08/08/2018 socialnetwork.ovh  8 min #144444

Le refus de vente

Les systèmes de boycott sont de plus en plus répandus, et souvent on entend dire que le vrai bulletin de vote, c'est ce qu'on achète.

Dit comme ça évidemment, on dirait de la corruption, mais l'impact est saisissant. Quand on entend cette phrase, c'est toujours avec l'impression que c'est une bonne nouvelle, qu'on a le pouvoir, que les choses peuvent évoluer si on fait évoluer les mentalités, etc.

Mais le sens réel de cette injonction est beaucoup moins optimiste. D'une part cela veut dire que la démocratie, c'est fini, et d'autre part que ce sont les possesseurs qui ont le plus de pouvoir. En fait, j'ai deux remarques à faire sur cette assertion :

- Premièrement elle montre la proximité très forte qu'il y a entre le libéralisme et la démocratie, tous deux relevant du paradigme de l'offre et la demande. Et c'est bien cela le problème de la démocratie, la demande n'est-elle pas finalement que l'expression de besoins qui ont été créés par des situations ? En politique comme dans le business, la demande, ça se stimule. Et surtout au final, le fait que jamais plus de 51% des votants élisent un président montre bien que 49% doivent subir ce qui arrive. Quand donc la politique aura-t-elle pour but réel de satisfaire la plus grande majorité, au lieu d'asséner des phrases dictatoriales telles que "je suis le président de tous les français !". Alors que pour en arriver à ce choix, autant la demande que l'offre auront été soigneusement décidés ailleurs qu'en démocratie (ou sur le marché).

Deuxièmement, c'est exactement ça le problème, le fait que ce soit l'argent qui décide de l'existant. Dans un vrai système social, l'existant doit être voulu, désiré, et justifié par les besoins qui auront été mesurés et étudiés, en poussant cette étude jusqu'aux conséquences aux seconds et troisième degrés, tels que l'écologie ou la gestion de l'usage des matières premières.

Finalement, cette petite phrase qui se prétend citoyenne montre signifie exactement l'envers de son décors.

Il faut dire en fait que c'est actuellement le seul moyen de pression que les gens peuvent avoir pour influer à minima sur la vitesse de l'effondrement du capitalisme. Le mieux à conseiller à tout le monde en tout état de cause est de ne jamais rien acheter. Et même là, dans ce qui permet la survie, on les choix sont maigres. La plupart du temps les produits, ainsi que leurs prix, nous sont imposés, par la force.

Dans cet élan les campagnes de boycott se sont multipliées. En premier la campagne de boycotte et de désinvestissement en Israël a eu des effet positifs, que sont le fait de populariser une cause en stigmatisant les marques qui continuent de faire affaire avec l'état fasciste et ségrégationniste. Le but final est de créer une prise de conscience de la souffrance que cet état militaire impose aux peuples.

Ensuite il y a eu des initiatives intéressantes, où des produits de consommation courante sont présentés au boycott en raison d'enquêtes qui sont menées sur leurs pratiques. C'est à dire qu'on commence à s'intéresser aux conséquence de deuxième et de troisième niveau de l'achat d'un produit. En réalité cela va beaucoup plus loin puisque n'importe quel produit engendre une pollution qui aurait dû être gérée par la collectivité sociale (mais qui ne l'est pas). Les entreprises se démettent de toute responsabilité une fois que le produit est vendu. Alors ces campagnes de boycott ne peuvent plus dès lors s'attaque qu'à ce qui se passe en amont de la fabrication, si les conditions de travail sont déplorables ou dangereuses, ou si l'impact écologique est insupportable.

Toutes ces informations qu'on commence à acquérir sur la chaîne de fabrication de nos biens de consommation sont encore très parcellaires, limitées, et on ne s'attache qu'aux cas les plus extraordinaire, alors que les cas ordinaires ont à eux tous bien plus d'impact.

L'idéal, dans cette section, c'est d'envisager à l'avenir le système de cluster-chain tel que je l'ai conçu et présenté dans le livre  "La Société-Réseau", qui consiste à énumérer depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la dévaluation d'un bien, toute la chaîne de propriétaires et de traitements qui ont été appliqués. L'idée c'est que si on avait un blockchain pour les produits, on pourrait retracer absolument tout sur son origine et les intervenants entre les mains desquels le produit est passé. Toute activité faite avec un cluster, qu'il contienne des molécules de fer ou de pétrole, serait immédiatement possible à visualiser, et donc à noter, en faisant agir un algorithme qui applique des scores à des pratiques.

Le back-office d'une telle infrastructure des biens et services consisterait à nourrir ses algorithmes d'études faites sur les impacts et les usages des ressources naturelles, en fonction de leur traitement. En passant, on pourrait voir immédiatement qui s'est le plus enrichi avec ces produits, et immanquablement, on verrait apparaître des acteurs récurrents.

Un jour ce système existera même si sa mise en pratique va être longue, parce que c'est un composant essentiel pour connaître, rien d'autre que l'existant, ce que les humains font. Cet outil est tellement formidable qu'il pourra lui-même délibérer de la valeur des biens, en utilisant un système de scores relatifs à différents domaines de préoccupation. Ainsi un objet aura pour valeur une combinaison de scores, afférant à des domaines de préoccupation des plus conséquents aux plus divers. Tout cela, c'est en substance ce que j'ai développé dans mon livre.

Mais sur l'autre face de la pièce, s'il est possible de "ne pas acheter", je pense qu'il devrait aussi être possible de "ne pas vendre". Il faut prévenir immédiatement le lecture que le refus de vente est passible de trois mille ans de prison et un milliard d'euros d'amende ! C'est considéré comme très grave ! Faire cela revient presque au même que de renier le principe des contrats. A la base, tout contrat est libre. Ici, il s'agirait de brimer cette liberté de contrat.

Cette obligation légale de vente relève du même genre de lois que celle de l'interdiction de créer de la fausse-monnaie. Cette interdiction a été émise par les banques elles-mêmes, afin de protéger leurs avoir, qui sont pourtant pas sensés être les leurs, mais qui dans les faits, le sont. En fait quand vous mettez de l'argent sur votre compte, vous le donnez entièrement et aveuglément au premier venu, et la différence avec un voleur c'est que la banque vous fait croire qu'elle ne partira pas avec la caisse dès que la maison flambera. Mais elle flambera. Elle flambe déjà, je crois, à en croire des témoignages de gens qui ont perdu des centaines de milliers d'euros dans la faillite de banques italiennes.

L'interdiction de créer de la fausse monnaie est une règle du système économique, mais dans l'absolu quand je prends une pomme dans un arbre et que je la vends, cela revient au même, hormis le coût que m'aura coûté l'acte d'aller la chercher et de la transporter jusqu'à l'acheteur. Mais rassurez-vous bientôt ce seront des robots qui s'en chargeront. C'est à dire qu'il suffit de puiser un truc qui pousse tout seul, une pomme ou du pétrole, pour en faire de la valeur, et aussitôt déduire du système économique cette valeur circulante pour la figer et se la mettre dans la poche. Après tout j'ai aussi le droit de e fabriquer des faux billets et de les garder pour moi-même...

Mais quand on dépense cet argent, on invoque l'obligation au vendeur de nous fournir, pareillement, entièrement gratuitement, ses biens en échange d'une monnaie qui n'est que la promesse qu'en se débrouillant comme il veut il pourra l'utiliser ailleurs, pour forcer une troisième personne à lui donner gratuitement ses produits.

Mais l'essentiel se situe au moment de "donner gratuitement". J'utilise à escient le terme "gratuitement" pour bien signifier qu'après tout, les biens sont transférés en échange d'une promesse d'avoir d'autres biens, dont l'existence et l'accès ne sont que supposés réels. Mais s'il n'y a pas ce dont vous avez besoin, il ne vous reste que votre argent pour pleure. Si cette situation paraît loufoque, elle ne l'est pas sur le plan théorique, il faut absolument l a prendre en compte, et sur le plan pratique bientôt ce sera vrai. En réalité cela sera devenu vrai pas seulement pas la raréfaction des produits suite au crash économique, que par l'hyper-inflation qui va suivre. En fait le prix de vente de vos biens, services et de votre travail est décidé au moment de l'acquisition d'autres biens, forcément plus tard, à un moment où les prix auront augmenté. Et quand la baguette de pain coûtera dix euros, vous ne pourrez pas échanger votre temps de travail contre un temps de travail équivalent. D'ailleurs le temps de travail n'entre jamais dans l'équation, cela aussi pose un problème sur le plan théorique, qu'il faut résoudre.

Ce qui se passe, c'est qu'en croisant des personne hyper-riches ou ayant gagné leur argent de façon non-honnorable, personne ne peut lutter contre leur sommation d'acquérir des biens fabriqué par des petites gens qui verront leur contrepartie fondre comme neige au soleil, ou qui auraient préféré que leur travail serve à une cause noble, ou à des personnes proches, plutôt que de servir une industrie, divertir un crétin, ou enchérir une activité elle-même objet d'un boycott.

Eh oui, le boycott doit aussi marcher dans l'autre sens, on doit pouvoir refuser le transfert de biens, service et travail aux industries polluantes ou qui contribue à l'entropie du système social (incluant le marché de la guerre). Pourquoi ces industries malfaisantes aurait-elles le droit d'acheter tout ce qu'elles veulent ? Et pourquoi les 0.01% d'hommes les plus riches du monde, qui en possèdent 50%, ont-elles encore le droit d'acquérir de nouvelles richesses et de s'enrichir encore ? Cela est uniquement dû au sacro-saint principe de l'interdiction du refus de vente.

En réalité, les ventes ou du moins les transactions, devraient être décidées rationnellement, c'est de cela que je rêve dans mon livre. Mais en attendant la question revient à s'inquiéter, en aval de la production, à l'usage des biens et des richesses.

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