre, comme grand homme et chef d'Etat un officier de blindés appelé au pouvoir et face à une crise, lorsqu'il proposa par référendum une Vème République et une nouvelle constitution.
Étonnamment, ces mêmes journalistes ont déclaré comme dictateur un autre officier de blindés appelé au pouvoir face à une crise, lorsqu'il proposa par référendum une Vème République et une nouvelle constitution.
Bien sûr les situations sont analogues, mais dans le premier cas il s'agissait de Charles de Gaulle en France et dans le second, de Hugo Chávez au Venezuela.
Il est encore plus étonnant que ces journalistes du pays qui a proclamé la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen acclament comme démocratique un plébiscite non constitutionnel d'opposition, en même temps qu'ils étiquettent comme acte dictatorial le désir populaire d'élections d'une Assemblée Nationale Constituante prévue par constitution et convoquée par le président Nicolas Maduro.
À suivre...
II. Le quotidien Le Monde de Paris, médaille d'argent de la manipulation médiatique
Prend-il vraiment ses lecteurs pour des imbéciles?
Caprices et extravagances électorales de l'opposition vénézuélienne
III. Otages dans un immeuble. Au nom de la liberté
IV. Hélico-Show à Caracas
Pour revendiquer l'honorabilité de pilotes, parachutistes, sous-mariniers et cascadeurs
V. Le monde à l'envers. Journaux tribunaux avec journalistes juges.
VI. Curieuses infos d'un journaliste du site Boulevard Voltaire
VII. Une gifle plus grave que 43 victimes anonymes
VIII. Maduro n'est pas Chavez. Alors, qui est Maduro?