L'Australien Julian Assange, réfugié depuis 6 ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres vient d'être arrêté. Le fondateur de Wikileaks, âgé de 47 ans, a trouvé asile en juin 2012 dans l'ambassade pour échapper à une extradition vers la Suède, où il était recherché pour des accusations de viol et d'agression sexuelle qu'il nie. La procédure a depuis été classée, mais les Etats-Unis demandent son extradition.
Assange arrêté, un des derniers remparts à l'avènement du nouveau monde vient de tomber.
Nous nous joignons à ces mots de Reporters sans frontières: « Viser Assange en raison de la fourniture d'informations d'intérêt public à des journalistes serait une mesure strictement punitive et constituerait un dangereux précédent pour les journalistes, leurs sources et les lanceurs d'alerte ».
A l'heure de procès contre les journalistes d'investigation, les mots résonnent fort.
Son cas peut sembler désespérer.
Mais il reste encore la lettre que la ville de Genève doit envoyer au Conseil fédéral pour que celui-ci lui accorde l'asile. Une occasion pour Berne de démontrer qu'elle tient encore à la liberté d'expression, à la liberté de la presse et aux droits de l'homme.
C'est donc vers la ville de Genève et vers le Conseil fédéral que nos regards se tournent!
Il est utile de préciser encore que Julian Assange a été déclaré innocent par un rapport des Nations-Unies.
« Un groupe de travail de l'ONU estime que Julian Assange a été « détenu arbitrairement ». Les Nations unies critiquent les lenteurs de l'enquête côté suédois sur le fondateur de WikiLeaks reclus dans l'ambassade d'Equateur à Londres.Après un an et demi d'enquête, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a rendu, vendredi 5 février, une décision favorable à Julian Assange, le chef de l'organisation WikiLeaks. Les cinq experts de l'Organisation des Nations unies (ONU), qui se sont saisis de l'affaire à la demande de M. Assange et de plusieurs associations de défense des droits de l'homme, ont conclu qu'il est bien victime d'une détention arbitraire depuis juin 2012, date à laquelle il s'est réfugié dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour échapper à une extradition vers la Suède. En conséquence, ils affirment qu'il doit retrouver immédiatement sa liberté de mouvement et recevoir des compensations. »
LHK
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Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a été arrêté par la police britannique
Les autorités britanniques ont confirmé que les Etats-Unis avaient émis une demande d'extradition.
Par Damien Leloup et Martin Untersinger Publié aujourd'hui à 11h50, mis à jour à 14h16
Depuis plusieurs mois, la rumeur d'une arrestation imminente bruissait dans l'entourage de Julian Assange. Elle s'est concrétisée jeudi 11 avril, lorsque des policiers britanniques ont appréhendé le fondateur de WikiLeaks dans l'enceinte de l'ambassade équatorienne de Londres, où il est réfugié depuis 2012. Selon les images de la scène, diffusées sur Twitter, Julian Assange, visiblement affaibli, est porté par six policiers et embarqué à bord d'un fourgon de police.
La police britannique a précisé que c'est l'ambassadeur d'Equateur lui-même qui a « invité » les policiers à entrer dans ses locaux. Lenin Moreno, le président équatorien, a expliqué dans le même temps que son pays avait retiré l'asile à Julian Assange, qui l'avait obtenu en 2012. M. Moreno a présenté cette décision comme « souveraine [...] après les violations répétées des conventions internationales et des protocoles de cohabitation » avec Julian Assange au sein de l'ambassade. Une décision aussitôt dénoncée comme « illégale » 𝕏 par le compte Twitter de WikiLeaks. Le ministre de l'intérieur britannique a confirmé en fin de matinée que Julian Assange était actuellement en garde à vue.
Les Etats-Unis ont demandé son extradition
Scotland Yard a également annoncé que l'arrestation avait été motivée par une demande d'extradition émise par les Etats-Unis. Cette perspective est, depuis 2012, la crainte principale des proches de WikiLeaks.
Le site, spécialisé dans la publication de documents secrets, est dans le viseur de la justice américaine depuis 2010 et la publication de documents secrets émanant de l'armée américaine. Conspué sous l'administration Obama - notamment par Hillary Clinton, alors responsable de la diplomatie américaine -, il s'est attiré la sympathie du clan Trump lors de la campagne présidentielle de 2016, en publiant sur WikiLeaks les e-mails piratés de la campagne d'Hillary Clinton.
Donald Trump avait même déclaré, lors d'un meeting, « j'aime WikiLeaks ! ». Mais la mise en ligne l'année suivante de documents confidentiels de la CIA a refroidi le camp républicain, et a valu à Julian Assange des menaces de la part du patron de la CIA et du ministre de la justice américain, Jeff Sessions, lequel avait affirmé que son arrestation était une « priorité ».
L'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine accuse WikiLeaks d'avoir directement communiqué avec les espions russes responsables du vol et de la publication de documents confidentiels du Parti démocrate. Le Parti démocrate a lui-même porté plainte contre WikiLeaks pour la publication de ces documents, suscitant une vague de critiques dépassant largement le cadre des soutiens de WikiLeaks.
Outre d'éventuelles procédures lancées lors de la publication des premiers documents secrets de l'armée américaine, en 2010, c'est donc à deux fronts judiciaires que pourrait donc attendre Julian Assange s'il était extradé aux Etats-Unis. En novembre, des procureurs avaient révélé par erreur l'inculpation du patron de WikiLeaks aux Etats-Unis, mais les charges exactes n'avaient pas été dévoilées.
La perspective de son extradition aux Etats-Unis sur la base de ses travaux journalistiques de 2010 a fait réagir les organisations de défense de la liberté de la presse. Le lanceur d'alerte Edward Snowden a dénoncé un « jour sombre pour la liberté de la presse ». « Viser Assange en raison de la fourniture d'informations d'intérêt public à des journalistes serait une mesure strictement punitive et constituerait un dangereux précédent pour les journalistes, leurs sources et les lanceurs d'alerte », a réagi le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire.
Assange bientôt devant un juge britannique (...)
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