10/08/2019 reseauinternational.net  11 min #160214

Trump aurait décrété un embargo économique total contre Caracas avant une conférence internationale

Les États-Unis ne cherchent pas le dialogue : ils recourent à la terreur économique et dévoilent un plan pour imposer leur tutelle au Venezuela

par Aram Aharonian.

Le blocus et les nouvelles sanctions qui gèlent tous les avoirs vénézuéliens sur le territoire américain, ordonnés par le régime de Donald Trump, ne sont rien de plus qu'un autre acte de terrorisme économique qui vise, en premier lieu, à briser le dialogue entre le gouvernement constitutionnel et l'opposition et marque la tentative d'imposer une tutelle au pays.

La décision a été applaudie par l'opposant Juan Guaidó, président intérimaire autoproclamé en janvier dernier, et dont la crédibilité et l'ascendance ont diminué, selon tous les sondages.

La réunion des alliés/complices américains qui s'est tenue au Pérou visait à trouver une solution à la crise vénézuélienne, mais n'a abouti à aucun résultat concret. Wilbur Ross, Secrétaire américain au Commerce, y a présenté en privé une série de « suggestions » que son pays propose pour un jour éventuel après que Maduro quitte le pouvoir. Plus que des suggestions, c'est le plan déjà esquissé par le gouvernement trumpiste pour s'emparer du Venezuela.

L'intention de l'administration Trump semble claire : dynamiter les accords qui avançaient entre le Chavisme et l'opposition, alors que l'asphyxie économique contre le Venezuela est un des points essentiels en cours de discussion.

Pousser Maduro à quitter le gouvernement et transférer le pouvoir au « président intérimaire » autoproclamé Juan Guaidó - sur les instructions de la Maison Blanche - pour imposer la tutelle de la nation est une intrusion flagrante dans les affaires intérieures d'un autre pays. Washington suggère la tenue « d'élections libres » mais parie sur un coup d'État, qui a déjà un plan économique et politique élaboré par Washington et diffusé par Wilbur Ross lors de la réunion du Groupe de Lima.

Le Mexique et l'Uruguay, qui ont défendu la non-ingérence dans les affaires vénézuéliennes, n'ont pas assisté à la réunion.

Les États-Unis dévoilent leur plan pour tuer le socialisme

La réunion au Pérou visait à trouver une solution à la crise vénézuélienne, mais elle s'est terminée sans résultat concret. Wilbur Ross, Secrétaire américain au Commerce, y a présenté en privé aux représentants de 57 pays, une série de « suggestions » que son pays pose pour un éventuel « lendemain » de la sortie du pouvoir de Maduro.

La clé pour le Venezuela, selon Ross, sera de faire en sorte que « l'investissement privé soit basé sur la confiance dans la croissance économique, basée sur des réformes économiques, la primauté du droit, la transparence, la coopération mondiale et l'intégration régionale«, en reconnaissant qu'au-delà de cela, et au cœur de tout projet pour le pays, devrait se trouver le pétrole et le gaz naturel, « qui ont contribué à faire du Venezuela un grand pays. Ils ont juste besoin d'être réhabilités après des années de mauvaise gestion«, a-t-il déclaré.

Ross a classé les efforts pour atteindre la « prospérité » vénézuélienne en quatre grandes catégories : le secteur de l'énergie, la stabilisation macroéconomique et financière, la normalisation agricole et la réhabilitation du secteur privé, avec des objectifs à court, moyen et long terme qui nécessiteront l'aide initiale des ressources et experts américains pour « démarrer la machine«, « aussitôt que Maduro et ses collègues partiront«.

« Le court terme comprend l'aide humanitaire immédiate, un ou deux mois après Maduro. Le moyen terme s'efforcera d'inverser l'impact du socialisme dans un délai de trois à douze mois, et les efforts à long terme seront de rétablir une croissance économique durable«, a-t-il déclaré.

Au cas par cas, les suggestions pour l'énergie comprennent l'introduction de réformes favorables au marché et la promotion de la participation des entreprises privées par une nouvelle loi sur les hydrocarbures, selon l'agence de presse espagnole EFE.

Ensuite, la réglementation des sociétés énergétiques devrait être améliorée, ce qui faciliterait l'investissement privé et les appels d'offres, ainsi que la réparation du système de production d'énergie, a affirmé Ross.

En ce qui concerne la stabilisation macroéconomique, la première chose que l'UE prévoit de faire sera d'éliminer les sanctions et de promouvoir le crédit, en envoyant des conseillers techniques et en recherchant la confiance des institutions financières internationales dans les nouvelles politiques économiques. Par la suite, la Banque Centrale, le système fiscal, les institutions fiscales et le secteur bancaire seront renouvelés dans le contexte d'un accord à long terme avec le FMI et de nécessité de stabilité économique et d'élections libres.

L'agriculture vénézuélienne subira un traitement de choc et recevra des importations de semences, d'engrais, d'équipements et de conseils techniques, a-t-il ajouté. Ensuite, une plus grande coopération agricole entre les États-Unis et le Venezuela sera encouragée, tout en « stimulant les chaînes d'approvisionnement locales » afin que les producteurs puissent répondre aux besoins du pays.

Dans le secteur privé, les États-Unis élimineront les restrictions commerciales « pour les entreprises américaines », contribueront à mobiliser les contacts commerciaux avec le Venezuela et appuieront les réformes du marché et des entreprises.

L'amélioration du climat des affaires, l'attraction des investissements étrangers, l'élimination des contrôles de l'État, la mise en œuvre de stratégies de privatisation et la lutte contre la corruption seraient les étapes à suivre, accompagnées d'aménagements d'infrastructures essentielles, comme les puits de pétrole du lac Maracaibo ou le complexe de raffinerie de Paraguaná.

Quoi qu'il en soit, Ross a souligné que tous ces plans ne sont que des « suggestions » que le gouvernement hypothétique de Juan Guaidó devrait prendre « s'il décide que c'est la meilleure chose pour son pays«. On ne parle même plus de soutien aux élections, mais de l'imposition de la marionnette pour que les États-Unis puissent prendre le contrôle du pays.

Terrorisme économique

Pour le Venezuela, la nouvelle escalade des mesures de terrorisme économique par le régime Trump consiste en l'interdiction pour l'État vénézuélien et pour toute entreprise qui lui est liée, que ce soit au Venezuela ou à l'étranger, de conclure des accords qui affecteront directement l'importation de denrées alimentaires (mesures contre le système de garantie alimentaire) et l'achat international de médicaments pour le système public de santé.

De même, la fourniture de services publics essentiels, tels que l'électricité et l'eau, qui dépendent (pour la plupart) des technologies américaines et qui sont fournis par des entreprises liées à ce pays, pourrait être plus compliquée étant donné l'impossibilité pour ces fournisseurs de conclure des accords directs ou indirects avec l'État du Venezuela.

Bolton a expliqué que ce vaste décret autorise le gouvernement américain à identifier et à imposer des sanctions à quiconque continue de soutenir le régime illégitime de Nicolas Maduro.

Lors de la Conférence Internationale pour la Démocratie au Venezuela (pompeusement appelée ainsi), Bolton a ajouté :

« Nous disons à la Russie et à la Chine que leur soutien au régime de Maduro est intolérable, en particulier pour le régime démocratique qui va remplacer Maduro. Nous le répétons à la Russie, et en particulier à ceux qui contrôlent ses finances : ne surenchérissez pas sur un mauvais pari«.

En revanche, la Russie, la Chine, l'Union Européenne et Cuba ont rejeté de nouvelles actions américaines contre le Venezuela, y compris le gel de tous les avoirs du gouvernement bolivarien. De même, il sera interdit aux Américains de s'engager dans des transactions avec quiconque est déterminé à soutenir le Président Nicolas Maduro ou son gouvernement.

Ceux qui soutiennent le Président vénézuélien ne peuvent pas non plus entrer sur le territoire américain, selon le décret signé par le Président Donald Trump. Pour les analystes, avec cette nouvelle offensive, Washington et ses alliés parient sur l'échec du dialogue politique, car ils craignent ses résultats et ses avantages.

Pour le gouvernement de Caracas, le blocus économique, financier et commercial déjà en cours a causé de graves blessures dans la société vénézuélienne ces dernières années, il a déclaré que le seul objectif est de mettre la corde au cou au peuple pour forcer un changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays.

La Maison-Blanche et ses alliés cherchent de nouvelles possibilités et de nouvelles ressources pour usurper et piller ce qui appartient aux plus de 30 millions de Vénézuéliens, a ajouté le gouvernement.

Le Venezuela fait déjà face à un embargo pétrolier américain depuis avril et à une série de sanctions entre ses principaux dirigeants. Le Ministère des Affaires Étrangères a déclaré que le pays sera confronté au nouveau décret exécutif avec une architecture économique alternative, qui comprendra le renforcement des lignes maritimes et des fournisseurs d'intrants de base. Face à l'interruption du dialogue à la Barbade, il a déclaré que le dialogue entre le gouvernement et l'opposition produira les premiers accords, lorsque les États-Unis cesseront de bombarder le processus.

A New York, le représentant du Venezuela auprès des Nations Unies, Samuel Moncada, a exigé une réponse de cette organisation internationale aux agressions de Washington contre Caracas et, surtout, contre la population vénézuélienne.

Un embargo total sur l'économie vénézuélienne

Selon le El Nuevo Herald de Miami, Trump a « considérablement étendu les sanctions » contre le Venezuela en « portant le blocus économique imposé au Venezuela à des extrêmes similaires à ceux appliqués à la Corée du Nord, à l'Iran et à Cuba«, qui « permettrait l'application de sanctions contre toute personne ou entreprise qui soutient les opérations ou apporte un quelconque soutien au régime de Caracas et qui aggrave l'asphyxie du Venezuela«.

La complexité de la mesure et les dérivations qu'elle aurait, signifie que toute compagnie pétrolière, entité financière ou toute activité économique de commerce de biens et de services ayant un lien quelconque avec les États-Unis fera l'objet d'actions punitives, appliquant la méthodologie des « sanctions » que Washington exécute unilatéralement contre les pays dans le dos du droit international.

Selon la jurisprudence internationale, la seule entité habilitée à prononcer des sanctions est le Conseil de Sécurité de l'ONU, et pour cette raison expresse, les mesures prises par le gouvernement américain contre le Venezuela sont illégales.

La mesure remet en question tout acte d'aliénation, de transfert et de confiscation par ordonnance des tribunaux américains de Cirgo, comme l'a récemment proposé une cour d'appel américaine en faveur de la transnationale canadienne Crystallex, qui réclame par l'intermédiaire des propriétés de Citgo le paiement de 1,8 milliard de dollars.

Mais la mesure d'embargo suppose le contrôle total de ces actifs par le gouvernement américain dans l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire clair, ce qui signifie la perte certaine de ces actifs pour la République du Venezuela.

Elliott Abrams, conseiller spécial de Trump, a également voulu conditionner le dialogue :

« Il est clair qu'il doit y avoir de nouvelles élections libres et équitables. Et il n'est pas possible qu'il y ait des élections libres et équitables avec Maduro à la présidence«, a-t-il déclaré.

Et le Secrétaire d'État Mike Pompeo a souligné dans le cadre des pourparlers à la Barbade :

« Il serait inconcevable d'avoir des élections qui représentent réellement le peuple vénézuélien si Maduro continue à être présent dans le pays«.

Les calculs ne portent pas sur les intentions de vote des Vénézuéliens, mais ils calibrent également les scénarios électoraux de la politique intérieure américaine, projetant la réélection de Trump dans une course à long terme. Ces mesures, contre le Venezuela et l'intensification de l'embargo contre Cuba, semblent viser les secteurs de la diaspora cubaine et vénézuélienne, situés dans l'État déterminant de la Floride.

Source :  EU no quiere diálogo: acude al terror económico y muestra plan para imponer su tutelaje sobre Venezuela

traduit par  Réseau International

 reseauinternational.net

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