23/08/2019 reseauinternational.net  7 min #160662

Le gouvernement américain et des Ong organisent et financent les manifestations contre l'extradition à Hong Kong

Les racines du chaos à Hong Kong ont été plantées à Washington

par Salman Rafi Sheikh.

Une part importante de la politique étrangère américaine repose sur la notion de promotion de la « politique du chaos », car ce chaos,  comme je l'ai souligné précédemment, joue un rôle clé dans le maintien de l'hégémonie américaine sur la scène internationale. La « politique du chaos » n'est pas seulement une stratégie utilisée contre des États rivaux et des concurrents stratégiques ; c'est aussi une démonstration de l'obsession de l'État Profond américain à diriger le monde unilatéralement et à refuser aux autres puissances (émergentes) leur statut dû et leur capacité à contester la primauté américaine. Ce à quoi nous assistons à Hong Kong n'est donc pas un soulèvement indigène contre la Chine, mais plutôt une « politique du chaos » conçue pour déstabiliser la région afin de nuire à la Chine sur les plans politique et économique. Serait-ce une coïncidence si le moment des protestations coïncide parfaitement avec l'aube de la technologie 5G made in China, une invention qui a le potentiel de prendre le contrôle du monde des télécommunications et ainsi éroder davantage l'hégémonie américaine ?

Les protestataires de Hong Kong n'ont pas déçu leurs financeurs. De nombreux manifestants ont été vus portant des drapeaux américains, jouant l'hymne national américain et demandant au Congrès américain d'adopter la loi de Hong Kong sur les droits humains et la démocratie.

Ceux qui protestent affirment que cette loi contribuera à la mise en œuvre du suffrage universel à Hong Kong d'ici 2020 ; en réalité, elle finira par devenir un outil entre les mains des élites américaines, leur permettant d'imposer des sanctions aux personnalités politiques chinoises sous prétexte qu'elles commettent des violations présumées des droits humains. Ce projet de loi exigerait que la Maison-Blanche procède à un examen annuel pour déterminer si le statut commercial spécial de Hong Kong, qui lui permet d'être reconnu comme un territoire douanier distinct de la Chine continentale, peut encore se justifier.

La loi vise à contrecarrer « l'autonomie et la liberté » de Hong Kong qui sont en train de s'éroder à travers « l'ingérence chinoise ». Elle donnerait au Président américain le pouvoir « d'identifier les personnes responsables des enlèvements de libraires et de journalistes de Hong Kong et celles qui sont complices de la suppression des libertés fondamentales à Hong Kong, notamment celles qui sont complices de la restitution à la Chine continentale de personnes ayant exercé des droits internationalement reconnus, pour détention ou jugement, et de bloquer leurs avoirs basés aux États-Unis et leur refuser l'entrée aux États-Unis«, donnant ainsi carte blanche au Président américain pour imposer des sanctions à presque tout individu jugé dangereux et incontrôlable.

Cette législation, qui n'est rien de moins qu'une recette d'ingérence directe, est à part de la « main noire » déjà présente des responsables américains à Hong Kong, qui financent les manifestants et les aident à s'organiser à une grande échelle.

Jusqu'à présent, les autorités chinoises ont fait preuve de retenue. Mais le degré de montée et de propagation des protestations, financées par des organismes mandataires, signifie que les États-Unis poussent délibérément la Chine à agir. Si les Chinois répriment les protestations par la force et si certains manifestants en meurent, cela permettra aux États-Unis d'attirer leurs alliés occidentaux/européens dans un boycott économique de la Chine. Cela nuirait à la Chine en ce sens qu'un certain nombre de pays européens comme l'Allemagne et l'Italie, qui entretiennent des liens florissants en matière de commerce et d'investissement avec la Chine et qui sont loin d'être enthousiastes à l'idée de prendre le train anti-Chine des États-Unis, seront contraints de prendre une mesure quelconque contre la Chine. L'État Profond des États-Unis est donc désireux d'utiliser la crise de Hong Kong à son avantage et de punir Pékin pour la manière dont il continue de défier les sanctions américaines à l'encontre, par exemple, de l'Iran.

Le déclenchement de manifestations à Hong Kong sert directement les intérêts américains vis-à-vis de la Chine. Si des protestations à grande échelle éclatent à Hong Kong et qu'une situation de guerre civile devient possible, il en résultera un exode massif de capitaux du troisième plus grand marché financier du monde. En l'absence de ce marché financier à Hong Kong, la Chine devrait conclure ses futurs accords financiers avec des pays sur lesquels elle n'exerce aucun contrôle politique.

Les évènements de Hong Kong sont peut-être la prochaine étape après  la guerre commerciale que les États-Unis ont imposée à la Chine et qu'ils ont perdue en raison de la résilience de la Chine et de sa capacité à repousser les pressions économiques extérieures. Même les alliés américains dans la région - en l'occurrence l'Inde et le Japon, deux partenaires essentiels de la « stratégie indo-pacifique » des États-Unis - ont refusé de se joindre aux efforts anti-Chine des États-Unis et cherchent en fait un rapprochement. Sur le front de Huawei, malgré les efforts américains visant à criminaliser l'entreprise, la société a annoncé une augmentation de 30% de son chiffre d'affaires et a signé 50 contrats 5G, dont 28 en Europe, jusqu'ici cette année.

La seule option viable qui reste aux États-Unis pour « contrôler » et « contraindre » la Chine à se soumettre est la déstabilisation massive à Hong Kong et donc la fermeture des portes des investissements extérieurs et des capitaux sur « l'économie continentale fermée » de la Chine.

Si les États-Unis peuvent donc manipuler l'autonomie de Hong Kong, cela peut nuire à l'économie chinoise. Déjà, les États-Unis sont très présents à Hong Kong. Plus de 85 000 citoyens américains y vivent et près de 1 400 entreprises américaines y exercent leurs activités. L'excédent commercial des États-Unis à Hong Kong en 2017 était de  32,6 milliards de dollars.

Par conséquent, l'objectif ultime étant l'instabilité massive pour paralyser la Chine, ce à quoi nous devrions nous attendre à l'avenir, ce sont des protestations plus violentes et plus massives que ce qui a été le cas jusqu'ici. En fait, cela dépendrait en grande partie de la façon dont les Chinois gèrent la situation. Les Russes  discutent déjà avec les Chinois d'une stratégie commune pour contrer les protestations à Hong Kong et à Moscou. Moscou a, bien sûr, beaucoup plus d'expérience que Pékin dans la gestion et la lutte contre les campagnes de protestation financées par des fonds étrangers et elle est également prête à tirer parti de cette expérience vis-à-vis de la « main noire » américaine à Hong Kong.

Source :  Roots of Chaos in Hong Kong were Planted in Washington

traduction  Réseau International

 reseauinternational.net

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