01/10/2018 2 articles mondialisation.ca  8 min #146388

Lula, le Pt et les élections dans un Brésil complètement désarticulé

« #elenao » : les Brésiliennes se mobilisent contre le candidat d'extrême-droite Bolsonaro

Le samedi 29 septembre 2018, soit une semaine avant les élections du Brésil, des milliers de femmes ont manifesté dans une trentaine de villes.

Ces manifestations étaient organisées par le mouvement #EleNão, #EleNunca, #EleJamais. (LuiNon, LuiJamais) parce qu'elles sont « fatiguée d'être soumises parce qu'elles sont des femmes »...

Lui (Ele), c'est Jair Bolsonaro, député fédéral et candidat à la présidence du pays (PSL). Militaire de formation, son discours est considéré haineux envers plusieurs groupes de la société brésilienne.

Elles (Elas) sont les femmes du mouvement né à travers les réseaux sociaux de Facebook et Twitter. Celles-ci se sont fait connaître comme le groupe des « Femmes unies contre Bolsonaro » ( grupo 'Mulheres Unidas Contra Bolsonaro'). Elles considèrent Bolsonaro comme un danger pour la démocratie et le respect des droits humains au Brésil.

Le candidat d'extrême-droite, Jair Bolsonaro, réputé pour sa misogynie a déclaré que les femmes devraient gagner moins d'argent puisqu'elles tombent enceinte et prennent six mois de vacances.

« Tout sauf Bolsonaro », c'est ce que les femmes affirment fermement alors que Bolsanero se trouvent en tête des sondages pour la présidence du Brésil (28%). Il est cependant suivi de prêt par le candidat du PT (Parti des Travailleurs), Haddad, avec 22% des intentions de vote. Ce dernier pourrait devenir le favori au deuxième tour.

Ce mouvement se définit comme non partisan (non lié à un parti politique), englobant toutes les classes sociales, les cultures (« races »),

» Nous, les femmes, sommes dans la rue contre un projet politique qui nous exclut. Nous ne pouvons pas laisser un candidat fasciste, homophobe, misogyne et raciste être élu président. C'est un recul dans nos réalisations. C'est pour cela que nous manifestons à travers le mouvement #EleNão #Elenunca# Elejamais ils ne sont jamais C'est la force des femmes dans ce processus démocratique brésilien.

Aujourd'hui, il devrait y avoir 300 000 personnes dans les rues de Rio. »

(Elke Medeiro, architecte, Rio de Janeiro).

Lilas est la couleur qui représente le mouvement

Photos par Elke Medeiros, Rio de Janeiro.

facebook.com

Manifestation à la mégapole Sao Paulo, 83 milles femmes avaient confirmé leur présence. Il y aurait eu environ 200 mille personnes au rassemblement selon les médias sociaux.

» Aujourd'hui, des milliers de Brésiliennes et de Brésiliens et moi-même sommes allés dans la rue pour manifester notre indignation et protester contre un candidat à la présidence de notre pays qui prêche l'intolérance à tous les niveaux. Misogyne, homophobe, favorable au retour du régime militaire, contre l'école laïque, contre tout ce que nous avons acquis en tant que citoyens d'un régime démocratique au cours de la dernière décennie après une période sombre de régime militaire.

Jamais auparavant dans l'histoire du Brésil, il n'y a eu un tel mouvement, désapprouvant un candidat avant les élections, mobilisé par des femmes, des millions de femmes, d'un commun accord. Ce qui a commencé dans les réseaux sociaux et qui a connu une croissance exponentielle au fil des jours a abouti à un acte public où les femmes ont exprimé leurs indignation. C'était émouvants de voir nos amis, nos compagnons, nos enfants, nos familles, nos LBTG, nos Juifs, nos Noirs, nos professionnels, nos étudiants, et beaucoup d'autres, protester pacifiquement. »

(Irene Uheara, chef cuisinière, Sao Paulo)

« Nous étions des milliers de femmes de tous les âges, de niveau social et de scolarisation différents, avec un objectif commun. Le but était de montrer notre dégoût face à la possibilité de voir Jair Bolsonaro élu président du Brésil. "Ele não" (Lui, non) est le cri qui exprime notre indignation. Contrairement à celui qui prêche la haine et la violence, nous nous unissons en paix avec des dizaines de bébés sur les genoux, des enfants, des vieillards et des fauteuils roulants. Je crois que nous pouvons transmettre le message et, espérons le faire entendre parce que Bolsonaro met la démocratie en danger. »

(Rita Tavares, journaliste, Sao paulo)

Le groupe #EleNao a pris une ampleur internationale alors que les icônes comme Madona, Cher, Dua Lipa et Dan Reynolds ont incorporé le mouvement. Des manifestations anti-Bolsonaro ont eu lieu à Berlin, Buenos Aires, Paris, Londres, Lisbonne, New-York, Barcelone et Washington. Bien que les Femme Unies contre Bolsonaro affirment qu'il s'agit d'un mouvement spontané, on pourrait penser que ce groupe a été appuyé par les mêmes organisations internationales qu'aux États-Unis contre le candidat, devenu président, Donald Trump. Ironiquement il semble plus facile organiser des manifestations à travers le monde contre un candidat à la présidence d'un pays, que de rassembler des gens contre les guerres qui concernent la Paix dans le Monde.

Quel intérêt la OpenSociety, par exemple, aurait a financé un tel mouvement ? Il s'agit non pas d'appuyer les femmes, mais d'appuyer un candidat pour l'influencer dans sa décision pour la nomination du prochain président de la Banque Centrale et /ou le prochain ministre de la Fazenda. On se souviendra qu'Arminio Fragua a été nommé à la banque centrale sous le président FHC (Fernando Henrique Cardoso) en 1999. Arminio Fragua avait travaillé aux Etats-Unis pour l'investisseur Georges Soros. L'ex-président du Brésil (1992-1995) s'était moqué, avec ironie, de la nomination de monsieur Fragua.

Le gouverneur de Minas Gerais, Itamar Franco (PMDB), s'est moqué du changement de la banque centrale en suggérant que le remplacement de Francisco Lopes par Armínio Fraga Neto à la présidence de l'institution était déterminé par le FMI (Fonds monétaire international).

» Je suis très heureux. Le Brésil a un nouveau ministre des finances, M. Fischer, et un nouveau président de la Banque centrale, M. Soros. Donc, il sera plus facile de négocier. Nous allons devoir améliorer un peu l'anglais. «

( Itamar e Lula criticam mudança no BC, Folha, le 3 février 1999)

Il est encore trop tôt pour savoir si le mouvement #EleNao aura une influence clé dans l'élection du prochain président brésilien lors du premier tour le 7 octobre prochain. Par ailleurs, Washington et/ou les créanciers internationaux du Brésil ne souhaitent pas nécessairement un candidat comme Jair Bolsonaro. L'ombre de l'ex-président Lula, Haddad, représentant du PT (la « gauche néolibérale ») pourrait être le candidat idéal pour mettre sous tutelle économique le Brésil...

Micheline Ladouceur

Photo À la Une : Irene Uheara, Sao Paulo, Brésil.

Anexe : Les Pro-Bolsonaro manifestent

Ce dimanche, le 30 septembre 2018, un autre mouvement se rassemblait dans la capitale fédérale, Brasilia. Le groupe « Pro-Bolsonaro », moins bien organisé et structuré, ont déambulé dans plusieurs zones clés de la capitale. Des gens criaient des véhicules « Je suis venu gratuitement » ("eu vim de graça"), « dehors le PT » ("fora PT")... 40% des Brésiliens à Brasilia aurait l'intention de voter pour Bolsonaro.

L'une des manifestations du groupe pro-Bolsonaro aujourd'hui à Brasilia traverse l'axe monumental de la capitale. La banderole : « Le Brésil exige à savoir #Qui a demandé de tuer Bolsonaro » (Le candidat avait été poignardé lors d'une campagne de Bolsonaro).

La source originale de cet article est Mondialisation.ca

Copyright ©  Micheline Ladouceur, Mondialisation.ca, 2018

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