02/12/2018 lesakerfrancophone.fr  8 min #149048

Tentative de diabolisation de la Chine sur sa politique au Xinjiang

Par Laurent Schiaparelli − Novembre 2018

Suivant un énième scénario funeste sorti des tiroirs du Pentagone, la Chine se trouve depuis quelques semaines dans le rôle du nouvel « ennemi du jour » des États-Unis, qui viennent de se rendre compte que leur campagne anti-russe des deux dernières années, loin de déstabiliser Trump, n'avait pour résultat que de rapprocher la Russie de la Chine. Si en 1972, en pleine guerre froide, Nixon s'est rapproché de Zhou Enlai pour isoler la Russie, c'est aujourd'hui la même politique que suit l'État profond américain, cette fois-ci à l'envers, en tentant une détente avec la Russie pour isoler la Chine.

Poutine et Lavrov s'étant révélés être de trop fins stratèges et des diplomates d'exception pour être poussés à la faute, l'État profond américain redimensionne sa machine de propagande contre la Chine, qui se trouve être de nouveau la cible de critiques occidentales, cette fois-ci sur sa politique de maintien de l'ordre dans la province du Xinjiang.

Comme à chaque fois que l'Empire anglo-sioniste tente de dé-stabiliser un pays, le même « kit de diabolisation » est activé :

Écoutons d'abord les accusations du « procureur », l'ONU, et les « faits » qui ont déclenché l'indignation des médias occidentaux : un million de personnes « seraient incarcérées » au Xinjiang (soit un Ouïghour sur dix). Aucun début de preuve ou de source n'est sont apporté par le comité de l'ONU qui a sorti ce chiffre d'on ne sait où, se contentant de citer « des sources crédibles ».

La Chine fait face à une menace réelle sur sa population et son territoire. Ces menaces ont été proférées publiquement, vidéo à l'appui, par des membres de Daesh et d'ETIM (East Turkestan Islamic Movement). Le gouvernement chinois n'est pas naïf quant à l'origine et aux soutiens de ces groupes terroristes, ni sur la duplicité de la Turquie dans cette affaire ; à savoir la présence de 200 000 Turkmènes résidant au nord de la Syrie, recevant protection et entraînement de la Turquie, et qui pourraient être « renvoyés » à la frontière entre le Turkménistan et la Chine, comme force de déstabilisation du Turkestan chinois si la relation sino-turque venait à s'envenimer, comme cela a souvent été le cas dès qu'il a été question de la minorité ouïghoure en Chine.

La Chine surveille depuis le début de la guerre en Syrie la présence de djihadistes ouïghours sunnites du Turkistan Islamic Party (TIP, l'autre nom d'ETIM, est un des groupes fondateurs de la nébuleuse « qui fait du bon boulot » al-Nosra, considérée comme une organisation terroriste par l'UE et les États-Unis) qui sont aujourd'hui principalement regroupés à Idlib.

La Chine, comme la Russie, souhaite traiter le problème à la source, et ne laissera pas ces djihadistes sur-entraînés rentrer en Chine, ou même en Asie centrale, où ils iraient grossir les rangs de leurs compères en Afghanistan, au Kazakhstan et au Turkménistan, pays limitrophes de la Chine.

La Chine rééduque certains de ses citoyens ouïghours qui sont tentés de se radicaliser sur son sol, mais ne laissera pas rentrer au pays, ni n'essaiera futilement de dé-radicaliser ceux qui sont partis en Syrie pour une orgie de violence sous un prétexte religieux. La série « Les Bisounours » n'ayant jamais été diffusée en Chine, il n'y a dans ce pays aucun projet de « centres de dé-radicalisation » à la française.

La participation chinoise à la résolution du conflit syrien est un fait : elle a pris d'abord la forme d'un soutien d'ordre financier et matériel, et il semble que le volet humain, s'il n'est pas déjà discrètement déployé, le sera sous peu, ne serait-ce que sous la forme de conseillers et personnels de renseignement.

La Chine, au contraire des pays occidentaux, n'hésite pas à prendre son problème à bras-le-corps de façon préventive : rééducation au Xinjiang des nervis radicalisés, surveillance physique accrue dans les villes du Xinjiang, surveillance des réseaux sociaux, demande aux Ouïghours de faire serment d'allégeance au Parti, enseignement du mandarin obligatoire dans la province du Xinjiang, etc.

Des ONG étrangères comme Reporters sans frontières et Human Rights Watch, sans aucune possibilité d'enquêter sérieusement sur le terrain, s'essaient à peindre un tableau « holocaustique » de la condition des Ouïghours au Xinjiang et à sermonner le « régime totalitaire » chinois sur la condition des journalistes, sans réussir à faire dévier le gouvernement de son objectif : sanctuariser son territoire de toute tentative extérieure d'attiser le séparatisme ouïghour, et garantir la sûreté de sa population, pour pérenniser son projet de développement économique de toute la région le long des Nouvelles routes de la Soie.

Contrairement à ce que des publications comme Foreign Policy (fondée en 1970 par Samuel Huntington, Choc des civilisations, et Warren Demian Manshel, membre du Council for Foreign Relations au côté de sommités telles que le Dalaï lama, Francis Fukuyama Fin de l'Histoire, Madeleine Albright, Colin Powell, Condolezza Rice, Paul Wolfowitz, Henry Kissinger, Joe Biden, Bush père, Brzezinski, le couple Clinton, John McCain, George Soros, toute la famille Rockefeller, etc. affirment avec des arrières-pensées dissimulées, cette politique chinoise n'a rien d'anti-musulman. Elle ne concerne que la province du Xinjiang, celle où la menace terroriste existe bel et bien et menace de s'étendre au reste du pays, comme cela a été le cas à plusieurs reprises ces dernières années, les terroristes ouïghours allant frapper loin de leur base, à Beijing, Chengdu, Jinan et Guangzhou par exemple.

Cette campagne de pacification au Xinjiang ne vise pas les musulmans de Chine, comme osent l'écrire avec la malveillance qui les caractérise les médias occidentaux, mais plutôt certains éléments dans la province du Xinjiang que le gouvernement chinois a ses raisons de suspecter, selon les informations qu'il détient. Les autres ethnies musulmanes de Chine, autrement plus nombreuses que les Ouïghours, ne se plaignent d'aucune discrimination.

La campagne contre le radicalisme religieux appelée « Campagne de grève acharnée contre l'extrémisme violent » a débuté au Xinjiang en 2014. La personne chargée de cette campagne au Xinjiang est Chen Quanguo, ancien directeur du Parti de la province du Tibet, où il avait mené avec succès la même campagne pour désamorcer les tentatives de séparatisme sur fond de pratiques religieuses, bouddhistes celles-ci, mais orchestrées et soutenues médiatiquement par les mêmes depuis Washington. On notera au passage l'étonnante présence du Dalaï lama au sein du Council for Foreign Relations, cité plus haut, véritable nid à « néocons », à l'origine de toutes les déstabilisations géopolitiques des 40 dernières années.

Ce que subissent avec plus ou moins de résignation les Chinois, toutes ethnies confondues, toutes provinces confondues, est une campagne nationale de pacification et de sécurisation, de surveillance accrue du territoire et de la population, notamment son utilisation des réseaux sociaux et son accès aux médias étrangers.

Étant donné le contexte géopolitique délicat dans lequel la Chine se trouve, au centre de la cible que visent les États-Unis dans toutes leurs tentatives de déstabilisation par proxy interposés (Corée du Sud, Taïwan, Japon, Hong Kong), peut-on blâmer le gouvernement chinois de s'assurer que l'offensive ne proviendra pas d'abord d'agents manipulés ou sympathisant avec l'étranger dans la province du Xinjiang, sous la forme d'une énième « révolution de couleur » ?

Il n'y a décidément qu'en Occident au XXIe siècle qu'on s'indigne qu'un gouvernement ait à cœur la protection de sa population, le maintient de la paix sociale entre les communautés religieuses, le respect de son intégrité territoriale, et la neutralisation de l'influence d'agents étrangers.

Laurent Schiaparelli

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