Lenin Moreno table sur une sortie de crise après un accord avec les représentants indigènes, l'une des principales forces du mouvement social qui secoue le pays depuis plusieurs jours. Le décret à la base de la grogne devrait être abrogé.
«Nous retrouvons la paix et le coup d'Etat correiste [du nom de l'ancien président Rafael Correa] et l'impunité cessent», a claironné Lenin Moreno sur Twitter le 14 octobre. Le président équatorien, dont le pays est secoué par une révolte populaire depuis 12 jours, a en effet conclu un accord avec les meneurs du mouvement indigène, l'une des forces les plus actives de la fronde contre le décret 883, dont la promulgation a fait bondir de 100% les prix du carburant.
L'exécutif équatorien, forcé d'abandonner la capitale devant la grogne, aurait ainsi consenti à préparer «un nouveau décret qui annule le décret 883» sur l'essence. Le président de la Confédération des nationalités indigènes de l'Equateur (CONAIE), Jaime Vargas, a annoncé dans la foulée que les mobilisations anti-gouvernementales seraient levées sur tout le territoire.
Si d'autres forces sont présentes dans les rues équatoriennes, cet accord devrait, d'après Arnaud Peral, représentant en Equateur de l'ONU cité par l'AFP, permettre que la «mobilisation se termine».
L'annonce de cet accord a engendré des scènes de liesse dans les rues de la capitale, Quito, où les heurts ont été fréquents ces derniers jours. L'AFP rapporte en outre que des milliers d'indigènes, venus des Andes et de l'Amazonie, qui campaient depuis une semaine à Quito, commençaient à regagner leurs communautés.
Lors de la réunion de dialogue avec le gouvernement, retransmise à la télévision, Jaime Vargas avait dénoncé la «violence démesurée [des autorités] contre le peuple» ainsi qu'une politique qu'il a assimilée à du «terrorisme d'Etat». Il avait alors réclamé le départ des ministres de l'Intérieur et de la Défense «comme geste de paix sociale». Cette mesure n'a toutefois pas été confirmée, pour l'heure, par les autorités équatoriennes.
Sept personnes ont perdu la vie dans les violents combats de rue ayant opposé manifestants et forces de l'ordre depuis le début de la mobilisation, selon le bureau du Défenseur du peuple, organisme public de défense des droits. D'après la même source, 1 340 blessés sont à déplorer et 1 152 personnes ont été arrêtées.
Outre le bilan humain qui risque d'engendrer une forte rancune contre le gouvernement au sein de la population, l'économie a souffert de cette mobilisation et des blocages stratégiques, visant notamment les puits de pétrole. La distribution de près de 70% de la production de brut nationale a été suspendue pendant la mobilisation. La Chambre de commerce de Quito estimait le 13 octobre, soit avant la concertation, que les blocages coûtaient 200 millions d'euros par jour à l'économie du pays.
Lenin Moreno avait supprimé les subventions sur le carburant dans le cadre d'un accord conclu en mars avec le Fonds monétaire international (FMI), prévoyant des réformes d'austérité pour réduire le déficit public en échange d'un prêt de 4,2 milliards de dollars.
La flambée du prix des carburants, couplée à l'intransigeance et aux maladresses oratoires du président, qui a échauffé les esprits en évoquant la «fainéantise» des manifestants, a engendré une crise majeure dans le pays.
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