14/11/2019 reseauinternational.net  5 min #164385

Quelle(s) importance(s) donnons-nous aux médicaments ?

Je mentionne les importances au pluriel pour énoncer les différentes dimensions que peut contenir et révéler l'existence des médicaments. Je distingue le fait de leur octroyer de l'importance avec le fait de l'importance qu'ils prennent dans notre existence.

*

A l'intérieur du corps, ils peuvent prendre une importance certaine par leurs caractéristiques ou par la stimulation de l'effet placebo.

En revanche, à l'extérieur du corps, ils ne peuvent rien prendre. Par conséquent, la place qu'ils détiennent est celle que les particuliers, les pharmacies, les médecins, les industries pharmaceutiques et la politique leur octroient.

La réflexion de ce jour m'est venue à la suite de l'article « Le prix de centaines de médicaments va baisser ». « Ainsi, les économies attendues se montent à 100 millions. » Voilà à quoi s'affaire (c'est le cas de le dire!) notre Office fédéral de la santé publique. Ainsi, on s'occupe de la santé des finances indépendamment de la santé globale. Il est aussi à noter qu'on vise les finances en relation avec les médicaments. Ce fait prouve bien que les soins aux maladies se réduisent beaucoup à des prescriptions de médicaments, de plus ceux qui sont reconnus par Swissmedic. Quand on considère l'être humain dans son ensemble, on ne peut qu'être atterré par cette réduction de prise en charge des dysfonctionnements des individus principalement par des produits issus de l'industrie pharmaceutique.

Toutefois, il est important de prendre conscience que nous ne pourrons pas continuer ainsi car la pénurie de médicaments s'annonce toujours plus flagrante « à tous les étages ». Il serait judicieux d'effectuer un virage prononcé. La seule nuance proposée par nos élus est de « prendre en compte le coût thérapeutique journalier et le coût pour l'ensemble du système de santé«. Soyons lucides. Le virage est nécessaire d'abord avec le langage : évoquer le système de santé est d'un flou magistral; nous savons bien que la santé dépend de l'hygiène de vie, de l'environnement, de l'ambiance sociale et autres facteurs. Ensuite, il s'agit de façon primordiale d'étudier le système de l'accompagnement du patient vers son équilibre, avec divers types de prestations. En ayant une vision globale de l'ensemble de ses fonctionnements, on peut économiser beaucoup de temps et d'argent, ceci dans la mesure où, actuellement, on additionne les prestations alors que dans une médecine globale, on vise la source des problèmes, ce qui évite de devoir traiter tout l'enchaînement des conséquences. On peut utiliser ici l'image d'un arbre généalogique où, si l'on s'occupe de l'ancêtre, on emmène les descendants dans un mouvement unique.

De la sorte, en remettant les médicaments à leur juste place, il y aurait d'office moins de frais. Seulement voilà, il s'agirait aussi de réformer nos industries qui sont construites sur des investissements énormes, en plus de quoi s'ajoutent les parts versées aux actionnaires et également ce que André Vitchek énonce dans son article : » Les entreprises se plaignent depuis longtemps que les généreuses indemnités de départ, le système complexe du salaire minimum et les restrictions à l'embauche et au licenciement des travailleurs rendent difficile l'expansion de leurs activités... »

On peut aussi mentionner le cas particulier des marges spectaculaires des pharmas sur le cancer en Suisse. « Le cancer, c'est le marché de l'avenir pour la pharma. Chaque année en Suisse, 40 000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer. Conséquence, les pharmas se battent pour lancer de nouveaux traitements. Les sommes en jeu sont considérables. » Le vieil adage dit bien : « On ne met pas tous les oeufs dans le même panier ». Autrement dit, il est temps de mettre à jour toutes les démarches thérapeutiques et tous les traitements possibles qui existent déjà pour stimuler l'immunité des malades, renforcer leurs organes, libérer des traumatismes affectifs profonds, détecter ce qui dans l'environnement affaiblit l'organisme, et ainsi de suite. Chaque patient étant unique, il faut des études particulières pour mettre en évidence les bienfaits des autres médecines et non pas mettre en avant le paquebot des statistiques qui ne prend nullement en compte l'ensemble des facteurs qui ont abouti à la faillite des organismes qui développent des tumeurs. Il est temps d'avoir une réelle attitude scientifique basée sur l'observation et la perception des différentes dimensions d'un malade cancéreux pour établir de nouveaux protocoles bien plus élaborés que les études randomisées en double aveugle qui réduisent les êtres humains à des paramètres ciblés pour faciliter l'étude mais qui ne tiennent pas compte de la complexité unique de chacun. De plus, ces études randomisées sont souvent remises en cause par des études ultérieures.

Changer un pareil système exige une grande volonté et un fort engagement. Allons-nous attendre la faillite de notre actuel « système de santé » avant d'effectuer un virage efficace, qui tienne compte de la complexité des êtres humains et des moyens riches et variés qui sont à notre disposition pour peu qu'on ait la curiosité, l'aspiration, la détermination et la volonté d'élargir nos panoramas?

 Marie-France de Meuron

 reseauinternational.net

 Commenter