21/02/2008  6 min #15158

Bush espionnerait-il les Démocrates du Congrès pour les faire chanter ?

Par Paul Craig Roberts, le 19 février 2008

Le Président George W. Bush et son directeur du Renseignement National, Mike McConnell, racontent aux Étasuniens qu'un pouvoir exécutif n'ayant aucun compte à rendre est nécessaire pour assurer leur protection. Sans la Protect America Act (1), prétendent Bush et McConnell, le pouvoir exécutif n'aurait aucun moyen d'espionner les terroristes, et nous pourrions être tous détruits. Les terroristes ne peuvent être arrêtés, explique Bush, que si le Président a le droit d'épier chacun sans supervision juridique.

La bataille de la Protect America Act concerne tous les aspects de notre sécurité, et non pas seulement à la manière avancée par Bush et McConnell.

Bush a déclaré que les Démocrates ont rendu notre pays «  plus vulnérable aux attentats » en laissant nulle la Protect America Act. Cette allégation est absurde. La Foreign Intelligence Surveillance Act Foreign (FISA) (2), vieille de 30 ans, donne à l'exécutif tout pouvoir nécessaire pour espionner les terroristes.

Le choix entre FISA et Protect America Act n'a rien à voir avec le terrorisme, du moins, pas avec les terroristes étrangers. Bush et ses Chemises Brunes font objection à la FISA parce que cette loi exige la délivrance de mandats d'une cour spécialisée. Les mandats impliqueraient la responsabilité de Bush. Ses Chemises Brunes et lui soutiennent que, responsabiliser le Président est une atteinte à son autorité.

Pour échapper à la responsabilité, le Parti des Chemises Brunes a proposé la Protect America Act. Cette loi supprime l'obligation de Bush à rendre compte de ses actions devant les juges et donne l'immunité aux entreprises de télécoms pour les crimes qu'elles commettent en obéissant aux demandes d'espionnage hors-la-loi du Président.

Bush a commencé à violer la FISA, en  octobre 2001, quand il a espionné des Étasuniens sans mandats.

Bush a fait pression sur les compagnies de télécommunications pour qu'elles enfreignent la loi afin de rendre possible son espionnage illégal. Dans les documents judiciaires, Joseph P. Nacchio, ancien directeur général de Qwest Communications International, signale que sa compagnie a été  pressentie plus de six mois avant les attentats du 11 septembre 2001 , et invitée à participer à une opération d'espionnage qu'il jugeait illégale. Quand Qwest a refusé, l'administration Bush a renoncé à des possibilités de contrats valant des centaines de millions de dollars. Pour obliger toutes les compagnies de télécommunications à coopérer avec le régime Bush, Nacchio lui-même fut par la suite inculpé pour délit d'initié.

Bush n'a été tenu responsable ni de ses crimes ni d'avoir entraîné les compagnies de télécoms dans une activité criminelle.

Comme les législateurs qui nous a donné la FISA l'ont compris, espionner sans mandat permet à un parti politique de rassembler des vilenies sur l'adversaire pour le faire chanter.

Comme Bush espionnait illégalement longtemps avant que n'émerge la nouvelle de ce fait, le chantage pourrait être la raison des Démocrates à propos du non respect de leur mandat électif au Congrès et au fait qu'ils n'ont pas mis fin aux guerres illégales de Bush et aux mesures inconstitutionnelles d'État policier.

Peut-être que les Démocrates ont enfin pigé qu'ils ne peuvent fonctionner en tant que parti politique tant qu'ils continueront à autoriser Bush à les espionner. Pour une raison quelconque, ils ont laissé l'orwellienne Protect America Act expirer (cette loi serait devenue caduque ? NDT).

Avec la Protect America Act, Bush et ses Chemises Brunes tentent de ratifier l'indépendance de l'exécutif de la loi statutaire et de la Constitution. Le principe de la FISA implique la responsabilité du Président pour ses mandats devant les juges fédéraux. Bush et les Républicains Chemises Brunes s'efforcent de rendre le Président indépendant de toute responsabilité. Les Chemises Brunes prétendent que le chef sait le mieux et ne peut tolérer aucune ingérence de la loi, du pouvoir judiciaire, du Congrès, ou de la Constitution, et certainement pas des Étasuniens qui, nous racontent les Chemises Brunes, ne seront en sécurité que si Bush est très Puissant.

George Washington, Thomas Jefferson et James Madison voyaient ça différemment. Le peuple étasunien ne peut être en sécurité que si le Président est tenu de rendre des comptes et astreint à de nombreuses mesures.

Prions pour que les démocrates comprennent qu'ils ne peuvent donner à un exécutif irresponsable le pouvoir d'espionner, et aient toujours des raisons de refuser d'autres pouvoirs à un exécutif qui n'a aucun compte à rendre.

Les Républicains ont utilisé la « guerre contre le terrorisme » pour créer un exécutif irresponsable. Pour empêcher la présidence de devenir une fonction dictatoriale, il est crucial que le Congrès cesse d'acquiescer aux confiscations de pouvoirs de Bush. Comme nous l'ont conseillé les Pères Fondateurs, les terroristes que nous devons craindre sont ceux qui sont au pouvoir à Washington.

Les terroristes d'Al CIAda, qui ont servi à Bush pour nous effrayer, n'ont pas le pouvoir de détruire nos libertés. Comparée à la perte des libertés, une attaque terroriste n'est rien.

Pendant ce temps-là, Bush, le bénéficiaire de deux élections volées, exhorte le Zimbabwe à  tenir des élections honnêtes.

Les États-Unis s'en tirent avec leur hypocrisie parce que personne dans leur gouvernement n'a assez de honte pour rougir.

 Paul Craig Roberts fut Secrétaire Adjoint au Trésor dans l'administration Reagan. Il est l'auteur de  Supply-Side Revolution : An Insider's Account of Policymaking in Washington,  Alienation and the Soviet Economy et  Meltdown: Inside the Soviet Economy, et est coauteur avec Lawrence M. Stratton de  The Tyranny of Good Intentions : How Prosecutors and Bureaucrats Are Trampling the Constitution in the Name of Justice. Clic  ici pour l'entrevue (en anglais) de Peter Brimelow de Forbes Magazine avec Roberts au sujet de la récente épidémie d'inconduite des procureurs.

Original :  vdare.com

Traduction libre de Pétrus Lombard pour  Alter Info

Notes de traduction

1- La Protect America Act, littéralement loi de protection de l'Amérique, a été votée par les deux Chambres du Congrès en été 2007. Elle donne à l'exécutif des pouvoirs étendus de surveillance en matière de renseignement et de terrorisme, sans contrôle juridique.

 monde-diplomatique.fr

2- La Foreign Intelligence Surveillance Act ou FISA, est une loi du Congrès des États-Unis de 1978 décrivant les procédures des surveillances physiques et électronique, ainsi que la collecte d'information sur des puissances étrangères soit directement, soit par l'échange d'informations avec d'autres puissances étrangères.

fr.wikipedia.org

 alterinfo.net

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