18/11/2018 reseauinternational.net  9 min #148427

À trois semaines de la tenue du prochain G20 à Buenos Aires, Attac est la cible du gouvernement argentin

Presque un état de siège dans l'attente du Sommet du G-20, la chasse aux anarchistes et aux islamistes

par Rubén Armendáriz

Dans le contexte des attaques présumées à Buenos Aires ces derniers jours attribuées à des anarchistes et de la détention de personnes accusées d’être liées au Hezbollah, le gouvernement argentin a commencé à « intensifier les tâches » de coordination sécuritaire avec les agences de renseignement et les responsables des services secrets présidentiels d’au moins sept pays, avant le sommet du G20 qui se tiendra à la fin du mois.

Les rues du centre-ville de Buenos Aires se vident des Argentins et on y trouve maintenant des touristes brésiliens et chiliens et des agents des services de renseignements, notamment américains et israéliens (Israël ne participe pas au Sommet), qui conseillent le gouvernement argentin en exhibant leurs équipements de communication, dissimulant leurs armes et montrant leur arrogance.

Buenos Aires assiégée

La Ministre de la Sécurité a lancé une recommandation inhabituelle aux habitants de la ville de Buenos Aires pour le sommet du G20 qui se tiendra à la fin du mois. « Laissez-les partir, profitez du long week-end« , a déclaré Mme Bullrich, qui prépare une opération « avec un grand nombre de forces de sécurité dans la rue« . Personne n’en doute.

« Dans la ville, il y aura beaucoup de zones fermées. Les décisions que nous prendrons s’il y a violence seront immédiates« , a-t-elle déclaré, évoquant des scénarios de manifestations violentes et s’appuyant sur l’apparition récente d’engins explosifs artisanaux fabriqués par des groupes anarchistes.

Selon le site officiel Infobae, le Ministère de la Sécurité, dirigé par Patricia Bullrich, et la Direction des Migrations, dirigée par Horacio García, entretiennent des contacts permanents avec des experts internationaux en sécurité venus d’Allemagne, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d’Israël, de France, de Chine, et d’Australie.

La semaine dernière, une première équipe des agences de renseignement et des services secrets des présidents des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Chine est arrivée en Argentine. Ils seront rejoints la semaine prochaine par les chefs de la garde présidentielle des autres pays du G20. Tous sont venus évaluer le « terrain d’opérations » et les zones les plus sensibles pour la sécurité des présidents.

La Direction des Migrations a signalé qu’Interpol et les services de renseignement de plusieurs pays ont déjà envoyé une liste contenant des informations sur des personnes ayant participé à d’autres incidents lors des sommets du G20.

Anarchistes et islamistes

Treize citoyens ont été arrêtés à la suite des attentats à la bombe artisanale de mercredi dernier, l’un dans la maison du Juge controversé Claudio Bonadío, où a été jeté un explosif qui n’a pas détoné, et un autre au cimetière Recoleta du Mausolée de Ramón Falcón (tué le 14 novembre 1909 par Simón Radowizky) où une bombe artisanale a explosé dans les mains d’une militante anarchiste, lui a arraché trois doigts et lui a transpercé la tête.

Le gouvernement et la Délégation des Associations Israélites Argentines (DAIA) ont déployé beaucoup d’énergie pour la détention de deux citoyens argentins, Axel Abraham Salomón et Kevin Abraham Salomón, de famille libanaise, affiliés au Hezbollah. Il a été mentionné l’existence d’un arsenal qui – selon la défense des deux frères – est constitué d’armes anciennes, appartenant à leur arrière-grand-père et dont ils possèdent tous les permis et les factures d’achat. Aussi les cartes de l’arrière-grand-père du Tir Fédéral et du Club de Chasse ont été données.

L’origine de la plainte était un courriel anonyme – une méthode de police ou des services de renseignement habituelle – adressée au DAIA qui, à son tour, a été présenté aux tribunaux. Le chef de l’entité sioniste, Alberto Indij, a fait valoir que l’Argentine pourrait être le théâtre d’épisodes tels que ceux qui se vivent actuellement en Europe et au Moyen-Orient. « Aujourd’hui, nous pouvons avoir des problèmes au coin de la rue« , a-t-il déclaré, faisant référence aux citoyens français et belges des pays arabes qui ont pris part aux attentats.

Dans la communauté islamique, la détention a provoqué un vif mécontentement. Les frères Abraham Solomon font partie d’une famille bien connue de Floresta. Un porte-parole de la communauté a déclaré que :

« Nous vivons dans un climat permanent de persécution ; ils veulent ruiner la vie de deux jeunes très sains« .

La nouvelle escalade contre les anarchistes a permis au parti au pouvoir de mettre rapidement de côté l’approbation du budget 2019, avec les ajustements convenus avec le Fonds Monétaire International. Le président a déclaré que les faits « sont alarmants » quelques jours avant le sommet du G20 et « ont attiré l’attention du gouvernement ».

Couvrir une catastrophe économique et sociale

De toute évidence, le gouvernement profite de ces questions pour se concentrer sur le désastre économique, tout en entretenant un climat de crainte pour la sécurité autour du G-20, et il montre ces épisodes comme la découverte de groupes terroristes, bien qu’on ait vu la précarité de leurs actions avant l’intention de faire une large publicité aux faits. Macri a averti qu’ils agiraient « avec tout le poids de la loi », tandis que la Ministre Bullrich n’a pas hésité à parler des attaques et de la relation entre elles.

Comme à l’époque où l’Eglise avait les Mapuches comme ennemis, le gouvernement argentin est parti à la traque des anarchistes. « Nous allons agir avec tout le poids de la loi« , a déclaré Macri. La Ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich n’a pas hésité à qualifier ces attaques « d’attentats » et a assuré que les deux événements étaient liés. Macri est resté plus prudent sur ce point et a déclaré qu’il allait enquêter pour déterminer s’il y avait un lien.

Selon des sources judiciaires dont la presse locale fait état, le gouvernement a fait pression sur les tribunaux fédéraux pour qu’ils enquêtent sur des personnes liées à d’éventuels attentats ou incidents autour du sommet du G20, sous l’impulsion des services de renseignement argentins, qui subissent des pressions des services étrangers, notamment ceux des États-Unis et d’Israël.

La campagne du gouvernement argentin avait des interprétations différentes. Le gouvernement de Grande-Bretagne a averti ses citoyens de la possibilité d’attentats et la Ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a réagi pour démentir. « Nous ne sommes pas d’accord. Nous pensons qu’en Argentine, nous suivons de près tous les événements qui peuvent se produire et nous espérons que ces jours-ci, ils réexamineront cette situation », s’est plainte Bullrich au Foreing Office.

Comme il en a l’habitude, Macri a mis de côté la présomption d’innocence et n’a pas douté un seul instant de la version policière. Le Secrétaire à la Sécurité de la ville autonome de Buenos Aires, Marcelo D’alessandro, a soutenu qu’il s’agissait de « groupes anarchistes dangereux » et a fait remarquer que d’autres événements similaires ne pouvaient être exclus avant le sommet du G20.

L’usine de fakenews sera-t-elle à nouveau utilisée pour justifier la poursuite de la répression ? Le Sommet ne sera pas une fête pour les Argentins, invités par le gouvernement à quitter la capitale, qui sera occupée sur toute sa côte par les forces de sécurité.

Source :  Casi un estado de sitio en espera de la Cumbre del G-20, cazando anarquistas e islamitas

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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