Par Eric London
29 juin 2019
Les démocrates de la Chambre des représentants ont voté massivement pour accorder 4,6 milliards de dollars hier à la Gestapo du service de l'immigration américaine afin de faire une razzia et d'emprisonner des milliers d'enfants immigrés dans des camps de concentration.
Ce vote est une approbation politique de la politique fascisante de Trump. Il révèle les démocrates en tant que parti profondément anti-immigrés hostile aux droits démocratiques de toute la classe ouvrière.
Par une marge de 305 contre 102 (er 129 contre 95 par les démocrates), la Chambre contrôlée par les démocrates a adopté une version émanant du Sénat du projet de loi de crédits qui donne carte blanche au service des douanes et de l' immigration (ICE) et à la police de la protection des frontières (CBP) pour systématiquement brutaliser les enfants de la classe ouvrière sans aucun règlement ou contrôle supplémentaire.
Une version de la Chambre aurait fourni à peu près le même montant à l'ICE et au CBP avec des «garde-fous» réglementaires symboliques que l'administration Trump ignore de toute façon. Par exemple, alors que la version à la Chambre aurait également entériné l'incarcération massive d'enfants immigrants, elle aurait obligé le gouvernement à informer le Congrès dans les 24 heures suivant le décès d'un enfant immigrant.
La version du Sénat, qui a été adoptée avec une marge de 84 contre 8 au début de la semaine, ne tenait même pas compte de ces dispositions de contrôle sans effet. Donald Trump a qualifié la version du Sénat de «dure» et 34 des 47 sénateurs démocrates ont voté pour. Sept démocrates - dont Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Kamala Harris et Cory Booker - étaient trop occupés à mener leur campagne présidentielle pour participer au vote sur cette attaque monumentale contre les immigrés.
Annonçant l'accord sur le soutien à la version du Sénat, Nancy Pelosi, a déclaré: «Afin de fournir des ressources aux enfants le plus rapidement possible, nous allons adopter à contrecœur le projet de loi du Sénat. Lorsque nous adopterons le projet de loi du Sénat, nous le ferons avec un cri de guerre sur la manière dont nous allons protéger les enfants de manière à réellement honorer leur dignité et leur valeur.»
Quels mensonges cyniques! Les démocrates n'ont pas voté pour fournir des ressources aux enfants mais pour fournir des armes à feu et des drones aux gardes-frontières et pour construire de nouveaux camps de concentration.
La soi-disante gauche du parti démocrate a émis de piètres critiques à l'encontre de l'adoption par les démocrates de la Chambre du projet de loi du Sénat. La représentante démocrate de New York au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, et membre des Démocrates socialistes d'Amérique, a déclaré que les démocrates «abdiquaient le pouvoir» au profit du dirigeant républicain du Sénat, Mitch McConnell.
Outre le fait que la très grande majorité des démocrates au Sénat ont voté pour ce plan, les actions d'Ocasio-Cortez la semaine dernière mettent en lumière son rôle crucial dans l'adoption du projet de loi du Sénat et la facilitation de la répression des immigrants par Trump.
La fin de semaine dernière, Ocasio-Cortez a proclamé à voix haute qu'elle était opposée à tout financement supplémentaire pour ICE et CBP. Le 22 juin, elle a tweeté que Trump et ses alliés affirmaient que les abus envers les enfants détenus étaient «dus à un manque d'argent. Vous savez ce qui économise de l'argent? Ne pas placer les masses de gens en détention en premier lieu.»
Mais lundi, Ocasio-Cortez s'est rendue au bureau de Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, pour une réunion de trois heures, après quoi elle s'est ravisée. The Hill a rapporté qu'Ocasio-Cortez avait atténué son opposition catégorique et est «sortie du bureau de Pelosi en qualifiant les discussions comme étant 'une situation vraiment délicate... genre entre le marteau et l'enclume.»
The Hill a poursuivi: «Ocasio-Cortez est entrée dans la réunion en disant qu'elle s'opposait aux mesures d'aide à la frontière qui avait été proposées vendredi par la commission des dotations de la Chambre. Mais après avoir quitté la réunion avec les dirigeants démocrates, elle a déclaré qu'elle pourrait voter en faveur des mesures, en fonction des modifications apportées.»
Le lendemain, après avoir abandonné son opposition, Ocasio-Cortez a voté en faveur de mettre la version du projet de loi de la Chambre au vote lors d'une assemblée plénière. Ce vote crucial a réussi à porter la loi devant l'assemblée plénière a été réalisé par une marge la plus infime grâce au soutien d'Ocasio-Cortez et des autres démocrates «progressistes» Ilhan Omar, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib. Plus tard dans la journée, la version de la Chambre a été adoptée, passant l'initiative au Sénat.
Les dirigeants démocrates ont ensuite permis à Ocasio-Cortez, Omar, Pressley et Tlaib de couvrir leur rôle en votant «non» pour le projet de loi définitif, une fois que son adoption était assurée.
Mercredi, Pelosi a personnellement parlé au téléphone avec Trump. Plus tard dans la journée, le Sénat a appuyé massivement la mesure. Après le vote, Trump enhardi a tweeté:
«Le projet de loi bipartite sur l'aide humanitaire pour la frontière sud vient d'être adopté. Un excellent travail fait par tous! Maintenant, nous devons travailler pour éliminer les vides juridiques et régler la question de l'asile. Merci également au Mexique pour son effort de contrôler l'immigration clandestine - une très grande différence!»
Tout au long de la semaine, les journaux du parti démocrate ont dénoncé les démocrates qui s'étaient opposés à une augmentation massive du financement de l'ICE et du CBP. Dans un communiqué publié lundi par le comité de rédaction, le Washington Post a spécifiquement dénoncé certains démocrates de la Chambre pour avoir «utilisé les hashtags #NotOneDollar et #CloseTheCamps» (fermer les camps et pas un seul dollar) et pour avoir pensé que le projet de loi «contribuerait à faire progresser les politiques d'immigration et de détention du gouvernement. Une telle pensée est irresponsable.»
Ocasio-Cortez a joué un rôle essentiel dans ce processus corrompu. Le pro-establishment Politico a noté sa servilité envers l'establishment politique avec satisfaction: « Dans [le quartier] du Queens, elle a l'allure d'une frondeuse politique prête à prendre d'assaut les barricades. Mais à Washington, Alexandria Ocasio-Cortez utilise le système à son profit.»
L'article publié hier s'intitule «Alexandria Ocasio-Cortez apprend à jouer au jeu de l'initié: le trublion novice ne fait pas tourner en bourrique les chefs de parti, elle compose avec eux.» L'article souligne le fait qu'Ocasio-Cortez «a refusé de mobiliser son armée d'adeptes des médias sociaux contre eux ou de chauffer à blanc la base progressiste dans le but de les mettre en échec.»
Politico a écrit :
«Dans les 48 heures de négociations qui ont abouti au vote des mesures de dépenses, Ocasio-Cortez s'est insérée dans les efforts de la fraction démocrate pour répondre à la crise humanitaire à la frontière», mais «Ocasio-Cortez n'a tenu aucune conférence de presse spontanée sur la pelouse du Capitole. Elle s'est abstenue de tweeter pêle-mêle. En fait, elle n'a écrit aucun billet sur l'un des plus grands débats sur l'immigration jusqu'à présent dans une Chambre à majorité démocrate.»
Son silence est un acte délibéré de collaboration avec Trump et ses conseillers fascistes. Son vote «non» n'est qu'un stratagème cynique, employé bien après que le passage à la Chambre de la version du projet de loi du Sénat eut déjà été assuré.
Ceux qui conservent des illusions dans Ocasio-Cortez, Sanders et d'autres politiciens du parti démocrate soutenus par les Démocrates socialistes d'Amérique doivent tirer les leçons de cette semaine-clef. Ocasio-Cortez et Sanders ont dévoilé leur véritable rôle: atténuer le mécontentement social généralisé à propos de la brutalisation des travailleurs immigrés par des phrases dénuées de sens, tout en travaillant dans les coulisses pour s'assurer que l'ICE et la CBP puissent étendre considérablement l'assaut contre les immigrés.
Ces politiciens démocrates n'ont rien à voir avec le socialisme. Le socialisme signifie la mobilisation de la classe ouvrière indépendamment de l'ensemble de l'élite politique dans une lutte révolutionnaire de masse en faveur de l'égalité sociale et de la défense des droits démocratiques.
(Article paru en anglais le 28 juin 2019)