11/07/2019 reseauinternational.net  5 min #159018

Géorgie : Poutine désamorce une dangereuse escalade

Le 21 juin, des manifestations anti-russes ont été organisées à Tbilissi par l'opposition pro-atlantique, dirigée par le triste sire Saakachvili ( voir notre texte ici), jouant ainsi le jeu américain visant à couper définitivement la Géorgie de la Russie. Si la sauce a bien pris dans un premier temps, il semblerait que les marionnettistes soient allés trop loin en lançant dimanche soir un journaliste invectiver sur une des chaînes d'opposition, dans le langage ordurier des prisonniers, le Président russe personnellement. Une escalade aurait dû s'ensuivre, qui a été bloquée par la réaction de Vladimir Poutine.

Afin d'entretenir l'hystérie anti-russe d'une partie de la population, Saakachvili utilise les médias d'oppositions pour radicaliser le discours. C'est alors qu'un de ces journalistes, dimanche soir, sur la chaîne Rustavi-2, dans son émission P.S., soi-disant d'analyse politique, a tenu ce discours ordurier contre le Président russe et ses parents. Comme il ne s'agit que d'une succession d'insultes, je ne traduirai pas. Pour les russophones :

Alors que jusque-là les manifestations anti-russes prenaient tranquillement leur rythme de croisière, le soir même, et cela continue depuis, les  gens sortent dans la rue, contre la chaîne d'opposition, pour la Russie, demandant la démission du journaliste et du directeur de Rustavi-2. Ils ne se reconnaissent pas dans cette attitude de provocation primaire et ils ne veulent pas être associés à cela.

Même la Présidente géorgienne a dû condamner cette sortie, même  Saakachvilli, voyant le vent tourner, a dû se prononcer contre le journaliste, qui a manifestement fait preuve de trop d'enthousiasme pour remplir sa mission.

Il faut dire que ses paroles ont choqué en Russie, et tel était le but. La première réaction du Parlement russe a été de préparer une recommandation visant à établir des sanctions économiques contre la Géorgie : interdiction de l'importation du vin et de l'eau minérale, interdiction des transactions financières entre les deux pays. Economiquement, le coup aurait été effectivement très dur pour la Géorgie, dont l'économie est déjà très affaiblie en raison de la politique intérieure.

Pourtant, le  Président russe s'est finalement prononcé contre l'adoption de ces sanctions supplémentaires, puisque les vols directs entre la Russie et la Géorgie sont déjà annulés. Il a minimisé les paroles de ce journaliste, qu'il ne considère pas représenter le peuple géorgien et ne veut faire aucun pas qui pourrait conduire à la détérioration des relations avec la Géorgie.

Sur le fond, le Président russe a raison : le but de cette manoeuvre, côté géorgien, était justement de conduire à la rupture, ce qui est recherché depuis le début des manifestations. Par ailleurs, la Russie, lors des manifestations anti-russes, a déjà réagi en supprimant tous les vols directs. Or ici, les insultes ne concernent pas le pays en tant que tel, mais Vladimir Poutine, personnellement. Si la Russie réagit ici comme Etat et adopte des mesures de rétorsion, une pente dangereuse serait prise. Car n'importe quel journaliste d'opposition dans n'importe quel pays pourrait alors insulter le Président russe et la Russie serait obligée d'entrer dans le cercle vicieux des sanctions, sans pouvoir contrôler le processus. Se coupant elle-même ainsi de ses voisins.

La réaction était d'autant plus inutile, que des manifestations pro-russes se déroulent depuis, faisant contrepoids aux manifestations anti-russes et qu'une délégation de députés géorgiens se prépare à venir à Moscou. En revanche, l'opposition pro-atlantique a démontré qu'elle n'a rien de constructif à proposer pour le pays, qu'elle n'est qu'un instrument fanatique manié en fonction d'intérêts étrangers.

Karine Bechet-Golovko

source: russiepolitics.blogspot.com

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