18 Mar 2019
Article de : Observatoire du néoconservatisme
Alain Finkielkraut était pris à partie par des Gilets jaunes en février dernier. Sa défense permettait dans le même temps de jeter le discrédit sur l'ensemble du mouvement, mais aussi de clouer au pilori ses détracteurs. En effet, comment ne pas s'opposer avec fermeté à la haine? La haine pourtant, Alain Finkielkraut la distille depuis des années, sans rencontrer de grande résistance de la part des autorités qui le défendent. Il promeut ainsi la théorie du Grand Remplacement, véritable carburant idéologique influençant des terroristes comme Brenton Tarrant qui a tué vendredi 15 mars 49 personnes dans une mosquée de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. (IGA)
En février dernier, en marge d'une des manifestations des « Gilets jaunes », le philosophe et académicien Alain Finkielkraut fut insulté par un individu qui sera placé en garde à vue 3 jours plus tard. Cet événement aura permis de diaboliser l'ensemble du mouvement des Gilets jaunes. Des personnes connues, de gauche, d'extrême gauche ou proches des "milieux indigénistes", pour reprendre une formule droitière et douteuse, furent clouées au pilori par la bourgeoisie politico-médiatique. Pour les chantres du pouvoir actuel, des voix minimisent l'agression dont a été victime Alain Finkielkraut. Une conduite inadmissible disaient-ils à tour de rôle.
Cela fait des années qu'Alain Finkielkraut répand la haine disent ses détracteurs
Le vendredi 22 juillet 2011, la police arrête Anders Breivik. Cet homme de 32 ans vient de perpétrer les attentats à Utøya en Norvège. Le bilan est lourd : 77 morts et 151 blessés. Breivik est un suprémaciste blanc adepte de la théorie d'« Eurabia ». Ce néologisme forgé en 2005 par l'essayiste et contributrice de dreuz.info, Bat Ye'Or. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d'extrême droite parlant d'une Europe absorbée par le monde arabe. Anders Breivik est décrit par le Jerusalem Post comme "militant d'extrême droite sioniste fermement opposé à l'Islam". Il cite plusieurs fois dans son manifeste Alain Finkielkraut, qui, souvenons-nous, avait approuvé dès 2017 la théorie raciste du « Grand Remplacement » :
Quelques mois plus tôt, dans son émission « Répliques » sur France Culture, Alain Finkielkraut avait invité l'écrivain et militant d'extrême-droite Renaud Camus. Pour quelques observateurs avisés, Finkielkraut venait de faire une fois de plus le lit du racisme et de l'islamophobie. Et sans scrupules, celui-ci rétorqua : « Ce n'est pas pour choquer. C'était pour mettre fin à une anomalie. Renaud Camus qu'on ne voit nulle part a fondé une expression qu'on entend partout : « le grand-remplacement«. Il s'agissait de le mettre face à un contradicteur. »
Le grand remplacement ?
Cette théorie, quasi similaire à celle d'Eurabia, affirme qu'il existe un processus de substitution d'une population issue du Maghreb et de l'Afrique noire à la population blanche européenne.
Ce 15 mars 2019, l'auteur de l'attentat en Nouvelle-Zelande (49 morts et une quarantaine de blessés) Brenton Tarrant, pour justifier son crime, exprime son adhésion à la théorie du « grand remplacement » créée par Renaud Camus, et popularisée par voie de conséquence par Alain Finkielkraut. Il n'est pas surprenant d'apprendre que Brenton Tarrant se soit inspiré de Anders Breivik, le tueur norvégien, mais les contributeurs du site dreuz.info qui relaie la théorie de Bat Ye' or mais aussi celle de Renaud Camus et d'Alain Finkielkraut, se sont empressés de brouiller les pistes en titrant, quelques heures seulement après l'attentat : « 40 morts : un neo-nazi australien de 28 ans a ouvert le feu dans une mosquée ». En bref, c'est pas nous ! c'est pas nous !
Nous pouvons facilement envisager qu'en France, le pouvoir médiatique va profiter de l'occasion pour tenter de nous faire avaler que Macron est le « seul rempart » face à "la haine". Jamais nos éditocrates pourtant habitués à la pensée par amalgame, ne remonteront jusqu'à Finkielkraut qui de facto bénéficie depuis toujours d'une protection inouïe. Alors évidemment que l'antisémitisme ne faiblit pas, voir qu'il se développe très rapidement, en particulier en Ukraine qui est au demeurant un pays allié de la France. Cependant l'islamophobie est également un fléau qui ne faiblit pas non plus. Pour preuve les derniers évènements de Nouvelle-Zélande. La responsabilité de certains intellectuels ne fait aucun doute, pourtant à l'exception de quelques monstres utiles qui permettent à la macronie de faire illusion, le système permet à beaucoup d'experts de la haine de distiller une rhétorique lourde de conséquence. Et ce sera peine perdue d'espérer que la galaxie islamophobe réalise enfin son examen de conscience.