02/07/2018 histoireetsociete.wordpress.com  9 min #143155

38 eme congrès du Pcf, proposition de base commune

A propos du Congrès: que chacun prenne ses responsabilités...

L'âge devrait m'apporter la sagesse, mais dois-je le regretter ou m'en féliciter, toujours l'indignation soulève la passion. Celle-ci me pousse au voyages, à dévorer des livres, à m'engager mais aussi à vitupérer plus qu'il n'est raisonnable. Pour ceux qui dans quelques temps, le plus loin possible, se hasarderont à une notice nécrologique, n'oubliez pas ce trait, il est fondateur et ce Congrès me donne l'occasion, comme à nous tous, d'exprimer cet engagement d'une vie. Ce qui est commun je crois à tous les communistes, comme le disait Robespierre: « nos raisons d'exister valent mieux que notre existence«. la justice, la paix, des valeurs dont le monde a besoin et dont nous sommes les porteurs.

Nous avons produit un texte intitulé « Pour un manifeste du XXIe siècle«. j'y ai contribué, avec d'autres, sur les questions internationales. Aborder ce thème est déjà une nouveauté en soi puisque les propositions de la direction ne daignent pas traiter du mouvement du monde. Ce n'est pas un hasard, pas plus que le galimatias de généralités dont cette proposition de la direction nous abreuve. Le but de cette direction n'a jamais été de renforcer le parti, il est de sauver « l'union de la gauche«. C'est-à-dire « de fourvoyer les travailleurs dans une organisations de parti où prédomine la phraséologie social démocrate avec ses généralités qui dissimulent les intérêts particuliers, les revendications concrètes du prolétariat ne devant pas être formulées sous peine de troubler la paix bien aimée » (1), c'est la description de Marx, et il poursuit à propos de ce conglomérat qu'il porte le nom de gauche plurielle, Front de gauche ou autre: « Une telle association tournerait à leur seul avantage et entièrement au désavantage du prolétariat, lequel perdrait entièrement sa position indépendante, chèrement acquise pour retomber au simple appendice de la démocratie bourgeoise officielle« (p.550). Si j'ai combattu pour que les questions internationales soient abordées en tant que telles, pour que soit défendu une nouvelle relation avec les autres partis communistes autant que la sortie de l'OTAN et la lutte pour la paix, c'est que face à la mondialisation capitaliste, l'autonomie du Parti communiste en tant que parti des travailleurs ne peut exister sans cette souveraineté, sans conscience de l'étendue de la bataille. Ce fut un combat parce que les camarades avec qui nous élaborions cette vraie base commune avait parfois pris l'habitude de ne plus faire référence aux questions internationales. L'architecture du texte initial a subi quelques modification mais l'essentiel y est. A savoir, l'urgence de se réapproprier ces questions dans un monde en pleine transformation dans lequel nous assistons à la chute de l'empire américain et ses vassaux. la montée de nouveaux rapports sud-sud, les voies originales que prend partout le communisme, les expériences y compris de l'échec, des résistances et des avancées.

Cet exemple peut être étendu à bien d'autres, et ce qui me paraît très important dans ce texte c'est deux choses.

La première est l'entente de ceux qui l'ont signé sur une analyse sur un point fondamental : l'autonomie d'un parti des travailleurs, un parti communiste. Je résume là encore en me référant à Marx, non par manie des citations mais parce qu'il est confronté comme nous à une période contre-révolutionnaire, un ressac en Allemagne, après le mouvement de 1848, c'est le retour de la féodalité alors même qu'elle est condamnée. Marx note « la petite bourgeoisie s'organisait de plus en plus en Allemagne, le parti des travailleurs perdait son seul soutien ferme et son organisation subsistait tout au plus dans des endroits isolés et pour des objectifs locaux, si bien que dans le mouvement général, il tomba complètement sous la domination et la direction des démocrates petits bourgeois. Il convient de mettre fin à cet état de choses, l'autonomie des travailleurs doit être rétablie » (idem. p.548). C'est cette préoccupation qui est celle qui a réuni les auteurs de cette proposition de base commune « le rétablissement de l'autonomie du parti », après des années de soumission au PS, puis à Mélenchon poursuivant l'oeuvre de Mitterrand et ne s'en cachant pas, en France comme partout dans le monde. Tant qu'ils n'on pas le pouvoir, toutes « les fractions de la bourgeoisie s'appellent 'républicains' ou 'rouges', tout comme en France les petits bourgeois républicains se parent aujourd'hui du nom de 'socialistes'.(p.550). Le capital ne s'y trompe pas et les choisit volontiers comme adversaires « privilégiés » alors qu'il ne cesse d'étouffer le parti communiste. On ne sait jamais, il pourrait se réveiller et serait alors le seul à les mettre en péril. C'est pour cela que l'on ne peut attendre aucune complaisance de ses médias, aucune publicité. Nous devons arracher nos conditions d'existence, leur imposer la nécessité de parler de nous pour nous désigner pour ce que nous sommes, leur seul adversaire. Le contraire du choix des directions qui espèrent attirer leur sympathie en devenant toujours plus accommodants, « comme les autres ». Il ne s'agit pas de jouer les gauchistes braillards, mais de porter une vision concrète et des revendications populaires..

Tous ceux qui ont accepté de rédiger en commun cette base commune intitulée « pour un manifeste du parti communiste du XXI e siècle » ont une préoccupation commune essentielle: dans la période de contre-révolution que nous avons traversé, d'affaiblissement du parti communiste qui engage son processus vital, nous tablons non sur une mise à la remorque de la petite bourgeoisie, mais sur l'autonomie des travailleurs et de leur parti. Plus nous sommes affaiblis, plus notre renforcement dépend de notre autonomie. C'est la base de notre rencontre et elle s'assortit d'un travail sur le parti lui-même, sur ce qu'il défend, sur son organisation. La première raison essentielle de signer ce texte.

la deuxième caractéristique de notre texte est que cette rédaction en commun ne se contente pas d'une motion de synthèse qui retomberait dans les généralités, elle pointe ce qui nous est commun et nos divergences en proposant que le Congrès avance dans le dialogue.

C'est donc une base ouverte et pourtant précise qui amorce une reconstruction collective à partir de l'urgence d'un parti dont le pronostic vital est engagé et où les facteurs de division se sont aggravés et ont été entretenus. Ceux qui se sont engagés dans cette démarche ont une base commune, la nécessité d'un parti communiste dans une situation où le capital en crise profonde accélère son emprise et nous conduit au désastre; seul un parti communiste est apte à faire face. Et ils le font sans gommer les différences, voir les divergences, le congrès mais aussi la pratique tranchera.

Parce qu'il serait illusoire de croire que le parti n'a pas été gagné par toutes les formes social démocrates. Il y a ses directions successives dont on mesure bien à quel point elles nous ont infligé l'objectif petit bourgeois d'un parti unique dans lequel les travailleurs perdraient leur autonomie. La direction de plus en plus isolée de Pierre Laurent, aussi discréditée que la social démocratie elle-même à laquelle elle prétend encore et toujours nous rallier, joue le légitimisme et la division qui est son meilleur atout. On ne peut pas continuer à la conforter en entretenant nous mêmes les divisions. Ce qui est on le notera le rôle de certains radicaux gauchistes qui à chaque congrès de sont fait une spécialité de l'aide apportée aux directions sous couvert de laver plus « rouge », ce qui là encore est une caractéristique infantile. On peut découvrir à quel point aujourd'hui ils tombent les masques en faisant porter tous leurs coups non sur le capital, non sur les petits bourgeois qui veulent en finir avec le parti mais bien sur notre base. Ils en sont à reprendre un texte du précédent congrès avec un seul but : diviser notre tentative et conforter la direction, l'injure gauchiste tient lieu d'argumentaire... Il y a le travers « intellectuel », ceux qui sont la proie d'une obsession « sociologique » et qui croient que la question n'est pas politique, la prise du pouvoir, mais se résume à la reconnaissance de leur analyse sur tel ou tel point de la « modernité ». Ils sont prêt à rallier celui qui tiendra compte de leur dada intellectuel tout en se plaignant parfois de l'absence de classe ouvrière, mais en évacuant la question du pouvoir et de la conquête de ce pouvoir qui est pourtant la base de l'analyse marxiste et léniniste. Tout cela est le produit de l'affaiblissement.

Tout cela ne disparaîtra pas du jour au lendemain, la remise en question d'un parti capable de représenter l'autonomie des travailleurs et de leurs revendications, de porter la conquête du pouvoir des travailleurs, des exploités, du prolétariat au sens large, s'est faite sur des décennies... Il faudra beaucoup de temps pour reconstruire, beaucoup de dialogue mais aussi beaucoup d'actions. Il faut bien mesurer que malgré notre affaiblissement, nous avons des atouts importants. Il y a peu de parti communistes dans une Europe occidentale en crise, et il faut savoir reconnaître que les communistes français, les militants ont beaucoup perdu, leur organisation, les liens avec l'entreprise, ils ont subi un sabotage interne et externe, mais il existe un parti communiste autour duquel se satellise plus ou moins tout une combativité parfois groupusculaire. En France, ce n'est pas un hasard indépendant de cette existence si la combativité demeure forte et il faut à la fois faire un diagnostic de nos carences, mais aussi de notre existence. De la manière dont la masse du parti a toujours au coeur même du « légitimisme » défendu l'existence et le nom de notre parti.

Personnellement j'ai la phobie des tendances et je ne sais pas mener un combat au sein de mon parti. Je fais confiance aux communistes y compris ceux qui font des choix différents du mien avec le même objectif pourtant, donc je souhaite que chacun mesure la gravité du moment et les enjeux. Que chacun prenne ses responsabilités en conservant le minimum de fraternité qui nous permettra d'œuvrer ensemble. C'est le choix dans ma cellule et je crois qu'il est possible comme le propose cette base de reconstituer l'unité des communistes en tablant sur des objectifs communs, malgré nos divergences, la pratique aidera à trancher à partir du moment où nous aurons reconquis un parti communiste.

J'ai tenté jusqu'au bout de préserver l'existence d'une base commune, en espérant que la direction aurait à coeur de nous proposer un texte ouvert, permettant le dialogue et l'unité des communistes, celle de la direction votée à une courte majorité des « présents » du CN n'était pas amendable. J'ai donc participé à une autre base commune ouverte telle qu'une direction consciente aurait dû la proposer.

ET POUR CELA, N'OUBLIEZ PAS L'ESSENTIEL : Attention, il faut que les 300 signatures (pas plus de 30 par fédé) soient déposées avec attestations le 6/7/18, donc il y a peu de temps pour agir.

Danielle Bleitrach

(1) Je vous conseille de lire ce texte de Marx, intitulé fin de la Ligue des justes, adresse au comité central. Non seulement parce qu'il est d'une brulante actualité, mais parce qu'il montre la filiation entre Marx et Lénine que l'on tente de nier aujourd'hui. Vous le trouverez dans les écrits politiques.1. dans la Pleiade. p.544 à 559.

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