Plusieurs hommes politiques américains, des hommes d'affaires et le prince Andrew, fils d'Elisabeth II, sont accusés par une «esclave sexuelle» du milliardaire Jeffrey Epstein d'avoir eu des relations sexuelles avec elle alors qu'elle était mineure.
Les premiers documents liés à l'affaire Epstein, inculpé le 8 juillet pour «exploitation sexuelle de mineures», ont été rendus publics le 9 août. Ils concernent une plainte en diffamation déposée en 2015 par Virginia Roberts Giuffre - qui se décrit elle-même comme une ancienne «esclave sexuelle» du milliardaire - contre la complice présumée de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell.
Dans ces documents, Virginia Roberts Giuffre accuse Ghislaine Maxwell d'avoir aidé Jeffrey Epstein à la contraindre à participer, avec d'autres filles mineures, à des orgies sexuelles dans les nombreuses résidences du milliardaire. La jeune femme, mineure au moment des faits, donne également les noms de plusieurs personnalités publiques qui auraient pris part à ces activités.
«Ils m'ont demandé d'aller voir George Mitchell [un homme politique américain], Jean-Luc Brunel [qui tient une agence de mannequins], Bill Richardson [un homme politique américain], un autre prince dont je ne connais pas le nom», a notamment déclaré la jeune femme dans sa déposition. «Un type qui possède un hôtel, une très grande chaîne d'hôtels, je ne me souviens plus de quel hôtel il s'agissait», a-t-elle ajouté. Et de poursuivre : «Il y avait un autre président étranger, vous savez, je ne me souviens plus de son nom. Il y en a tout un tas, il m'est difficile de me souvenir de tous.»
Plus loin dans sa déposition, Virginia Roberts Giuffre a été interrogée sur les détails de sa prétendue relation sexuelle avec Glenn Dubin, un homme d'affaires américain : «Quels termes a employé Ghislaine Maxwell pour vous demander d'avoir une relation sexuelle avec Glenn Dubin ?» «C'était la même chose tout le temps. Ils voulaient que j'aille "faire un massage" à ces hommes», a-t-elle répondu.
Le mot «massage» est devenu un code pour «sexe», a-t-elle poursuivi dans sa déposition. «Toute ma vie a consisté simplement à plaire à ces hommes et à rendre heureux Ghislaine et Jeffrey», a-t-elle encore déclaré.
Hormis Jeffrey Epstein, aucun des accusés n'est à l'heure actuelle poursuivi en justice pour les faits dénoncés par Virginia Roberts Giuffre. Plusieurs d'entre eux, ont par ailleurs catégoriquement réfuté ces accusations.
Prince Andrew
Dans cette masse de documents rendus publics, se trouvent également des photographies, des reçus, les journaux de vol du «Lolita express» ou encore un mémoire écrit par une femme qui dit avoir été victime d'exploitation sexuelle par Jeffrey Epstein et ses connaissances. On trouve ainsi une photographie du prince Andrew, le deuxième fils d'Elisabeth II, la main autour de la taille nue de Virginia Roberts Giuffre à l'intérieur de la maison de Ghislaine Maxwell à Londres. Un cliché qui, selon les avocats de la jeune femme, vient appuyer les allégations de cette dernière, qui affirme avoir été contrainte à avoir une relation sexuelle avec ce membre de la famille royale.
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«Cette photographie confirme les affirmations de [Virginia Roberts] Giuffre. Il n'y a aucune autre explication raisonnable selon laquelle un enfant américain devrait être en compagnie d'adultes et non de membres de sa famille, dans la maison londonienne de la petite amie d'un homme désormais reconnu coupable d'être un délinquant sexuel», ont ainsi fait valoir les avocats de la jeune femme, mineure au moment où a été pris le cliché.
Des accusations que le palais de Buckingham a pourtant nié à de nombreuses reprises. Dans une déclaration très inhabituelle publiée en 2015, Buckingham Palace avait ainsi assuré que «toute suggestion d'irrégularité envers des mineures [était] absolument fausse», niant explicitement que le prince Andrew ait eu des rapports sexuels avec Virginia Roberts Giuffre, comme le rappelle le Guardian.
Une position fragilisée par un autre témoignage, celui de Joanna Sjoberg, qui selon ces documents rendus publics a affirmé avoir été victime d'attouchements sexuels de la part du prince Andrew au même titre que Virginia Roberts Giuffre, dans la maison de Jeffrey Epstein à Manhattan.
Virginia Roberts Giuffre a par ailleurs accusé Ghislaine Maxwell de l'avoir recrutée pour devenir la masseuse de Jeffrey Epstein à 15 ans, alors qu'elle travaillait à la résidence de Donald Trump de Mar-a-Lago, en Floride. Toutefois, dans ces documents, aucune allégation n'est portée contre l'actuel président des Etats-Unis. «Il n'a jamais eu de relations sexuelles avec aucune d'entre nous []... Il n'a jamais flirté avec moi», a déclaré Virginia Roberts Giuffre, précisant n'avoir jamais vu Donald Trump sur l'île du milliardaire, ni dans l'une des résidences de ce dernier.
Ces documents, qui lèvent le voile sur les personnes accusées d'avoir participé au trafic sexuel de mineurs pour lequel a été inculpé Jeffrey Epstein, ne sont que les premiers d'une longue série à être rendus publics.
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