02/06/2019 les-crises.fr  4 min #157238

Revers électoral pour Macron

Marine Le Pen «représentante de Poutine»: quand le débat public verse dans le manichéisme. Par François-Bernard Huyghe

Source :  Le Figaro,  Paul Sugy, 17-05-2019

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Nathalie Loiseau dénonce, dans une interview au Monde, les liens entre Marine Le Pen et la Russie de Vladimir Poutine. François-Bernard Huyghe, spécialiste des fake news, décèle là un usage des contre-vérités propre à LREM, qui est pourtant censée les combattre.

François-Bernard Huyghe est directeur de recherche à l'Iris. Il a publié en 2018 Fake News: la grande peur (VA Press, 2018).

FIGAROVOX.- Selon la tête de liste LREM aux élections européennes Nathalie Loiseau, Marine Le Pen serait une «représentante de Poutine». Accuser l'adversaire d'être «le parti de l'étranger», est-ce le dernier levier d'une campagne à bout de souffle?

François-Bernard HUYGHE.- L'expression rappelle la guerre froide: les communistes étaient le parti de l'étranger, ce qui sous-entendait que l'on ne pouvait être révolutionnaire ou anti-impérialiste que si l'on était stipendié par l'ennemi. Employer le terme était plutôt connoté extrême-droite à l'époque: argent de Moscou et manipulations du KGB.

Lors de son appel de Cochin, Jacques Chirac a aussi accusé VGE de représenter un parti de l'étranger inféodé aux Américains, mais personne n'a pensé que c'était la chose la plus subtile qu'il ait jamais dite.

Il s'agit d'un processus rhétorique de criminalisation proche du complotisme ; il consiste à réduire l'opposition d'idées à une cause ignoble et diabolique.

Il s'agit d'un processus rhétorique de criminalisation proche du complotisme ; il consiste à réduire l'opposition d'idées à une cause ignoble et diabolique. Des manipulations étrangères, donc des intérêts occultes expliqueraient que les populistes s'opposent au progressisme, c'est-à-dire au mouvement raisonnable de l'histoire. Une confrontation idéologique qui a des racines sociales et culturelles profondes est ainsi assimilée à la crapulerie de ses dirigeants (et à la niaiserie de ses partisans). C'est, si l'on préfère, une variante d'un vieux sophisme, l'argument ad personam: votre thèse est fausse parce que vous êtes une personne mauvaise et intéressée à soutenir ladite thèse.

Sur le fond, l'accusation paraît, sinon fausse, du moins caricaturale...

Surtout, ce n'est pas...

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