07/11/2018 reseauinternational.net  7 min #147980

Nous n'attendons pas de celui qui assiège les enfants de Gaza et tue les enfants du Yémen qu'il reconstruise la Syrie

Par Jamal Mohsen Aflak

Lorsque vous visitez Damas, vous devez traverser les villages environnants et vous y trouverez ce que le terrorisme a laissé derrière lui : des maisons détruites, des tunnels et des dépôts d’armes de provenances diverses. Certaines caisses portent l’inscription de l’armée saoudienne, d’autres celle du Qatar… Et ne soyez pas surpris de découvrir une arme gravée « Made in Israël ». Cette guerre mondiale a été soutenue par tous ceux qui voulaient détruire la Syrie et son indomptable capitale Damas. Les rêves des envahisseurs étaient grands, celui-ci rêvait de passer par l’aéroport de Damas, celui-là voulait prier dans sa Grande Mosquée, et les plus modestes rêvaient de hisser à nouveau le drapeau du mandat français sur la Place Marjeh. On voyait cette scène il y a à peine quelques années, et pour parcourir quelques kilomètres, il fallait rouler à des vitesses supérieures à cent quarante kilomètres par heure ; le rôle des snipers était de vous empêcher de pénétrer à Damas rien que pour isoler la capitale, y tuer la vie et empêcher tout mouvement d’entrée ou de sortie.

Cette stratégie a été appliquée par les gangs terroristes dans toutes les villes syriennes, leur préoccupation permanente était de couper les routes internationales et priver la population de se déplacer. Pour ne pas se noyer dans les appellations et les nationalités, nous nous limiterons à les décrire par « groupes terroristes multinationaux » qui arrivaient de Turquie, de Jordanie et d’une partie du Liban.

Sept ans et demi durant lesquels les balles n’ont pas arrêté de siffler, les médias anti-syriens n’ont pas cessé de semer la mort et la peur, diffusant, à travers les déclarations de tous bords impliquant des ministres et des chefs de gouvernement et utilisant des chefs d’État, ce spectacle publicitaire dévastateur pour répandre la terreur chez les Syriens et les détruire psychologiquement, pour briser leur détermination et les faire capituler et agiter le drapeau blanc en se soumettant à ce terrorisme. Même la carte empêchant le retour des réfugiés a été utilisée de la façon la plus ignoble.

La dernière de ces déclarations, répandue dans les réseaux sociaux, est celle du président Abdel Fattah Sissi qui a annoncé que l’Egypte ne paiera pas pour la reconstruction de la Syrie et n’y contribuera pas même avec un dollar. La somme est élevée, et Sissi nous a accusés d’avoir ruiné le pays et de l’avoir détruit ; comment payer ou contribuer à reconstruire ce que nous avons nous-mêmes démoli ?

Dans la forme, cette déclaration peut être vraie pour les gens simples, mais dans le fonds, elle est irresponsable car ne pouvant être tenue par une personne jouissant d’une vision politique minimale de la réalité de la région. Les Syriens n’ont pas démoli leur pays, ils ont défendu non seulement leur patrie mais le monde entier…. C’est en Syrie que les marées daechistes et terroristes se sont arrêtées. Si ces vagues avaient gagné en Syrie, elles auraient atteint les quatre coins du monde. C’est en Syrie que le mythe de l’illusion daechiste s’est effondré et c’est en Syrie que la plupart des chefs terroristes de Tunisie, d’Afghanistan, d’Égypte, d’Arabie saoudite et de Jordanie ont été éliminés, parce que l’armée syrienne a combattu ce terrorisme soutenu par les États-Unis, Israël et leurs laquais des pays arabes.

Ce terrorisme n’avait aucune chance de se développer sans le soutien politique et matériel auquel plus de 100 pays, dont l’Égypte, ont contribué. Comment Sissi peut-il nous accuser de détruire notre pays ? Est-il possible que le chef de l’Etat qui possède le plus vieux service de renseignement du monde arabe ne sache pas qui a saccagé la Syrie et qui a voulu déchirer son peuple ?

Qui visite la Syrie aujourd’hui ne s’attend pas à ce qu’il verra et n’y croira pas. La vie dans les villes syriennes ne raconte pas un peuple qui a vécu une guerre de sept ans. Le visiteur sera surpris de constater que le pain est toujours subventionné et disponible, que les récoltes et produits agricoles réapparaissent sur les marchés et que les Syriens se déplacent à nouveau en toute sécurité entre les villes syriennes. Dès la réouverture du point de passage Nassib sur la frontière syro-jordanienne, le monde a découvert que c’est encore la Syrie, économiquement assiégée, qui donne généreusement aux Etats du siège et non l’inverse.

Nous n’avons pas besoin de l’appui d’un État dont la dette est le double de son PNB et où les gens s’entretuent pour une miche de pain. Si cette déclaration est destinée à une représentation politique intérieure, elle ne nous concerne pas en tant que Syriens, parce que ceux qui ont participé au siège des Palestiniens et au meurtre des enfants du Yémen ne contribuera pas à redonner la vie aux enfants syriens.

Jamais nous n’avons entendu le gouvernement syrien mendier le secours de qui que ce soit, avant ou pendant la guerre ; alors comment Sissi peut-il refuser ce que nous ne lui avons jamais demandé, ni à lui ni aux autres ?

Le monde doit comprendre, et le gouvernement égyptien en particulier, que la ville du 6 octobre a été réanimée grâce aux Syriens qui se sont réfugiés en Egypte et qui sont devenus une puissance économique efficiente, alors que le gouvernement égyptien n’a pas déboursé un dollar pour eux. Ce sont eux qui ont contribué à la relance de l’économie égyptienne.

Nous ne vendrons pas de gaz à Israël et nous n’attendrons pas le blé des Etats-Unis ni les dépôts des Saoud dans nos banques pour reconstruire la Syrie. Nous nous contentons de défendre le monde et il nous suffit que le soldat syrien ait combattu sur tous les fronts avec honneur et conviction. En Syrie, nous croyons aux alliés du peuple syrien qui ont combattu avec lui et pour lui sans condescendance aucune. En Syrie, notre devise est « nous sommes tous la Syrie, nous aurons toujours foi en la vie et nous construisons notre destin ». Que personne au monde n’attende que nous pliions. Notre serment est que la Syrie deviendra meilleure qu’elle ne l’était, en un temps record et sans le soutien de quiconque. Ceux qui ne connaissent pas les Syriens devraient se souvenir du blocus européen dans les années 1980 et comment le peuple syrien en est sorti plus fort qu’il ne l’était. L’essence des Syriens apparaît en période de crise, non en temps de prospérité et de paix …

Article en arabe :  al-binaa.com

traduit par Rania Tahar

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