07/06/2019 reseauinternational.net  14 min #157476

La guerre à la vérité

« L'une des armes psychologiques les plus destructrices de l'arsenal de ceux qui tiennent la classe politique et médiatique, consiste en leur capacité à discréditer et neutraliser ceux qui menacent leurs intérêts, en réarrangeant simplement les histoires les concernant. La principale raison de la difficulté de convaincre le public qu'il s'est laissé rouler par la propagande et les campagnes de diffamation, est due à la stupidité de considérer que l'une des choses les plus honteuses dans notre société, c'est de se laisser berner. Si nous voulons vaincre la domination narrative des puissants, il est essentiel de trouver le moyen de faire passer la honte de ceux qui ont été trompés à ceux qui les ont dupés. »
Caitlin Johnstone

Chers lecteurs, avec cet article, je renouvelle mon appel à vos dons trimestriel.

Ce site a vu le jour à l'occasion du Nouvel An 2011. Avant que vous ne me rappeliez, je profitais depuis deux mois de ma retraite. Nous sommes maintenant dans la 8ème année de mon retour de la retraite.

Je suis heureux que vous m'ayez demandé de revenir. Ces rubriques sont lues chaque année par des millions de gens, dans de nombreuses langues. Elles ont donné trois livres traduits en russe, chinois, coréen, tchèque, turc, allemand et français. Ils ne rapportent pas beaucoup, mais ils aident à prendre conscience du mal qui pèse sur le monde occidental.

Paul Craig Roberts

Les guerres sans fin au service d'objectifs cachés, uniquement motivées par des mensonges, ont anéanti l'idée que l'Occident puisse être l'espoir de l'humanité. La capacité de persuasion qui dissimule la mise en œuvre de desseins secrets, a disparu à jamais.

La force ostensible brutale est désormais contenue par la puissance militaire des Russes, soutenus par les Chinois. Les dernières élections européennes montrent que les Européens et les Britanniques ont encaissé tout ce qu'ils pouvaient de Washington, et qu'ils ne veulent pas voir détruire les pays de l'Union européenne faits de groupes ethniques homogènes. S'il Israël est pour les Juifs, il est normal que la France soit pour les Français, l'Allemagne pour les Allemands, la Grande-Bretagne pour les Britanniques, l'Italie pour les Italiens et, peut-être, les États-Unis pour les Étasuniens. La lubie des néocons sionistes, voulant que tout pays blanc, sauf Israël, appartienne à tout le monde, a avorté aux élections européennes.

Ce qui doit encore avorter, c'est l'État policier. Il s'installe sournoisement depuis longtemps en Occident. Il est devenu remarquablement réussi avec les attentats du 11 septembre et l'imposture de la 'guerre au terrorisme'. Partout en Occident, les libertés civiles ont été gravement écornées par les desseins secrets des oligarchies dirigeantes.

Beaucoup de facteurs ont contribué à l'édification de l'État policier qui oppresse désormais les populations occidentales. Parmi ceux-ci, certains, comme les 'protecteurs des enfants', étaient bien intentionnés, mais ils ne tenaient pas compte des éventuelles conséquences.  Aux États-Unis, le jugement des parents peut entraîner le traumatisme de l'enlèvement des enfants par la Gestapo des services de protection de l'enfance. Arbitraire et irresponsable, cette police a plus de pouvoirs que la Gestapo nazie.

Les gens ont été amenés à se dénoncer entre eux. Ainsi, si vous laissez une minute vos enfants (ou le chien) dans la voiture pour faire un achat, il est certain que quelqu'un appellera la police. Un procès verbal sera dressé, et la Gestapo du service de protection de l'enfance se présentera chez vous pour vous soutirer des aveux. Vous serez contraint d'accepter la fouille à nu de vos enfants, pour voir s'ils n'ont pas quelque bleu fait en jouant, qui puisse prouver à tort que vous les battez. La Gestapo vous enlèvera ensuite les enfants et vous paierez lourdement en stress et facture d'avocat les démarches pour les récupérer, et ils seront sans doute traumatisés à vie. L'angoisse endurée par les parents fera qu'ils haïront le gouvernement et même le pays.

Aux États-Unis, les patriotes qui se font des idées, s'imaginent que nos soldats se battent pour 'préserver nos libertés', alors qu'en réalité, comme nous l'explique le général du Corps des Marines Smedley Butler - l'officier le plus décoré de l'histoire de l'armée -  nos soldats se battent pour les intérêts matériels de l'oligarchie au pouvoir.

Comme les Britanniques, les Étasuniens, ont subi un lavage de cerveau au sujet des 'grandes démocraties', dont les gouvernements seraient paraît-il tenus de répondre de leurs actes devant la population. En réalité, dans les 'grandes démocraties', les gens sont réduits l'état d'esclaves endoctrinés.

Le lavage de cerveau est évident, mais comme l'esclavage l'est moins, permettez-moi de mettre les points sur les 'i'.

Un esclave est quelqu'un qui n'est pas maître de son propre ouvrage. Ainsi, le produit de son travail, ou une partie de celui-ci, ne lui appartient pas. Pour les serfs médiévaux, le taux d'imposition maximal était de 30%. Compte tenu des moyens de l'époque, avec un taux d'imposition plus élevé, les serfs auraient été si dépossédés que la population n'aurait pu survivre, et ils se seraient révoltés.

 Au 19ème siècle, avec de meilleurs moyens de travail, la productivité des esclaves étant plus élevée, leurs propriétaires pouvaient prendre 50% de leur travail. Comme les propriétaires devaient payer le travail généreusement, ce n'était pas tout bénéfice, mais au lieu de rémunérer leurs esclaves, les propriétaires payaient le marchand d'esclaves qui soudoyait le roi africain noir du Dahomey pour qu'il capture les esclaves noirs.

En revanche, avant la réduction du taux d'imposition de Reagan en 1981, le taux d'imposition maximal sur le revenu des placements était de 70%, et le taux d'imposition maximal sur les revenus salariaux et des traitements était de 50%.

Aujourd'hui, tout contribuable occidental est esclave dans le même sens économique que l'esclave des époques écoulées. Aujourd'hui, le citoyen occidental n'est pas maître de son propre travail. Il n'en bénéficie que d'une partie. Le reste appartient à l'esclavagiste, c'est-à-dire au gouvernement. L'asservissement de toute la population active des États-Unis s'est produit en 1913, avec la promulgation de l'impôt sur le revenu. Cet asservissement n'a rien à voir avec la race.

À l'époque médiévale, il arrivait que les gens soient capturés et détenus contre rançon, ou bien gardés indéfiniment sans charge ni procès, afin d'éliminer quelque obstacle aux desseins d'un puissant personnage. Au 21ème siècle, le régime Bush/Cheney a ressuscité cela sous la forme de la détention illimitée. À cette nouvelle tyrannie, le régime Obama a rajouté le droit présidentiel d'assassiner ses propres citoyens sans procédure légale. La pressetituée n'a jamais parlé de cette tyrannie.

Malgré l'interdiction constitutionnelle et légale de la torture, Washington l'a remise en vigueur pour obtenir que les gens s'incriminent eux-mêmes. L'armée et la CIA ont eu recours à la torture à Abou Ghraib en Irak, à Guantanamo et dans plusieurs sites d'opérations secrètes, et la torture est banale dans les prisons des États-Unis. En ce moment, entre les mains de l'une des 'plus grandes démocraties du monde', la Grande-Bretagne, Julian Assange est torturé. Chaque fois que les États policiers occidentaux, qui se font passer pour de 'grandes démocraties', veulent condamner quelqu'un sans charge contre lui, il est torturé pour lui faire avouer un crime dont il n'existe aucune preuve. Faire avouer sous la torture est désormais une stratégie solidement ancrée dans les 'grandes démocraties'.

 Nils Melzer, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, rapporte qu'Assange montre des signes évidents de traitements dégradants et inhumains, qu'il présente « tous les symptômes caractéristiques de quelqu'un ayant subi de la torture psychologique prolongée. » Assange est « systématiquement persécuté... jusqu'au point de le briser. »

Parmi les signes de déliquescence de la civilisation occidentale, il y a la transformation des lois protectrices des gens, en arme entre les mains du gouvernement, arme qui a été utilisée contre Julian Assange parce qu'il dit la vérité.  Dans The Tyranny of Good Intentions, Lawrence Stratton et moi avions décrit l'élimination des fonctions protectrices du droit.

Autre signe, l'absence de concrétisation démocratique dans les fameuses 'démocraties occidentales'. Il y a trois ans, les Britanniques ont voté la sortie de l'Union européenne, et le gouvernement britannique, démocratique et élu, n'a pas mis en œuvre cette décision. En Grèce, malgré la volonté manifeste de la population, le gouvernement a permis à la finance internationale de piller pays. Donald Trump, le président élu des États-Unis, est parti du principe qu'il avait le droit d'abroger les élections démocratiques au Venezuela, et de nommer à la présidence un loustic qui ne s'était même pas présenté à cette élection. Ce n'était pas le summum de son arrogance. Trump a attribué à Israël les hauteurs du Golan, un territoire syrien, comme si la Syrie lui appartenait. La chancelière allemande élue, Merkel, ignorant la volonté de la population, a ouvert l'Allemagne à un million de musulmans inassimilables, qui ont eu un impact négatif sur la sécurité et la qualité de vie des citoyens allemands. Aux États-Unis, quel que soit le résultat des élections, le pays est régenté par une poignée de puissants groupes d'intérêts privés, comme Wall Street, l'industrie pharmaceutique, le lobby israélien et le complexe militaro-sécuritaire. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, traite les Européens de « stupides nationalistes amoureux de leur pays. » Juncker est déterminé à obliger les Européens à renoncer à vivre au sein d'une nation et à les intégrer de force dans la mixité ethnique.

Autre signe majeur de la déliquescence occidentale, l'abracadabrante concentration de revenu et de richesse. L'immense majorité des Occidentaux voient leur niveau de vie stagner ou décliner, pendant qu'une minuscule minorité accumule des fortunes de multiples milliards de dollars. Les actionnaires, les dirigeants et les conseils d'administration s'occupent avant tout de leur intérêt et, sans se soucier des conséquences, délocalisent les moyens de subsistance de millions de leurs concitoyens.  Dernièrement, les actionnaires avides d' Amazon ont rejeté la proposition de cesser de vendre des technologies de reconnaissance faciale aux services de police. La proposition de préserver la vie privée, garantie par la Constitution, a été rejetée par 97,6% des propriétaires d'Amazon, sans qu'ils ne se soucient de l'État policier que leur cupidité est en train de créer.

 Avec la reconnaissance faciale, c'est la fin de la vie privée et de l'anonymat, et toute erreur d'identification de ce système pourra être fatale.

Des industries entières ont été déréglementées et autorisées à se concentrer. La concentration des médias a détruit l'indépendance de la presse, qui ne sert plus à responsabiliser le gouvernement. La déréglementation bancaire a entraîné la crise des produits dérivés des hypothèques, la montée de l'endettement et la politique économique au service des banques au lieu de l'économie.

Guerre à la drogue, crime et terrorisme ont fait que les citoyens sont sujets à d'énormes abus de la police, de la TSA et des compagnies aériennes. Des familles ont été détruites parce qu'un de leurs membres avait une once de marijuana ou parce que la police avait glissé un sac de poudre blanche dans la voiture et prétendait que c'était de la cocaïne.

La réalité factuelle contredit tellement les versions officielles, que la dernière guerre était contre la vérité. La liberté d'expression n'est plus respectée nulle part dans le monde occidental. Ceux qui s'y livrent sont bannis de Facebook et Twitter. Des sites Internet sont supprimés.  Avoir une fonction académique ne permet plus de parler librement. Un mot qui n'est pas politiquement correct, et le professeur est renvoyé. L'égalité devant la loi a cédé le pas à la 'pesée en fonction de la race', qui requiert de discriminer le visage pâle.

Partout où l'on regarde, les fondements de la civilisation occidentale se délitent. La presse occidentale, la pressetituée qui est en fait le ministère de la Vérité, la voix officielle, n'a nul besoin du Premier Amendement, puisqu'elle n'a jamais l'intention de relayer la vérité.

La civilisation occidentale avait conçu l'État de droit pour empêcher le pouvoir gouvernemental arbitraire de se muer en tyrannie. Sans liberté d'expression, les contrevérités des versions officielles prévalent, et la population est prise dans la Matrice du système de contrôle.  Désormais, même les jeux vidéo servent la propagande :

Ce site, et certains autres, sert la vérité, pas quelque but caché. La vérité n'étant pas gratuite, la délivrer devient de plus en plus coûteux. Assange n'est que la première victime de la guerre à la vérité de Washington. Il y aura bien d'autres victimes. Personne ne défend la vérité, mais les gens l'apprécient. Les fondations ne soutiennent pas la vérité. Les agences publicitaires non plus. De nos jours, même les universités ne défendent pas la vérité.

Ce site est le vôtre. Dans l'accord implicite qui nous lie, c'est moi qui serais critiqué et jugé tant que vous accorderez de l'importance à mes informations. Pour ceux qui veulent des solutions, il ne peut y en avoir tant qu'un nombre suffisant de gens ne sont pas informés. Dès que la masse critique de gens informés sera atteinte, des solutions apparaîtront. Mais sans les sites comme celui-ci pour révéler la vérité, les gens ne seront jamais informés.

Ainsi, il ne dépend que de vous que la vérité triomphe.

 Paul Craig Roberts

Original :  www.paulcraigroberts.org/2019/06/03/the-war-on-truth/

Traduction  Petrus Lombard

 reseauinternational.net

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