24/10/2018 europalestine.com  5 min #147402

« Un choix cruel » : pourquoi Israël cible les écoles palestiniennes (vidéos)

Les ravages des attaques israéliennes sur l'éducation en Palestine

Salles de classe démolies, expulsion d'universitaires internationaux et refus de visa pour les chercheurs invités, l'année écoulée a vu s'intensifier la politique menée de longue date par Israel, visant à déstabiliser tout le système éducatif palestinien, et ce à tous les niveaux, rapporte le journal britannique The Independant, dans un article bien documenté.


Université palestinienne saccagée par l'armée israélienne

"Le milieu universitaire palestinien est contraint à un isolement croissant, coupé du monde par la politique israélienne", alerte Raja Shehadeh, l'écrivain palestinien de renommée mondiale, et avocat défenseur des Droits de l'Homme.

"La Palestine fait face à une politique délibérée de la part d'Israel, visant à faire obstruction au bon déroulement des cours en faculté : Que ce soit par des fermetures forcées, des raids jusqu'à l'intérieur des campus, les attaques contre des étudiants et des professeurs, se caractérisant par des arrestations arbitraires et des détentions sans aucune forme de procès.

Les attaques israéliennes sur les campus palestiniens sont une menace pour les droits de tous les humains, et un désastre pour toute une génération d'étudiants palestiniens, souligne Shehadeh.

Le droit fondamental à l'éducation est pourtant consacré par la législation internationale. En son article 26, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dispose : " Chacun(e) a droit à l'éducation", et "l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite". "

Mais les graves entraves imposées aux universités palestiniennes bafouent ce droit fondamental partout dans les territoires occupés.

Un aspect loin d'être négligeable réside dans la liberté d'aller et venir : tout ce système de barrages policiers et militaires en travers de nombreux chemins et routes, le mur de séparation, les routes autorisées aux seuls colons juifs, les colonies elles mêmes, qui contraignent les Palestiniens à passer des journées entières à zizaguer entre tous ces obstacles pour aller d'un point A à un point B, les délais toujours plus longs, se traduisent par des cours ratés ; un trajet qui, normalement, ne devrait pas dépasser les vingt minutes, peut facilement prendre deux heures.

Toutes ces heures de cours perdues à se faire harceler dans ces interminables barrages militaires, avec ce que tout cela implique en termes de stress et d'anxiété, ont "pour effet de démanteler, selon un processus bien appliqué, toute la société palestinienne, en faisant de l'éducation la cible privilégiée de ses attaques.", souligne
le groupe de défense des Droits de l'Homme Al Haq.

Cette organisation insiste sur le fait que toutes ces entraves faites à la liberté de circuler des étudiants (comme des écoliers) ont eu pour effet de supprimer toute possibilité de choisir librement son cursus universitaire, tout comme celui de choisir où s'inscrire, et particulièrement à quel niveau.

Cela affecte particulièrement les jeunes femmes étudiantes, car leurs parents sont très inquiets à l'idée de les laisser aller seules, au cours de trajets toujours plus longs et périlleux, étant donné les nombreux dangers qui composent une journée passée sous occupation militaire.

Ces peurs sont encore plus fortes à Gaza, qui est complètement isolée en raison de ce blocus sans fin, avec pour conséquence une situation désastreuse sur le plan humanitaire.

"Même si cette politique de l'occupant ne date pas d'aujourd'hui, il y a, à ce jour, un besoin urgentissime à sauver et protéger le droit à l'éducation pour la jeunesse palestinienne", déclare Sam Bahour qui a lancé la campagne sur le " Droit à Entrer".

L'année passée, par exempel, un nombre croissant de détenteurs de passeports étrangers, parmi lesquels de nombreux Palestiniens d'origine, mais dépourvus des documents requis en matière de résidence, exigés par la police israélienne), se sont vu refuser l'entrée au pays, ou bien l'indispensable renouvellement de leur visa.

La situation à l'université de Bir Zeit, près de Ramallah, où quinze étudiants sont particulièrement exposés à ce risque, est si désespérée qu'une déclaration y a été faite statuant sur le danger existant : "Si ces politiques persistent, les facs palestiniennes, celle de Bir Zeit incluse, seront complètement isolées de tout le milieu universitaire internationalement."

Deux professeurs de l'université ont récemment été contraints à l'exil.

Raja Shehadeh souligne cette "violence bureaucratique" dans Haaretz, avec "l'extrême incertitude créée de toute pièce par un système qui, délibérément, joue à délivrer un visa une année, pour le retirer un an plus tard."

"Les échanges universitaires sont vitaux à tout le milieu universitaire, ils en forment la pierre angulaire, - les opportunités d'étudier à l'étranger, de se rendre à des conférences, de s'enrichir des travaux de collègues invités à venir les exposer sur place, d'un panel divers et varié d'étudiants et de profs-, tout cela, à n'en pas douter, découle de la bonne application de l'article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix."

Or, les étudiants palestiniens ont très peu d'options pour poursuivre leur cursus à l'étranger et ont du mal à garder le contact avec tous les autres campus au niveau international.

"Il faut, conclut Raja Shehadeh que "cesse cette mise en quarantaine, de fait, que leur impose Israel vis-à-vis du monde entier."

Reportage de Sophia Brown

(Traduit par Lionel R. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source :  independent.co.uk

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