L’armée syrienne a annoncé être entrée dans la ville de Manbij et y a hissé le drapeau syrien, parallèlement à la déclaration des forces démocratiques syrienne « FDS » marquant leur soutien à cette entrée pour couper la route à la Turquie, tandis que le président turc affirmait que « l’armée syrienne mène une guerre psychologique à Manbij ».
Les unités de protection du peuple (YPG) ont appelé le gouvernement syrien à contrôler la ville de Manbij pour la protéger de la menace des attaques turques.
Les unités, que la Turquie considère comme un groupe terroriste et s’est engagée à écraser, ont affirmé que leurs combattants s’étaient retirés de Manbij pour lutter contre ISIS en Syrie orientale.
« Nous appelons l’Etat syrien auquel nous appartenons, en termes de territoire, de peuple et de frontières, à envoyer ses forces armées pour recevoir ces positions et protéger la région de Manbij des menaces turques », ont déclaré ces unités dans un communiqué.
Dans ce même communiqué daté de ce vendredi, les unités précisent : « Après notre retrait de la région de Manbij, nous nous consacrons à mener la guerre contre ISIS et autres groupes terroristes dans l’est de l’Euphrate et dans d’autres régions ».
Immédiatement, le commandement général des forces armées syriennes a annoncé que : « Sur la base de notre engagement à assumer les responsabilités nationales, nous avons répondu à l’appel de la population de Manbij », notant que des unités de l’armée sont entrées dans Manbij et ont hissé le drapeau syrien sur les bâtiments officiels de la ville.
Dans son communiqué, le commandement général a souligné l’importance d’unir les efforts de tous les compatriotes pour sauvegarder la souveraineté nationale, renouvelant « la confirmation et la détermination à écraser le terrorisme et à expulser les envahisseurs du sol syrien ».
Il a également assuré la garantie de « la sécurité totale de tous les citoyens syriens et des autres ressortissants présents dans la région ».
Notre correspondant sur le terrain a rapporté que les habitants de Manbij ont hissé les drapeaux syriens sur leurs demeures, dans une liesse populaire dans l’est et le nord-est syriens, après l’entrée de l’armée.
Pour sa part, la porte-parole des forces démocratiques syriennes « fds », Jihan Ahmad, a déclaré soutenir l’entrée de l’armée syrienne à Manbij et travailler avec Damas pour barrer la route à la Turquie. Elle a précisé que l’accord s’appliquait aussi à la région orientale de l’Euphrate.
Ce qui est notoire, c’est ce qu’a rapporté le correspondant sur le terrain d’Al-Mayadeen, faisant état de la présence massive d’avions de la coalition américaine dans le ciel de Manbij en concomitance avec le déploiement de l’armée syrienne.
En réaction, le Kremlin a salué le contrôle de Manbij par l’armée syrienne, annonçant que les pourparlers avec les ministres turcs de la défense et des affaires étrangères à Moscou porteront sur le contrôle de la ville par l’armée syrienne et l’opération militaire turque dans la région.
Le Kremlin a précisé que la réunion du Conseil national de sécurité russe, présidée par le président Vladimir Poutine, « a positivement évalué l’expansion de la zone contrôlée par l’armée syrienne ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dans sa première déclaration après l’opération syrienne d’aujourd’hui, a affirmé que : « l’armée syrienne mène une guerre psychologique à Manbij et rien n’est encore sûr, selon certains responsables russes, et son pays cherche à donner une leçon aux militants kurdes en Syrie », tandis que le ministère turc de la Défense a appelé « toutes les parties à s’abstenir de prendre des mesures de nature à déstabiliser la région ».
Ceci intervient au moment où le quotidien britannique Daily Mail rapporte dans un rapport que Moscou avait averti la Turquie de rester hors de Syrie et de permettre à l’armée syrienne de reprendre les zones qui seraient évacuées après le retrait des troupes américaines par le président Donald Trump, alors qu’Ankara préparait une offensive militaire pour expulser les combattants kurdes du nord syrien.
Reuters : Des responsables kurdes se sont rendus à Moscou pour exhorter l’armée syrienne à protéger les frontières contre une attaque turque
L’agence Reuters, citant des sources politiques dans le nord de la Syrie, a déclaré que des responsables kurdes se sont rendus à Moscou la semaine dernière pour l’exhorter à inciter l’armée syrienne à protéger les frontières contre une attaque turque.
L’agence, citant celui qu’elle a décrit comme l’architecte du plan d’autonomie kurde dans le nord de la Syrie, a rapporté que les responsables kurdes prévoient une deuxième visite dans la capitale russe pour que celle-ci fasse pression sur le gouvernement syrien afin qu’il « remplisse son devoir souverain ».
L’agence a également cité un autre responsable, qui faisait partie de la délégation kurde qui s’est rendue à Moscou la semaine dernière, et qui a déclaré que diverses options pour repousser l’offensive turque, après la décision des États-Unis de se retirer du nord de la Syrie, étaient à l’étude.
Pendant ce temps, les troupes turques continuent d’envoyer des renforts en Syrie, et un grand nombre de ces renforts sont arrivés dans la province méridionale de Gaziantep, frontalière avec la Syrie.
L’Agence Anadolu a indiqué que la colonne militaire était partie de la province de Tekirdağ (nord-ouest du pays) et comprenait des véhicules blindés de transport de troupes et des équipements militaires.
De Gaziantep, la colonne militaire s’est dirigée vers la province de Diyarbakır (sud-est de la Turquie).
L’importance de la ville de Manbij
La ville de Manbij, rattachée au gouvernorat d’Alep, est située à environ 85 km d’Alep et relie Alep, Raqqa, Mossoul et Gaziantep. C’était une zone de circulation pour ISIS dans les deux sens.
En 2017, la population de la ville était de 70 000 habitants, composée de Kurdes, Arabes, Circassiens et Turkmènes. Les Kurdes constituent 25% de la population.
Manbij se trouve à 65 kilomètres au sud-ouest de la ville d’Ain al-Arab (Kobané), et était tombée aux mains d’ISIS dès le début de 2014.
Les forces démocratiques syriennes avaient lancé une opération militaire dans cette région en début de juin dernier. Deux mois après, la ville a été libérée de l’organisation.
En début d’année, les « FDS » soutenues par les Etats-Unis ont déclaré que la Turquie serait confrontée à une « réponse appropriée » si elle exécutait sa menace d’étendre son offensive contre les factions armées kurdes en Syrie du Nord jusqu’aux frontières de l’Irak.
Erdogan avait juré de débarrasser les frontières de son pays avec la Syrie des combattants kurdes, affirmant que l’opération « Branche d’olivier » était exclusivement dirigée contre les terroristes et ne visait pas les civils.
Article en arabe :
http://www.almayadeen.net/news/politics/925116/%D8%A8%D8%B9%D8%AF-%D8%B7%D9%84%D8%A8–%D9%88%D8%AD%D8%AF%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D8%AD%D9%85%D8%A7%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%83%D8%B1%D8%AF%D9%8A%D8%A9—–%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%8A%D8%B4-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D9%88%D8%B1%D9%8A-%D9%8A%D8%AF%D8%AE%D9%84-%D8%A5%D9%84%D9%89-%D9%85%D9%86%D8%A8
traduit par Rania Tahar