14/12/2018 les-crises.fr  6 min #149617

Un autre journaliste aurait été tué par les autorités saoudiennes. Mais qui s'en soucie ? (South Front)

Twitter « a donné à l'Arabie Saoudite des informations ayant finalement conduit à la mort d'un journaliste »

Source :  Metro, Lucy Middleton, 09-11-2018

Lucy Middleton

Le vendredi 9 novembre 2018

Twitter a été sous le feu des critiques après qu'un autre journaliste dissident ait vraisemblablement été torturé et tué en Arabie saoudite.

Turki Bin Abdul Aziz Al-Jasser a été arrêté le 15 mars pour avoir prétendument géré un compte Twitter appelé Kashkool, qui dénonçait les violations des droits humains perpétrées par les autorités saoudiennes et la famille royale.

Il est finalement mort en détention, sous la torture, affirme  le Nouveau Khaleej, ce qui a provoqué une nouvelle indignation à la suite d'une supposée fuite d'informations qui aurait conduit à sa capture.

Turki bin Abdul Aziz al-Jasser aurait été arrêté en raison de son compte Twitter (Photo : TurkialjasserJ/ Twitter)

« C'est par l'antenne Twitter de Dubaï qu' ils ont obtenu ses informations. C'est ainsi qu'il a été arrêté », a déclaré à Metro.co.uk une source qui souhaite rester anonyme.

« Twitter est devenu peu sûr pour les dissidents ou les opposants. Tout le monde parle sous la menace et la pression. »

« Les comptes des dissidents saoudiens sont espionnés. Nous ne sommes pas en sécurité quand nous utilisons Twitter. »

La source a également affirmé que Saud al-Qahtani, l'ancien conseiller de la Cour royale, dirige un « réseau d'espionnage cybernétique » et a des contacts au bureau Twitter de Dubaï.

Ils affirment qu'une soi-disant « taupe Twitter » a transmis des informations sur Al-Jasser, ce qui a conduit à son arrestation au début de cette année.

Beaucoup de gens pensent qu'il est devenu dangereux pour eux d'exprimer leurs opinions sur les autorités saoudiennes via Twitter (Photo : Getty Images)

Ils ne sont pas les seuls. Après la nouvelle de la mort présumée d'Al-Jasser, pour tenter d'accuser la plate-forme d'être « dangereuse », de nombreuses personnes ont commencé à utiliser le hashtag #TwitterKilledTurkiAlJasser [#TwitteraTueTurkiAlJasser, NdT]

« Nous voulons que justice soit faite pour les militants qui ont été arrêtés à cause de Twitter », a déclaré une personne sur Twitter.

Une autre a dit : « Twitter [n'est] plus sûr », tandis qu'une troisième a écrit : « Twitter doit revoir sa politique de confidentialité. Littéralement, des vies sont en jeu ici. »

Al-Qahtani, qui a été démis de ses fonctions à la suite de la mort du journaliste Jamal Khashoggi, a fait allusion aux « trois méthodes » utilisées par les autorités pour démasquer les militants sur les réseaux sociaux l'année dernière.

Dans un tweet de 2017, il a prévenu que les pseudos ne pouvaient pas protéger les dissidents.

Saud al-Qahtani a tweeté sur les « méthodes » utilisées pour traquer les dissidents qui utilisent Twitter, écrivant en ligne : « Est-ce que votre pseudo vous protège de la # liste noire » ?

Al-Qahtani a écrit en ligne : « ton pseudo te protège de la liste noire ? »

« No. 1. Les États ont les moyens de connaître le propriétaire du nom. 2 - L'adresse IP peut être identifiée par de nombreux moyens techniques. 3- Le secret que je ne vais pas dévoiler ».

La source a déclaré que son tweet est « considéré comme une menace sérieuse ».

Twitter déclare maintenant que  les accusations portées à son encontre sont fausses.

« Nous avons des équipes dans le monde entier qui travaillent à améliorer la sécurité de la conversation publique », a déclaré aujourd'hui un porte-parole de Twitter Public Policy.

Aucune de ces équipes d'exécution des politiques n'est basée dans la région MENA [Middle East and North Africa, NdT], y compris notre bureau de Dubaï. Les récentes accusations qui diraient le contraire sont fausses.

« Nous restreignons rigoureusement l'accès aux renseignements sur les comptes sensibles à un petit groupe d'employés ayant reçu une formation approfondie à la sécurité et à la protection des données personnelles. Aucun autre membre du personnel n'a la possibilité d'accéder à ces informations, quel que soit son lieu de travail. »

« Nous nous engageons à protéger ceux qui utilisent nos services pour défendre l'égalité, les libertés individuelles et les droits humains. »

« Nous continuerons à prendre des mesures pour renforcer la protection de leur vie privée et leur sécurité en général. »

L'assassinat présumé d'Al-Jasser survient un mois à peine après  l'assassinat de Khashoggi, journaliste du Washington Post, dans les murs du consulat saoudien d'Istanbul.

Source :  Metro, Lucy Middleton, 09-11-2018

Traduit par les lecteurs du site  les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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