29/07/2017 tlaxcala-int.org  7min #131729

 Venezuela : « l'opposition veut créer le chaos pour justifier une intervention »

Droite et violence, deux termes inséparables en Amérique Latine

 Héctor Bernardo

Prisonniers politiques, coups d'État parlementaires, proscriptions, déstabilisation, groupes de choc, assassinat de dirigeants de mouvements sociaux, disparitions d'étudiants et de journalistes, répression de manifestations et immolation de personnes vivantes en pleine rue, au vu et au su de toute le monde : ce sont les traits qui caractérisent la droite en Amérique Latine.

Le rêve d'une droite qui dialogue, qui débatte et qui respecte les règles du jeu de la démocratie semble s'éloigner chaque jour davantage en Amérique Latine.Les travestissements à l'aide desquels les tout-puissants médias -un de leurs principaux outils- essaient de masquer les intérêts de ces secteurs rétrogrades ne tiennent plus la route.

Autoritarisme, violence, intolérance et mensonges : c'est ce qui caractérise la droite dans notre région du monde. De l' Argentine au Mexique, obéissant aux ordres de Washington, elle se présente devant les caméras de télévision où, pétrie de bonnes manières, elle parle de dialogue et de respect des institutions, pendant qu'elle fomente en sous-main des coups d'État parlementaires, des opérations de déstabilisation, poursuit ses opposants politiques et tente de les interdire, de les emprisonner, ou, sans autre forme de procès, les assassine avec la plus grande violence.

Le nombre de Vénézuéliens -plus de vingt- qui ont été attaqués, arrosés d'essence et immolés vivants, n'est qu'une indication du niveau de barbarie qu'ont atteint les groupes politiques dirigés par Freddy Guevara, Lilian Tintori, Leopoldo López, Henry Ramos Allup, Henrique Capriles et Julio Borges.

Venezuela, 2017

De clairs exemples de manipulation des faits sont patents dans les discours du groupe de presse Clarín et du quotidien La Nación en Argentine, d'El Tiempo et de la chaîne Caracol en Colombie, de Televisa au Mexique, du groupe Prisa en Espagne, du réseau Globo au Brasil, de CNN aux USA etc. Tous ces médias se sont tus et continuent de se taire devant la violence exercée par les secteurs dont ils représentent les intérêts.

Los coups d'État parlementaires contre Manuel Zelaya (Honduras, 2009), Fernando Lugo (Paraguay, 2012) et Dilma Rousseff (Brésil, 2016) ; les coups d'État manqués contre Evo Morales (Bolivie, 2008) et contre Rafael Correa (Equateur, 2010); les attaques constantes contre le gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner (Argentine) ; le bref coup d'éÉat contre Hugo Chávez en avril 2002 (Venezuela) ; les violentes « guarimbas » [actions qui consistent essentiellement à couper les voies de circulation -rues, routes, autoroutes- avec des barricades improvisées et généralement non défendues, le but étant d'empêcher le fonctionnement normal des services public, NdT] contre le gouvernement bolivarien (Venezuela, 2014 et 2017) ; et, bien entendu, les attaques constantes contre les gouvernements du Nicaragua, du Salvador et de Cuba, ne sont que quelques-uns des modes d'action de la droite quand elle ne contrôle pas le pouvoir politique (compte tenu de ce que les pouvoirs médiatique, judiciaire et économique leur appartiennent toujours).

Quand la droite parvient à se saisir du pouvoir politique, on assiste à des expériences comme dans l' Argentine de Mauricio Macri, où les opposants comme Milagro Sala (et une dizaine d'autres militants) sont emprisonnés et, malgré les résolutions de l' Organisation des Etats Américains (OEA), de Human Rights Watch, de la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) et du Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire des Nations Unies, qui ont résolu que la détention de la députée du Parlasur est « arbitraire » et qu'elle doit être « immédiatement libérée », elle reste incarcérée.

À cela, le gouvernement Macri ajoute la répression des mouvements sociaux, car, tout comme au Brésil, au Paraguay, en Colombie et au Mexique, le plan de redressement politique, économique et social répond à une logique bien connue : mesures d'austérité-protestation-répression.

Chili, 1973 (le groupe fasciste Patria y Libertad)

Les gouvernements de Macri, du putschiste Temer au Brésil et d' Horacio Cartes au Paraguay ont décidé d'utiliser l'arme médiatico-judiciaire pour poursuivre et tenter d'emprisonner, de proscrire ou, tout au moins, de salir l'image publique des principaux représentants politiques des secteurs populaires : Cristina Fernández de Kirchner (Argentine), Luiz Inacio "Lula” Da Silva (Brésil), Fernando Lugo (Paraguay). Ces dirigeants sont en tête des intentions de vote dans leurs pays respectifs, ce qui est totalement inadmissible pour la droite.

En Colombie, au Mexique et au Honduras, le crime politique fait désormais partie du quotidien. Et, cela va de soi, l'OEA, dirigée par l'Uruguayen Luis Almagro, regarde ailleurs dès qu'il est question des crimes commis par la droite.

Malgré l'avancée que représente l'accord de paix entre le gouvernement colombien de Juan Manuel Santos et les Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée du peuple (FARC - EP), les paramilitaires, avec la complicité d'un secteur du gouvernement, assassinent quotidiennement des leaders sociaux, des dirigeants politiques, des dirigeants de mouvements de défense des droits humains, et des membres de la guérilla.

Au moins 68 dirigeants sociaux, six membres des FARC -EP et neuf parents de guérilleros ont été assassinés depuis le début du processus de paix. Le mouvement Marcha Patriótica a dénoncé l'assassinat de 138 de ses membres par les paramilitaires.

Dans ce contexte, le ministre colombien de la Défense, Luis Carlos Villegas, a affirmé qu'il n'existe pas de paramilitaires dans son pays. Cynisme, stupidité ou complicité ?

Au Mexique, la liste des crimes commis pendant le mandat d'Enrique Peña Nieto s'allonge de jour en jour. Rien qu'en 2017 ont été assassinés les journalistes Javier Valdez (Sinaloa) et Sonia Córdova (Jalisco), l'animateur de radio Filiberto Álvarez Landeros, (dans l' État de Morelos), la correspondante de La Jornada Miroslava Breach (Chihuahua), le directeur de La voz de la tierra caliente et collaborateur du journal El Universal, Cecilio Pineda (Guerrero), le directeur du journal El Político, Ricardo Monlui Cabrera (Veracruz), le reporter du blog Colectivo Pericú, Maximino Rodríguez Palacios (Basse-Californie du Sud), et maintenant le cameraman Edwin Rivera Paz (Veracruz).

Depuis l'an 2000 jusqu'à ce jour, on dénombre malheureusement dans le pays de Moctezuma un total de 127 journalistes assassinés et 23 disparus. Un tiers de ces crimes (43) a été commis sous le mandat du président Peña Nieto. La majorité d'entre eux reste impunie.

Les zapatistes du Chiapas aux parents et amis des disparus d'Ayotzinapa : "Vous nêtes pas seul.es. Votre gae est aussi la nôtre"

Les 43 étudiants kidnappés et disparus en septembre 2014 à Ayotzinapa ─un crime commis par des narcotrafiquants et des policiers avec la complicité de certains secteurs de la classe politique mexicaine corrompue─ ont concentré les regards du monde entier sur le Mexique. On s'est alors aperçu qu'il existait dans ce pays « beaucoup de 43 », des millers de disparus, des centaines de milliers de disparus. La recherche des « 43 » a mené à la découverte de dizaines de fosses communes contenant des centaines de cadavres.

L'assassinat de Berta Cáceres n'est que le plus connu de la dizaine d'assassinats de dirigeant de mouvements sociaux et politiques, de militants des droits humains et de journalistes commis au Honduras après le coup d' État qui a renversé Manuel Zelaya.

Qu'elle contrôle ou non le pouvoir politique, la droite a démontré que la violence, l'autoritarisme et l'intolérance font partie de ses gènes et que, même quand elle s'habille d'oripeaux démocratiques, ses intérêts s'opposent à ceux de l'immense majorité, et, par conséquent, à l'essence même de la véritable démocratie.

Buenos Aires, 2015: "Macri, aide le Venezuela", une action de CSF (Crétins Sans Frontières)

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