La situation fort complexe au nord-est de la Syrie aurait du aboutir à une troisième guerre mondiale généralisée mais un équilibre de la terreur dont aucun média ne parle, empêche jusqu'ici cette éventualité.
Pour un général turc retraité, la guerre mondiale est inévitable et ce seront les États-Unis qui déclencheront l'apocalypse. Pour des analystes militaires russes, seule la dissuasion nucléaire massive de Moscou a pu faire éviter au monde une nouvelle guerre mondiale généralisée.
La résilience de Téhéran a également joué un rôle dans l'évitement d'un conflit régional ouvert susceptible de déboucher sur une guerre mondiale. L'ambiguïté maintenue autour des capacités militaires iraniennes et la nature de cet arsenal ont amené les stratèges israéliens à adopter une forme de retenue et de prudence stratégiques.
Cette thèse est battue en brèche par les partisans de l'existence d'un lien entre l'Etat profond US (et ses alliés) et une faction du pouvoir iranien opposée à la vision nationaliste du Guide suprême de la Révolution iranienne, Ali Khamenei.
Sur le terrain, la situation dans le nord-est de la Syrie est fort complexe: les forces US sont revenues patrouiller et occuper certains des camps qu'elles ont abandonnés il y a une semaine et des forces turques accompagnées par des unités de la police militaire russe patrouillent conjointement. Plus discrètement des unités de Spetsnaz russes opèrent dans la zone. Les forces syriennes continuent à affluer et à se déployer le long de la frontière turque tandis que les forces de la coalition cherchent toujours une cible à bombarder sous prétexte de lutte contre « Daech ». Ankara joue souvent en solo et prend un malin plaisir à menacer les pays européens de leur renvoyer leurs propres mercenaires islamistes radicalisés capturés dans le Nord de la Syrie par les forces turques. En d'autres termes la Turquie menace de dévoiler publiquement les programmes secrets de certains pays européens ayant organisé l'envoi de combattants en Syrie dans le cadre d'une stratégie de changement de régime. Ce genre de chantage, ajouté à celui utilisant les vannes migratoires, rapporte des milliards d'euros à Ankara et rehausse son prestige de puissance régionale montante. Il n'est point étonnant dès lors que la Turquie veut avoir sa propre dissuasion nucléaire.
De tous les belligérants du conflit au Levant, Washington semble patauger dans un non-sens en Syrie. La présence militaire US dans ce pays y est illégale et mis à part une volonté délibérée d'empêcher l'accès des Russes et des Syriens aux sites pétrolières et gaziers, il n'existe jusqu'à cet instant aucune stratégie américaine claire au Moyen-Orient en dépit de la poursuite des guerres hybrides et des révolutions non colorées basées sur la contestation socio-économique dans certains pays ciblés par rapport à leur importance géopolitique dans les conflits bloqués en cours.
En réalité, ce qui retient Washington en Syrie comme en Ukraine est la capacité de Moscou à utiliser des armes nucléaires tactiques au cas où la situation irait un peu trop loin. C'est un équilibre de la terreur qui ne dit pas son nom mais qui a évité au monde les horreurs d'une guerre mondiale que les populations de la plupart des pays existants ne sont pas du tout prêtes à supporter ou à endurer.
source: strategika51.org