05/08/2018 2 articles europalestine.com  3 min #144349

Israël adopte une loi définissant le pays comme l'«Etat nation juif»

Israël : les Druzes se rebiffent contre la loi d'apartheid

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, principalement issues de la minorité druze, ont manifesté samedi soir à Tel Aviv en signe de protestation contre la récente loi entérinant le caractère fondamentalement raciste de l'Etat d'Israël.


La minorité druze occupe une place singulière en Israël, depuis la création de l'Etat en 1948.

Cette population, forte aujourd'hui de 140.000 personnes environ (1,4% de la population totale du pays), se caractérise, non par sa langue, qui est le même arabe que celui des autres Palestiniens d'Israël, mais par sa religion, un courant monothéiste ayant puisé sa doctrine dans l'islam et d'autres sources spirituelles.

Lors de la Nakba de 1948, les notables dirigeant les villages druzes conquis par Israël ont fait pression, avec succès, sur leurs administrés, pour qu'ils acceptent le « deal » proposé par la direction sioniste victorieuse : en échange d'un statut spécial, qui leur évitait entre autres d'être soumis à la loi martiale appliquée (de 1948 à 1966) aux autres autochtones non-juifs, ils se soumettaient au nouvel Etat.

Soumission qui est passée par le service militaire obligatoire, l'enrôlement dans l'armée de métier, la police, l'administration pénitentiaires, et, au fil des ans, l'octroi de quelques fonctions prestigieuses (dirigeants d'entreprise, députés, ministres...) en récompense de leur docilité et de leur rôle dans la répression de la population palestinienne.

(Les habitants druzes de la partie du Golan annexée par Israël en 1981 se sont pour leur part majoritairement considérés comme étant toujours des citoyens syriens, au moins jusqu'au déclenchement de la guerre civile en 2011 qui a littéralement détruit ce pays).

Mais la loi sur « L'Etat-nation du peuple juif » qui vient d'être votée, en détruisant le mythe d'un Israël « Etat de tous ses citoyens », comme cela avait été hypocritement inscrit dans la « Déclaration d'Indépendance » de 1948, en supprimant aussi le statut de l'arabe en tant que langue officielle (avec l'hébreu) du pays, a manifestement été l'humiliation de trop pour la communauté druze et les notables qui la dirigent.


(Un chef religieux druze, jurant fidélité à l'Etat d'Israël, tout en critiquant la loi fondamentale votée le mois dernier)
D'où la protestation de samedi, qui ne manquait pas d'ambigüités : discours d'allégeance répétés par les dirigeants religieux druzes qui ont pris la parole, pancartes en langue arabe quasiment absentes, mais présence, dans les rangs des manifestants, d'une brochette de criminels de guerre à la retraite, tels d'anciens patrons de l'armée, du Mossad ou encore du Shin Beth. Le tout sous la houlette des dirigeants de l'Union Sioniste, l'entité qui tient lieu d'opposition « de gauche » au pays de l'apartheid.


(les couleurs druzes illuminant un immeuble lors de la manifestation)

Reste à savoir si la politique de judaïsation effrénée de Netanyahou et compagnie aura des conséquences durables sur l'état d'esprit de la minorité druze, au-delà de la grande manifestation de samedi soir.

CAPJPO-EuroPalestine

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