23/12/2018 reseauinternational.net  5 min #149971

L'ancien président américain George H.w. Bush est mort à 94 ans

L'héritage de George Bush au Panama

par Olmedo Beluche

George H. W. Bush est mort. Comme un bon César de l’empire américain, il a laissé son héritage de mort et de destruction dans certains territoires contrôlés depuis la Rome moderne, Washington. L’Irak et le Panama partagent le regrettable « honneur » d’être devenus les trophées de guerre de l’empereur récemment décédé.

A ce jour, l’invasion qu’il a ordonnée le 20 décembre 1989 contre le Panama reste l’événement le plus sanglant de l’histoire du pays. Plus sanglante que le 9 janvier 1964, que l’indépendance de l’Espagne et la séparation de la Colombie. Pour trouver quelque chose d’aussi sanglant, il faut remonter à la Guerre de mille jours ou aux massacres des conquérants espagnols Balboa, Pedrarias et Gaspar de Espinosa.

Le sismographe de l’Université du Panama a enregistré 417 impacts de bombes dans les 14 premières heures de l’invasion. Sur ce total, 66 bombes sont tombées dans les 4 premières minutes.

Dans mon livre « La vérité sur l’invasion« , j’ai écrit :

« En une nuit, les troupes américaines ont tué 100 fois plus de Panaméens que 21 ans de régime militaire. En une seule semaine, 100 fois plus de prisonniers politiques ont été faits qu’en 5 ans de régime norieguiste… des civils innocents qui n’étaient pas au combat ont été tués… des enfants et des femmes enceintes sont morts… ».

L’invasion a produit 2000 blessés comptés par la Croix-Rouge, 18 000 personnes ont perdu leurs maisons à El Chorrillo, qui ont été brûlées par les troupes américaines, et non par les « bataillons » comme il a été faussement prétendu. Plus de 5 000 personnes, y compris des militaires et des civils, ont été arrêtées et emmenées dans un camp de concentration dans la ville de Nuevo Emperador. Pour le secteur privé, les pertes matérielles se sont élevées à 400 millions de dollars. Le secteur public n’a jamais fait le bilan de ses pertes.

Combien y a-t-il eu de morts ? On ne sait pas de manière certaine pourquoi tous les gouvernements qui se sont succédés depuis 1990 ont été complices de la dissimulation de ces crimes et n’ont pas enquêté. Le gouvernement de Juan C. Varela a établi une Commission du 20 décembre, qui doit remplir la mission de clarifier le nombre de morts, entre autres choses. Nous attendons avec impatience les résultats de leurs enquêtes.

Le Commando Sur a reconnu 314 soldats panaméens tués au combat, contre 23 Américains. Il n’a pas reconnu les victimes civiles. Mais le Comité Panaméen des Droits de l’Homme a reconnu en 1990 qu’il avait une liste de 556 morts, dont 93 disparus. Le directeur de l’hôpital Santo Tomás nommé par Guillermo Endara Galimany a parlé de 61 cadavres dans sa morgue et de 70 à 80 autres dans celle de la Caisse de sécurité sociale. Isabel Corro, du Comité des Victimes du 20D, a parlé de plus de 1 000 personnes, et Ramsey Clark, un ex-procureur américain qui était au Panama, a spéculé sur plus de 7 000 morts.

Ceux qui ont tenté de blanchir la responsabilité de George H. Bush dans ces crimes attribuent l’entière responsabilité au Général Manuel Noriega, affirmant que :

« L’invasion devait nous sauver du dictateur et nous apporter la démocratie« .

Mais toute personne intelligente peut mesurer les conséquences de l’invasion du 20D près de trois décennies plus tard : un régime politique antidémocratique et corrompu ; un modèle économique néolibéral injuste ; un canal au service de l’oligarchie ; une politique étrangère soumise au Département d’État Américain. Sans aucun doute, nous subissons encore aujourd’hui les effets de l’invasion ordonnée par G.H. Bush.

Source :  El legado de George Bush en Panamá

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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