18/01/2019 cetri.be  3 min #150911

Michel Midi. Elections au Congo: pourquoi tant de puissances s'y intéressent?

L'Union africaine appelle les autorités de la Rdc à suspendre la proclamation des résultats du scrutin du 30 décembre.

 Hubert leclercq

Le président en exercice de l'Union africaine, le Rwandais Paul Kagame, a indubitablement marqué tous les esprits ce 17 janvier 2019 en appelant Kinshasa, au nom de son institution, à suspendre la proclamation des résultats électoraux en RDC.

Motif de cet appel, le manque de crédibilité des chiffres annoncés par la Commission électorale nationale indépendante.

L'Union africaine annonce la venue à Kinshasa des plus hautes autorités de son institution, logiquement en début de semaine prochaine, pour un tour de table avec les principaux acteurs politiques de cette crise électorale.

Avant de prendre cette position, l'Union afrcaine a entendu le ministre congolais des Affaires étrangères mais aussi les présients de la SADC, de la CIRGL et de la commission de l'Union africaine. Les débats ont été longs et tous les mots de ce communiqué pesés et soupesés.

Une première

Cet appel de l'Union africaine est une première dans l'histoire de cette institution et démontre le niveau d'incrédulité des partenaires de la RDC vis-à-vis des résultats annoncés par la Ceni. Il met aussi en exergue les craintes que fait peser sur la RDC et sur tous ses voisins la volonté d'imposer des résultats qui peuvent potentiellement « fâcher » une majorité des électeurs qui ne se retrouveraient pas dans le verdict imposé non par les urnes mais par la Ceni.

La publication des PV, la diffusion, même parcellaire, des chiffres obtenus par la Commission épiscopale nationale du Congo (Cenco) permet d'esquisser une carte du pays qui fait réfléchir sur le risque évident de violence et de balkanisation du pays.

L'Union africaine tente d'éviter le pire en s'imposant dans le jeu politique interne congolais.

Le pouvoir en RDC peut évidemment continuer à tenter de passer en force mais le risque d'isolement serait énorme et intenable dans un pays continent positionné au milieu de neuf autres voisins. La RDC, par la voix de ses différents porte-parole ces derniers jours, n'a cessé de rejeter la communauté internationale, se repliant sur la sagesse du continent africain. On comprendrait mal qu'elle change d'attitude aujourd'hui.

On comprendrait encore plus mal que l'Union africaine, après cette prise de position forte et sans précédent, accepte de se retirer du jeu sans obtenir une remise en question du verdict de ce scrutin, sans présager de la forme qu'elle pourrait prendre.

L'Union africaine a fait montre d'une maturité exceptionnelle, elle a pris ses responsabilités pour éviter une déflagration que tout le monde redoutait et redoute encore.

Que va faire Kinshasa ? Que va dire la Cour constitutionnelle dont on attendait le verdict ce vendredi 18 janvier ? Deux questions pour les prochaines heures avant bien d'autres qui se multiplieront si la délégation de l'Union africaine débarque effectivement à Kinshasa en début de semaine prochaine.

Voir en ligne  L'article sur le site de la Libre Afrique

 cetri.be

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